La Presse Bisontine 62 - Janvier 2006

LE PORTRAIT

35

S ECOURS P OPULAIRE

3 464 bénéficiaires depuis janvier

U n petit sapin de Noël égaye le hall d’accueil du Secours Populai- re, placé à côté d’une petite chaise remplie par un vieil et gros ours en peluche. Derrière, une grande affiche de deux pères Noël, un vert et un rouge, vante la dernière opération de l’association cari- tative. Depuis début décembre et jus- qu’à la fin du mois, les “pères Noël verts” se promènent de la gare au centre-ville pour col- lecter des dons, des jouets. Le Une couverture, un manteau, un repas… Ils sont de plus en plus nombreux chaque jour à avoir besoin de l’aide du Secours Populaire pour vivre. À 29 ans, Natha- lie Bodard est la secrétaire départe- mentale de l’association. Après trois ans de bénévolat, c’est elle qui s’occupe de la coordination des collectes de dons et des redistributions. Le père Noël vert n’est pas une ordure 14 décembre, ils paradent dans les rues de Besançon. “Cela permet de sensibiliser le public au fait que chaque enfant n’a pas de cadeau pour Noël. Et cela correspond à un moment fort de la société. Comme lors des départs en vacances, c’est pendant ces instants que les gens ressentent le plus l’exclusion” , ajoute Nathalie Bodard. Et sont le plus géné- reux. À 29 ans, la jeune femme à l’allure douce est la secrétaire départementale de l’association,

Son engagement dans l’association du Secours Populaire l’a changé, affirme Nathalie Bodard. “On ne peut pas être bla-

sé. Il y a cette joie, cette émotion dans les yeux de tous”, dit-elle.

populations, qu’elle ne soup- çonnait pas pour le moment. Des actifs, en contrat précai- re. Mais aussi des retraités, qui ont travaillé toutes leurs vies, “et se sentent abandon- nés, isolés. Ils ont beaucoup de mal à venir nous voir. Contrai- rement aux autres, ils n’ont pas l’espoir de voir leur situation s’améliorer grâce à un travail.” Pour toute l’année 2004, seules 2 700 personnes avaient solli- cité une aide auprès du Secours Populaire. En un an, les besoins ont donc explosé. “Les urgences sont de plus en plus nombreuses, confirme la secrétaire dépar- tementale. On vient nous voir pour une couverture, un dépan- nage alimentaire, parfois des couches pour un bébé.” Les racines de cette paupérisation, l’association. Parfois payer une nuit d’hôtel à une personne pour éviter qu’elle ne dorme dehors quand il fait trop froid. “On est là pour agir sur le pro- blème, pas pour savoir pour- quoi il existe. Et le problème, c’est qu’ils sont de plus en plus à avoir besoin de nous, alors que nous sommes vraiment au bout de la chaîne de l’urgence.” Mais l’augmentation du nombre des demandeurs a rendu l’action de l’association aussi un peu plus difficile, en terme d’accueil. “Car c’est difficile maintenant d’avoir une vraie relation de confiance avec la personne.” La vraie vocation du Secours Populaire, ce n’est pas de se contenter à traiter l’urgence,mais d’aider les béné- ficiaires à retrouver leur pla- ce dans la société, à se recons- truire un peu. “Dans le fond, l’association a pour vocation ultime de disparaître. Quand on n’aura plus besoin de nous.” Mais reprend la jeune femme, “je crois malheureusement qu’on va encore avoir besoin de nous pour un petit moment.” n S.D. Nathalie Bodard ne les connaît pas. Ne les analyse pas. Elle, elle est dans l’action. Il faut apporter l’aide d’urgence aux plus démunis, trouver l’argent, les dons matériels pour faire fonctionner

en charge de la solidarité Fran- ce. Un engagement comme une évidence. En 1999, quand l’étudiante débarque à Besan- çon pour y suivre son compa- gnon, elle devient bénévole au Secours Populaire. “Un coup de cœur pour l’association. Com- me j’avais un peu plus de temps à mon arrivée, je suis aussitôt venue ici. Je suis arrivée un peu avant Noël, les enfants avaient fait des boules colorées pour le sapin, c’était magique” , sourit-elle. Nathalie Bodard n’avait rien de lamilitante jusqu’alors, “jus- te un passage dans une asso- ciation étudiante, mais sans plus.” Depuis, elle est salariée du Secours Populaire. “Au départ, il y a une appréhen-

Grande soirée sur le thème du Champagne Menu Prestige + une coupe de champagne 55 euros

sion, puis on cède vite au tourbillon de la solidarité. Et on reçoit tellement en recevant les autres” , affirme- t-elle encore. La jeu- ne fille assure avoir “été changée” par son expérience. Car der- rière la misère socia- le, la détresse des plus démunis, il y a les

“Nous sommes vraiment au bout de la chaîne de l’urgence.”

belles rencontres, de celles qui marquent. Il y a les journées des “oubliés des vacances”, au début de l’été avec des enfants défavorisés, un moment “tou- jours très émouvant. Cela fait cinq ans que je le fais et pour- tant, on ne peut pas être blasé. Il y a cette joie, cette émotion dans les yeux de tous.” Nathalie Bodard reste pudique, évoque juste aussi en peu de mots cette femme d’origine afri- caine arrivée en début d’année à la permanence. “Elle était très mal alors. Maintenant on la voit sourire, elle est même venue nous prêter la main com- me bénévole. C’est le plus beau des remerciements.” Dans le Doubs, ils sont près de 1 000 bénévoles à venir en aide, de temps en temps au Secours Populaire. Dont des jeunes, comme Nathalie. Et ils ne sont pas de trop. Rien qu’à Besan- çon, 3 464 personnes ont été accueillies au cours des huit premiers mois de l’année 2005. Des personnes seules, isolées, des familles monoparentales. Depuis trois ans, l’association a aussi vu arriver de nouvelles

ATTENTION PLACES LIMITÉES !

Ambiance Savana GARANTIE

Entrée 10 euros après 24h

RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATION : 03 81 50 15 62 06 60 02 90 87

31, Quai Veil Picard - 25000 BESANÇON

Made with FlippingBook - Online magazine maker