Journal C'est à Dire 165 - Avril 2011

23

D O S S I E R

La renaissance de la vipère bisontine Le retour espéré de marques prestigieuses à Besan- çon doit redonner vie au laboratoire de l’observatoire qui certifie les montres chronomètres. Avec son célèbre poinçon à tête de vipère. Observatoire

C’ est l’histoire d’un jeu- ne trader new-yor- kais de 35 ans. Pas- sionné de montres, il a commandé à un horloger genevois d’origine finlandaise, Kari Voutilainen, une montre haut de gamme. Environ 80 000 dollars la pièce. Exigence supplémentaire du banquier : que cette montre unique soit marquée du poinçon de la vipè- re bisontine, qu’elle soit donc certifiée par la laboratoire de chronométrie de l’observatoire de Besançon. “Le must à Man- monde du luxe, on ne veut rien faire comme les autres. Si un New-Yorkais est capable de se déplacer à Besançon pour une montre, il y a certainement un potentiel” commente un des acteurs locaux de l’horlogerie. Alors le célèbre poinçon à tête de vipère, créé en 1897 quelques années après la création offi- cielle de l’observatoire (1878), peut-il devenir le symbole de la renaissance de l’horlogerie bison- tine ? Depuis 2007, un hom- me pousse pour que les autori- tés bisontines considèrent ce fameux poinçon qui était qua- siment tombé aux oubliettes, comme un des faire-valoir de la ville en matière d’horlogerie, hattan, c’est d’avoir un objet unique. Ce New-Yorkais est donc venu spécifiquement à Besançon chercher sa montre. Dans le

c’est François Meyer, le direc- teur du service chronométrique de l’Université de Besançon. Depuis 2007, plusieurs fabri- cants de montres mécaniques de prestige ont demandé à l’observatoire de Besançon de renouer avec ses anciennes acti- vités de certification. Le poin- çon à tête de vipère avait ces- sé d’être frappé il y a une tren- taine d’années à la mort de l’horlogerie locale. Il reste cepen- dant un label très recherché par les amateurs d’horlogerie. Le poinçon est apposé sur une piè- horlogère les références de temps, l’observatoire de Besan- çon est resté le seul organis- me national habilité à délivrer le titre de “chronomètre méca- nique” aux montres. “L’an der- nier, nous avons certifié une tren- taine de montres. C’est très peu, mais on sent que ça redémar- re. Ce label peut être porteur, il y a un héritage, une tradition d’excellence à Besançon. Il y a une vraie tendance des marques à revenir aux fondamentaux. 90 % des marques se fichent éper- dument d’une telle certification. C’est avec les 10 % restantes que l’on a à travailler” estime Fran- çois Meyer qui avait été un des tout premiers à alerter la mai- ce du mouvement après une batterie de tests qui durent 16 jours. Avec sa mission de fournir à l’industrie

“Créer un effet d’aspiration pour d’autres marques.”

François Meyer, directeur du service chronométrique à l’observatoire, dans la minuscule pièce qui certifie les chronomètres.

rie en 2007 de ce potentiel à redé- couvrir. L’an dernier, c’est d’ailleurs une entreprise bison- tine, la marque Dodane, qui a sollicité le plus le laboratoire bisontin, pour ses montres des- tinées à l’aviation et à l’armée de l’air. Dodane a été réactivé en 2001 par Laurent et Cédric Doda- ne, descendants de la maison Dodane créée en 1857. Depuis cette année, la marque a mis en fabrication dans ses ateliers de Châtillon-le-Duc (entreprise Ano-

de), un chronographe en par- tenariat avec l’armée de l’air française. François Meyer estime qu’il est nécessaire “d’y aller doucement, mais par le haut. L’idée est de créer un effet d’aspiration pour d’autres marques prestigieuses.” Il sera alors grand temps de doter le laboratoire de certification bisontin de locaux dignes du pres- tige que l’horlogerie haut de gam- me est censée lui redonner. J.-F.H.

Les tests de certification durent 16 jours. Ils sont facturés aux fabricants à peine 400 euros.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online