La Presse Bisontine 189 - Juillet-Août 2017

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 189 - Juillet - août 2017

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TOURISME Le nouveau directeur de l’office

“On est de plus en plus dans l’individualisation de l’offre touristique”

L La Presse Bisontine : Après avoir eu des responsabilités dans diffé- rentes structures liées au touris- me un peu partout en France, pour- quoi avoir postulé à Besançon ? Pour le climat ?… Joël Nogier : Avant de venir ici, j’ai passé cinq ans dans la Meuse en tant que directeur du Comité dépar- temental du tourisme. Autant dire que c’était difficile d’avoir des a priori question climat… J’ai pos- tulé ici parce qu’il y a un vrai chal- lenge à relever, c’est le passage d’un territoire ville à un territoire agglo- mération pour l’office du tourisme. Si la C.A.G.B. a pris la compéten- ce tourisme, c’est aussi parce que le tourisme doit être considéré com- me un vrai levier de développe- ment économique pour un terri- toire. Le territoire de l’agglomération, c’est à mon avis la bonne dimension aujourd’hui pour traiter du tourisme. Le Dépar- tement a toute sa place pour cela dans l’espace rural, mais pour les communes péri-urbaines, c’est à l’agglomération de trouver les cohé- rences avec la ville-centre. Couvrir désormais le périmètre de l’agglo- mération est une vraie évolution pour cet office du tourisme et un beau challenge à relever. L.P.B. : Par quoi se traduit par exemple cette extension de votre périmètre de tra- vail ? J.N. : La première concrétisation de ce passage au territoire agglo a été la sortie récente d’un programme de visites guidées “hors les murs” de Besançon qui fait découvrir les richesses du patrimoine dans des communes de la périphérie. On a désormais deux programmes dis- tincts à proposer aux touristes : le premier, classique, qui fait décou- vrir le patrimoine de Besançon vil- le d’art et d’histoire et l’autre, avec ce programme de découvertes sur l’agglomération. L.P.B. : Connaissiez-vous Besançon avant d’arriver ici en début d’année ? J.N. : J’avais eu l’occasion d’y venir deux fois pour des raisons profes- sionnelles. Mais la première per- sonne qui m’a parlé de l’attracti- vité de cette ville, c’est ma fille. Besançon appréhende sa mission au moment où l’office élargit ses compétences à toute l’agglomération et dans un contexte où les habitudes de consommation des touristes évoluent avec les outils numériques. Le nouveau directeur de l’office du tourisme et des congrès de

çon à unAllemand du Bade-Wur- temberg a plus de sens et d’effi- cacité pour nous que d’en parler à un Chinois. Dans notre com- munication, il faut faire les choix les plus efficaces possible car nous n’oublions jamais que c’est avec de l’argent public que nous tra- vaillons. L.P.B. : La démocratisation des vols low- cost et des destinations Europe est-elle un danger pour la destination Besan- çon ? J.N. : Non, au contraire. Car ceux qui font ce genre de courts séjours, qui ramenés au nombre de jours coûtent très cher, restent des gens qui ont les moyens et qui sont nomades. Ils vont le faire une fois et l’autre fois feront un séjour plus proche, à Besançon par exemple. On se partage un public disposé à faire les deux. Il y a aus- si d’autres moyens de découvrir la région de Besançon, et que pri- vilégient de plus en plus les tou- ristes, c’est l’eurovéloroute. On a la chance que cet itinéraire arri- ve d’Allemagne et de Suisse avec des clientèles intéressantes. Cet- te véloroute est un atout formi- dable pour Besançon. L.P.B. : L’offre hôtelière est-elle suffi- sante à Besançon ? J.N. : C’est l’éternelle question. Il faut voir dans le détail les taux d’occupation car on ne peut pas faire un nouvel hôtel juste parce qu’à une période de l’année les hôtels sont pleins. Il faut aussi composer avec les nouveaux types d’hébergement qui cartonnent ici comme Airbandb ou le couchsur- fing, une offre qu’on a du mal à dimensionner. Les choses évo- luent très vite en ce domaine. Une des missions que nous nous sommes fixées également, c’est le développement des congrès. L’adhésion de Besançon à Fran- ce Congrès contribue aussi à don- ner de la visibilité à notre ville, comme le réseau “The place to B” développé avec Doubs Tourisme. Tout cela est bon pour l’hôtelle- rie de Besançon et nous donne envie de faire encore mieux. n Propos recueillis par J.-F.H.

Joël Nogier est le nouveau président de l’office du tourisme et des congrès de Besançon, à la tête d’une équipe de 14 personnes.

