La Presse Pontissalienne 125 - Mars 2010

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 125 - Mars 2010

39

BANQUE

Nomination Bertrand Corbeau perché au sommet de la banque verte Le directeur général du Crédit Agricole de Franche-Comté a été nommé à la tête de la Fédération Nationale du Crédit Agricole. Un échelon de plus dans la carrière de ce brillant banquier de 50 ans. Avant de quitter définitivement Besançon, il fait le point sur ses nouvelles fonctions et livre son analyse de la situation franc-comtoise.

L a Presse Pontissalienne : Vous avez passé trois ans à la tête des 1 500 collaborateurs du Crédit Agricole de Franche-Comté. En quoi consisteront vos nouvelles fonctions nationales ? Bertrand Corbeau : La fédération natio-

financier. Ensuite, il s’agira de conduire la réflexion stratégique des caisses, c’est-à-dire mettre les 39 caisses régionales d’accord sur tous les points qui les concernent. Enfin, la fédération nationale est là pour apporter un certain nombre de services aux caisses régionales dans le domaine de la finance, des ressources humaines et du fiscal. Ma mission est donc de faire fonc- tionner tout cela et également de piloter une réflexion sur les pers- pectives du Crédit Agricole à moyen et long terme. L.P.P. : Cette nomination à la tête du Cré- dit Agricole national est sans doute pour

vous la reconnaissance du travail que vous avez accompli en Franche-Comté. Dans quel état laissez-vous la caisse régiona- le ? B.C. : Dans une situation très soli- de. Le résultat net de l’année 2009 dépassera les 45 millions d’euros, malgré les effets de la crise qui nous a fait passer plus de 60 millions d’euros de provisions pour risque. En 2008, le résultat net était d’environ 60 millions d’euros. La baisse est donc très limitée en 2009 malgré les difficultés de la crise. L.P.P. : Le siège d’autres grandes banques a quitté Besançon. La présence régiona- le du Crédit Agricole est-elle menacée ?

nale du Crédit agri- cole regroupe tous les fonds propres des caisses régio- nales, qui sont ensuite investis dans Crédit Agrico- le S.A. et dans notre développement international. C’est d’abord un rôle

“J’estime qu’on a joué le jeu.”

Bertrand Corbeau a été remplacé le 1 er mars par une femme,

vants n’ont pas vraiment souffert, d’autres entrent seulement aujour- d’hui dans le dur. On est clairement sur un ciel qui se dégage mais il y a encore des zones de turbulences. L.P.P. : Faut-il souhaiter le retour à la situa- tion d’avant la crise ou alors doit-on chan- ger le système ? B.C. : On doit entrer dans une nou- velle époque. Ce n’est pas qu’une crise conjoncturelle, cette crise est aussi structurelle, elle est liée au développement des échanges sur le plan mondial. Ce changement est un état de fait auquel il faut s’adapter. En Franche-Comté, j’ai trouvé un tissu entrepreneurial de grande qualité. Il y a aujourd’hui pour nous un impératif d’accompagnement de ce mouve- ment de régénérescence des entre- prises. À l’avenir, je pense qu’il est les collectivités locales, les organi- sations professionnelles, l’État et les banques. Je pense que dans cet- te région, on a su se serrer les coudes pour éviter une catastrophe. Propos recueillis par J.-F.H. nécessaire d’instaurer une union sacrée entre

B.C. : Le Crédit Agricole reste la seu- le banque totalement franc-com- toise avec un siège à Besançon. Il n’y a aucun risque de voir cette situation changer. L.P.P. : La santé de nombreuses entreprises locales a été ébranlée par la crise et cer- taines d’entre elles reprochent aux banques leur frilosité. Que leur répondez-vous ? B.C. : Le Crédit Agricole s’est tou- jours attaché à accompagner les entreprises, même aux pires moments de la crise. J’estime qu’on a joué le jeu. En Franche-Comté l’an dernier, 80 % des financements demandés par les entreprises ont été accordés.Tout confondu, 100 000 prêts ont été accordés l’an dernier par les banques en Franche-Com- té. Par ailleurs, le médiateur du cré- dit a été sollicité par 500 entre- prises en Franche-Comté et deux fois sur trois, pour ces 500 cas les plus difficiles, on a trouvé une solu- tion. L.P.P. : Les banques font-elles néanmoins leur mea culpa après cette grave crise financière ? B.C. : Les banques ont autant de res- ponsabilités que les principaux gou- vernements et les autorités de tutel- le, États ou organismes de régulation. Ceci dit, que ce soit au niveau des États que des banques, cette crise va et doit entraîner des changements structurels. On a aujourd’hui besoin de sécuriser le système mais en même temps on a besoin de ne pas étouffer le début de reprise. On va continuer à finan- cer l’économie sans restriction,mais en ne faisant pas n’importe quoi. On peut financer l’économie loca- le, on en a les moyens et les possi- bilités. Mais il faut aussi que les chefs d’entreprise veillent au niveau de leur performance économique, à la qualité de la gestion et contri- buent à une bonne relation avec leurs banques. C’est comme dans un couple : quand ça va mal, on a tendance à vouloir désigner un seul responsable. L.P.P. : Confirmez-vous le début de repri- se en Franche-Comté ? B.C. : Il y a un début de reprise, mais il est fragile. Certains secteurs inno-

ancienne directrice en région Centre.

Une première pour le Crédit Agricole de Franche- Comté.

Cadeaux pour enfants et adultes ! Objets déco pour toute la maison ! La Marelle éditions

Bertrand Corbeau en dates Originaire de Mayenne, Bertrand Corbeau a gravi en vingt-cinq ans tous les échelons de la banque verte. - 1982 : un D.U.T. de gestion en poche, il démarre comme guichetier dans sa région natale des Pays de Loire. - 2002 : après avoir occupé les postes les plus divers au sein du Crédit Agricole, il est nommé directeur commercial du Crédit Agricole de lʼAnjou et du Mai- ne. Avant dʼêtre nommé une première fois à Besan- çon en tant que directeur général adjoint de la cais- se régionale de Franche-Comté, dirigée alors par Pierre Derajinski. Il passera trois ans à Besançon avant de regagner la région de Chartres où il devient lʼadjoint du directeur de la caisse Val de France. Der- nier échelon en date : Bertrand Corbeau remplace Pierre Derajinski à la direction générale de la cais- se Franche-Comté en février 2007. - Janvier 2010 : il est nommé à 50 ans, directeur général de la Fédération Nationale du Crédit Agri- cole dont le siège est à Paris (VIII ème arrondissement).

72, rue de la République PONTARLIER Tél. 09 51 35 49 94

Made with FlippingBook Learn more on our blog