Visa pour l'Europe du Nord

Les pays nordiques ont longtemps été hors du radar des entreprises françaises. Il est difficile de trouver des explications très convaincantes à ce constat mais, en se fondant sur les témoignages de nombreux acteurs publics et privés, Français et Nordiques, on peut résumer la situation en disant que, pour beaucoup d’entrepreneurs français, les marchés nordiques sont perçus comme petits, anglo-saxons, froids et compliqués ; les entreprises françaises leur préféreraient des marchés plus lointains et de plus grande taille, de type BRICS, ou des routes commerciales plus traditionnelles et/ou francophones. L’une des premières études que nous avons conduites à l’échelle de la région à mon arrivée à Stockholm en 2014, qui s’intéressait à la présence en zone nordique des grandes entreprises du CAC40, montrait d’ailleurs qu’un tiers seulement de ces entreprises pouvait être considérées comme “très présentes”, si l’on combinait des critères comme l’implantation physique, la production, l’emploi et la part de marché dans le secteur considéré. Il est clair que les relations entre la France et les pays nordiques sont encore en-deçà de leur potentiel, et ce à tous les niveaux, économique et commercial bien sûr, mais aussi en termes d’échanges d’ingénieurs, de savoir-faire technologique, ou encore d’investissement. Si l’on regarde de plus près la balance commerciale, on voit que les échanges entre la France et les pays nordiques sont, certes, loin d’être négligeables (la France exporte, à titre d’exemple, plus vers la zone nordique que vers toute l’Amérique du Sud), mais nous restons les uns pour les autres des partenaires de rang intermédiaire : nous sommes le 10 e fournisseur de ces pays, loin derrière des pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou les États-Unis. Et ce qui est vrai des échanges classiques de biens et de services se vérifie également dans le domaine de la high-tech par exemple : la Suède a beau être classée comme le pays le plus innovant de toute l’Union européenne au dernier Innovation Scoreboard de la Commission européenne et afficher la densité la plus élevée au monde de startups par habitant après la Silicon Valley en s’appuyant sur un réseau dense d’acteurs publics et privés, la présence française reste encore très limitée dans la tech scène suédoise. En sens inverse, les Nordiques ont, dans le domaine économique, une vision parfois nuancée de la France, certes perçue comme un pôle d’excellence (la qualité des ingénieurs et des infrastructures en France est spontanément mise en avant par tous les investisseurs nordiques), mais aussi comme un pays où les relations sociales sont conflictuelles

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