La Presse Bisontine 202 - Octobre 2018

SPECIAL HABITAT

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La Presse Bisontine n° 202 - Octobre 2018

BON POUR L’ENVIRONNEMENT, ET POUR LE PORTE-MONNAIE ? Produits biosourcés :

CHIF FRES

30 000

Parmi les exemples de produits biosourcés, le bloc béton en chanvre développé et conçu par la société Vieille Matériaux à Étalans. C’est en euros la somme qu’une collectivité (mairie, hôpital…) peut espérer si elle utilise un produit biosourcé pour isoler ses murs. Attention, les particuliers ne sont pas encore concernés.

Il n’existait pas d’incitation “financière” pour la rénovation avec un produit biosourcé. C’est désormais chose faite… De quoi ravir les professionnels du bâtiment du Doubs, dont certains sont spécialisés dans ce genre de produits.

L e biosourcé, Quèsaco ? “Les matériaux biosourcés (M.B.S.) sont définis comme des matériaux issus de la biomasse ani- male ou végétale” explique la direction régionale de l’environnement, de l’aménage- ment et du logement (D.R.E.A.L.). Bois, paille, liège, textile recyclé, ouate de cel- lulose, chanvre, miscanthus, canne de tourne- sol, plume de canard, laine de mouton… Tous ces matériaux disposent de caractéristiques techniques reconnues par les scientifiques et

sont parfaitement adaptés au bâti ancien (d’avant 1948) comme dans la construction de nos bâti- ments contemporains et à venir. Cependant, de nombreuses idées reçues persistent, notam- ment sur le comportement de ces matériaux vis-à-vis du risque incendie, de leur “possible détérioration avec le temps” ou tout simplement de leur emploi très limité dans le bâtiment (usa- ge, assurance, réglementation). Le mythe des trois petits cochons reste présent dans la mémoi- re collective. La réalité est bien différente…

De manière à apporter la preuve que les M.B.S. sont des matériaux pertinents vis-à-vis des défis du XXI ème siècle (rénovation du bâti ancien, régle- mentation plus contraignante sur le plan envi- ronnemental, stockage de CO2, épuisement des ressources…), depuis 2013, le program- me régional Effilogis impose l’utilisation de maté- riaux biosourcés dans les bâtiments neufs. La construction doit respecter le niveau le plus exi- geant du label “bâtiment biosourcé”. Pour la rénovation, il n’existait pas encore d’incitation :

le règlement 2018 a été enrichi pour promou- voir des bâtiments rénovés économes en éner- gie et plus respectueux de l’environnement. Dans les bâtiments publics, Effilogis exige le recours à des matériaux biosourcés dans les fenêtres et l’isolation de la toiture. Une prime d’un montant maximal de 30 000 euros est attri- buée pour une isolation biosourcée des murs. Concernant la rénovation des logements sociaux, un bonus d’un montant maximum de 75 000 euros par opération peut être accordé pour la mise en œuvre de matériaux biosour- cés. Ces aides financières visent à encourager durablement le changement des pratiques sur la rénovation énergétique par l’utilisation de matériaux locaux plus respectueux de notre environnement. Cela ouvre de nouvelles pers- pectives pour des entreprises locales qui se sont spécialisées dans le domaine. C’est le cas de la société Vieille Matériaux basée à Étalans qui commercialise des blocs bétons en chanvre. Résistance thermique, confort acoustique éle- vé, stockage de CO2, résistance au feu, pose des blocs sans colle ni mortier pour les maçons, fabrication et matières premières 100 % fran- çaises renouvelables sans pesticides… Le bloc de béton en chanvre emboîtable à sec n’a que des atouts ! Encore faut-il les faire connaître. C’est tout le travail de la société. En partena- riat avec le cimentier français Vicat, la firme fami- liale basée à Étalans est la première à avoir mis au point des blocs de béton de chanvre qu’el- le façonne dans son usine de Mérey-sous-Mon- trond depuis 2016. Le chanvre provient d’Arc- les-Gray, en Haute-Saône. Une quinzaine de maisons ont déjà été construites avec ces maté- riaux. “Comme ce produit n’existait pas, il faut rassurer le client ! L’obtention des certifications A.T.E.X. et F.D.E.S. reçues fin juin donnent de la légitimité à ce produit. Les professionnels soumis à une garantie décennale sur une habi- tation vont pouvoir l’utiliser. Cela nous ouvre des marchés auprès des architectes sensibles à l’environnement, à de grands groupes qui cherchent des produits biosourcés et surtout à des pays qui n’ont pas de matière première” indique Sébastien Vieille, le responsable, qui a investi dans l’unité de production. Le prix des matériaux biosourcés (paille, laine) est de 15 à 20 % plus coûteux. Avec l’aide désormais pour la rénovation, ils seront malgré tout toujours plus chers que les traditionnelles plaques de placo et autres. Mais aux apports bénéfiques qu’ils peuvent apporter sur la san- té, cela a-t-il un prix ? n Le bloc de chanvre - qui peut-être utilisé dans le cadre de rénovation d’un mur porteur - “offre une résistance thermique de 4,6 m2.K.W-1 ainsi qu’une régulation hygrométrique forte. Et ceci avec sans avoir recours à une isolation intérieure complémentaire ce qui intéresse les professionnels. Ce principe fonctionne pour une habitation située dans les pays froids mais aussi pour celle installée dans les pays chauds.” L’AVIS DU PRO

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