SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

Olympiades Ouvrières. Toutefois, il est néces- saire de rappeler que l’objectif du mouvement sportif travailliste n’était pas de se disputer les records avec le sport bourgeois. Au contraire, selon l’idéologie du sport ouvrier, la poursuite excessive du record et l’un des signes de la dégénérescence du sport bourgeois. En fait, les années 20 sont restées l’âge d’or du mouvement sportif travailliste international. Durant la seconde moitié des années 20, des désagréments et luttes de pouvoir exacerbées opposant les social-démocrates aux commu- nistes ont sérieusement affaibli le mouve- ment. À cause de ces querelles, l’ISL/SASI a commencé à mener une coopération politique plus étroite avec l’Internationale Ouvrière So- cialiste tandis qu’au début des années 20, ses relations avec le mouvement social-démocrate s’étaient relâchées pour finalement n’être que l’affirmation des objectifs idéologiques com- muns du mouvement socialiste international. Pendant la troisième conférence de l’In- ternationale Communiste tenue en juin et juil- let 1921 à Moscou, une nouvelle tactique de « front uni » fut lancée. Les partis communistes devraient coopérer avec d’autres éléments pro- gressistes de la société, y compris les social-dé- mocrates. Afin de gérer ce travail d’opérations internationales, de nouvelles subdivisions furent instaurées au sein du Komintern (Gou- not 2002, 35–46). Les plus importantes d’entre elles étaient l’Internationale Syndicale Rouge De l’ombre au tableau – la lutte pour le pou- voir politique commence

(Profintern) et l’Internationale des Jeunes Com- munistes (IJC). Afin de rivaliser avec les bour- geois et les social-démocrates dans le domaine du sport, le Komintern fonda une sous-division spéciale, l’association internationale rouge sportive et gymnique, plus connue sous le nom d’Internationale Rouge Sportive (IRS), ou Spor- tintern. L’une des principales tâches de l’IRS était de prendre contact avec les oppositions sportives de gauche dans différents pays et de les encourager à coopérer avec les partis com- munistes nationaux. En dehors de l’Union Soviétique, l’IRS a obtenu un soutien majeur en Tchécoslovaquie, en Allemagne, en Finlande, en France et enNor- vège. Comme nous l’avons dit précédemment, la fédération sportive travailliste norvégienne (AIF) a coopéré avec l’IRS jusqu’en 1929. En France, le mouvement sportif ouvrier s’est divi- sé en deux en 1923. De ces deux unions relative- ment petites, la Fédération Sportive du Travail (FST) était dominée par les Communistes et comptait plus de membres que l’union social- démocrate (Union des Sociétés Sportives et Gymniques du Travail, USSGT). La division dura jusqu’en 1934 quand, à l’aube de la lutte antifas- ciste organisée par le Front Populaire, le mou- vement s’est réuni et, dans le cadre de l’ISL/SASI et sous la forme d’une nouvelle union centrale, la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT) a été fondée (Hache, 1985, 64–67). Cependant, dans la première moitié des années 20, l’IRS était prête à collaborer avec l’ISL et ses membres. Quelques athlètes sovié- tiques et leurs équipes participèrent à des évé-

nements sportifs en Allemagne et d’autres pays d’Europe Centrale. En septembre 1922, une équipe de football de la TUL entama une tournée en Russie pour jouer dans sept villes différentes (Hentilä 1982, 146–148). Les négo- ciations au sujet de la participation de l’IRS aux premières Olympiades Ouvrières à Franc- fort échouèrent. Toutefois, les discussions sur la coopération reprirent leur cours lors de la troisième conférence de l’ISL à Paris en oc- tobre et novembre 1925. Le représentant de l’IRS Fritz Reussner se vit accorder 20 minutes de temps de parole pour clarifier les principes du mouvement sportif communiste (Bericht über den III. Kongress zu Paris Pantin, 12–21). Le seul membre de l’ISL en faveur de la continuation des dialogues de coopération avec l’IRS était la TUL finlandaise. De même, les Finlandais avaient déjà soutenu l’invita- tion de l’IRS aux Jeux de Francfort. Ils avaient gardé des coopérations avec des sportifs sovié- tiques une expérience entièrement positive. Ceux-ci étaient capables d’organiser des tour- nois corrects, ce qui avait toujours été impor- tant aux yeux des Finlandais. En outre, beau- coup de membres influents de la TUL étaient sympathisants des politiques gauche-socia- listes ou communistes. Pour ces raisons, la TUL tenta de jouer un rôle de conciliateur dans les querelles entre ISL et IRS. Ces efforts tombèrent à l’eau, et la conférence de l’ISL de Paris en 1925 déclara que l’unification des deux Internationales serait impossible (Hen- tilä 1982, 182–186). La compétition contre des athlètes de l’IRS lors d’événements sportifs fut

100

Made with FlippingBook - Online magazine maker