Très branchée musique, elle m’avait dit le plus grand bien de Besançon, notamment pour son festival Détonation. Je savais que c’était une ville attractive, je le confirme. L.P.B. : À l’heure d’Internet, des smart- phones et des réseaux sociaux, à quoi sert aujourd’hui un office du tourisme ? J.N. : Notre mission est de tra- vailler l’accueil des touristes,mais surtout en amont. Et quand les gens passent à l’office, c’est désor- mais avec des questions beau- coup plus précises et ciblées qu’avant car ils sont déjà très bien informés avant de venir grâce à ces nouveaux outils. En amont, nous avons donc un gros travail de mise en forme et de qualifica- tion de l’information, sur notre site Internet notamment, avant de la diffuser. On parle aujour- d’hui de l’Internet de séjour, c’est- à-dire des informations que l’on doit délivrer au jour le jour sur les activités. On est de plus en plus dans l’individualisation de l’offre touristique d’autant plus avec les réseaux sociaux. Aupa- ravant, on sortait deux ou trois guides, les mêmes pour tout le monde. Désormais, il faut savoir précéder les envies des touristes et adapter nos offres en perma- nence. On est dans de la répon- se de plus en plus précise, et ça nécessite par conséquent de plus en plus de temps. Un office du tourisme n’a donc jamais été aus- si utile. L.P.B. : Quels objectifs les élus bison- tins vous ont-ils fixés à votre arrivée ? J.N. : Je suis attendu notamment sur le travail en amont que l’on doit faire en matière de commu- nication que l’on fera de la ville, sur le plan régional avec ce nou- veau territoire qu’est la Bour- gogne-Franche-Comté, national, et international. Nous sommes

en train de construire ce plan que l’on pré- sentera d’ici la fin de l’année. Le 21 juin, nous avions par exemple des ren- contres parte- nariales Atout France pour les pays proches (Suisse, Alle- magne, Bel- gique). C’est une

qu’être bénéfique pour nous. La Citadelle l’a bien compris qui oriente désormais une partie de sa communication dans le Dijon- nais. Pour l’an prochain, on pré- pare un programme pour mar- quer ces dix ans de l’inscription à l’Unesco. Ces événements coïn- cideront aussi avec la réouver- ture du musée des beaux-arts pour laquelle un programme évé- nementiel est également en cours de préparation. L.P.B. : Besançon reste une ville de pas- sage pour les touristes. Cherchez-vous à travailler sur l’allongement de la durée des séjours ? J.N. : Plus que la durée des séjours, c’est la multiplication des séjours qui nous importe. Sur ce plan-là, Besançon progresse toujours avec des clientèles internationales de plus en plus diverses. Ce qui cor- respond bien au souhait de Patrick Ayache, l’élu en charge du tou- risme à la Région et au travail du C.R.T. Notre mission à nous office, c’est de travailler la clien- tèle de proximité. Parler de Besan-

Bio express

l Joël Nogier a 50 ans, il est né à Béziers

l Il est directeur de l’office de tourisme de Besançon depuis janvier 2017 l Après des études dans le tourisme (B.T.S., licence et maîtrise), il a fait toute sa carrière dans le tourisme Il a travaillé au Québec, dans des stations balnéaires françaises, pour des agences de voyages… Il a dirigé l’office de tourisme de Nevers pendant 7 ans l Il a été directeur du C.D.T. de l’Ariège, de Saône-et- Loire et plus récemment de la Meuse à l’occasion de la préparation des commémorations de la bataille de Verdun et de la Grande guerre l

“Il faut savoir précéder les

envies des touristes.”

partie de notre stratégie de com- munication qui se préparait là. L.P.B. : La grande région Bourgogne- Franche-Comté est-elle un atout pour la visibilité de Besançon ou un handi- cap face au grand voisin Dijon ? J.N. : Notre premier travail est justement de travailler sur ce “nouveau” tourisme infra-régio- nal, en faisant découvrir Besan- çon aux Bourguignons et dans l’autre sens la Bourgogne aux Francs-Comtois. La Bourgogne, avec son vin, est une des régions qui a la plus forte notoriété dans le monde. Dès lors, on a tout inté- rêt à jouer le partenariat. On est potentiellement bénéficiaire de cette attractivité, même si nous serons toujours en concurrence avec Dijon, Beaune, Mâcon ou Vézelay. L.P.B. : L’année prochaine, Besançon fêtera les 10 ans du label Unesco. On a l’impression que cette inscription n’a pas vraiment boosté la fréquentation de la ville… J.N. : Je crois qu’il ne faut pas tout attendre d’un label. Il est surtout important pour la clientèle inter- nationale et la Citadelle a tou- jours eu une fréquentation essen- tiellement infra-régionale. Ceci dit, le fait d’être désormais dans une grande région qui possède tous ces sites Unesco ne peut

Les chiffres-clés du tourisme 1 164 180 nuitées touristiques générées de janvier à septembre 2016 dans le Grand Besançon l Évolution par rapport à 2015 : printemps (avril-juin) : - 30 %, été (juillet-septembre) : + 6,5 %

l Top 5 des arrivées par régions :

l Part des nuitées étrangères : 20,1 % (21 % en 2015, 17 % en 2014) Top 5 : 1. Allemagne (22 %) 2. Chine (16 %) 3. Suisse (12 %) 4. Royaume-Uni (6 %) 5. Belgique (6 %) l

1. Ile-de-France 2. Rhône-Alpes 3. Bourgogne 4. Lorraine 5. Alsace

l Taux d’occupation moyen des hôtels : 56,2 % - 3.3 points par rapport à 2015 et + 0,4 point par rapport à 2014

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