SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

SECONDE PARTIE_CHAPITRE 6

interdite à une exception près : elle était ad- mise uniquement dans les pays où aucune union ISL n’existait (Bericht über den III. Kongress zu ParisPantin, 21–22). La nature politique de la rivalité entre ISL et IRS est devenue de plus en plus évidente. La quatrième conférence de l’ISL se tint à Helsinki en août 1927 en présence d’Artur Crispien, membre du secrétariat de l’Internationale Ou- vrière Socialiste et président du parti social-dé- mocrate allemand (Bericht über den IV. Kongress zu Helsingfors, 51). En 1927, les so- cial-démocrates venaient juste de battre les communistes à une faible majorité lors du vote des représentants à la quatrième assemblée générale de la TUL. Les deux parties avaient usé de méthodes très contestables lors de la cam- pagne électorale (Hentilä 1982, 201–206). En août 1928, l’IRS décida d’organiser les premières Spartakiades mondiales àMoscou en pied-de-nez aux Olympiades Ouvrières, et invi- ta également des membres de l’ISL/SASI à par- ticiper. La conférence de l’ISL/SASI de 1927 ré- pondit à cette invitation en déclarant les Spartakiades comme un événement sportif purement communiste, interdisant aux membres de l’ISL/SASI d’y participer (Bericht über den IV. Kongress zu Helsingfors, 51–52). L’opposition communiste passa outre cette dé- cision et envoya ses athlètes à Moscou. Les équipes de Finlande et d’Allemagne étaient par- ticulièrement fortes. Les unions nationales n’eurent d’autre choix que de bannir les athlètes qui avait fait le voyage jusqu’à Moscou. Si les clubs de sports locaux refusaient d’exclure leurs

membres, les unions devaient écarter le club tout entier, etc. La dite « querelle des Sparta- kiades » a causé une réaction en chaîne au sein de la TUL qui résulta en l’exclusion de 14 000 membres, c’est-à-dire environ 40% des adhé- rents de l’union dans son ensemble. La direc- tion social-démocrate réussit néanmoins à rat- traper ces pertes par un recrutement actif de nouveaux membres (Hentilä, 1982, 209–240). Après leur renvoi de la TUL, nombre de jeunes athlètes de haut niveau rejoignirent les clubs de sport bourgeois et gagnèrent des mé- dailles d’or pour la Finlande lors des Jeux Olympiques du CIO en 1932 et 1936. Le plus célèbre d’entre eux est probablement Volmari Iso-Hollo, vainqueur aux Spartakiades de Moscou ainsi que de la médaille d’or en 3000 mètres-haie à Los Angeles et Berlin. La rupture politique au sein du mouve- ment sportif travailliste a également été très amère en Allemagne. L’opposition communiste était particulièrement présente à Berlin et dans certaines régions industrielles comme la Saxe et la Ruhr. Lorsque l’opposition s’organisa en Kampfgemeinschaft für Rote Sporteinheit – communauté de lutte pour l’unité du sport ouvrier, elle comptait environ 100000membres. Cela représentait 8% du total des adhérents aux unions sportives travaillistes allemandes. Néanmoins, l’opposition était très importante sur le plan politique car son but était de mettre en pratique les politiques sportives de l’Inter- nationale Communiste. En effet, ce n’est pas une coïncidence si, en décembre 1929, l’opposi- tion sportive communiste finlandaise a renom-

mé son organisation « comité pour l’unification du sport ouvrier » (Työläisurheilun yhtenäi- syyskomitea, TYK) (Hentilä, 1982, 254). La « Gemeinschaft » (communauté) alle- mande, de même que le comité d’unification finlandais ont travaillé comme unions cen- trales des clubs de sport communistes, organi- sant des événements sportifs nationaux et même internationaux. La nouvelle tactique du Komintern, lancée lors de la sixième confé- rence en 1928, était cristallisée par l’expression « unité ». Selon la nouvelle tactique, la coopé- ration avec les social-démocrates était impos- sible puisqu’ils s’étaient en fait transformés en alliés des fascistes, des « social-fascistes ». Pour cette raison, le mouvement communiste se devait d’établir l’ « unité » de la classe ouvrière lui-même, en partant d’en bas. En Finlande, la nouvelle tactique du Komintern échoua et se solda par une isolation des dirigeants commu- nistes par rapports aux masses. En 1930, le mouvement communiste fut rendu illégal par une nouvelle loi, et pas moins de 157 clubs spor- tifs furent dissolus par la Cour. Une partie de la direction communiste fut emprisonnée tandis qu’une autre part parvint à fuir en Union Sovié- tique (Hentilä 1982, 325–328). Malgré une forte pression politique de la part de la droite, la TUL a réussi à survivre sous le régime social-démo- crate et a continué de travailler pendant les dures années de Dépression et de réactions politiques pendant les années 30. Lorsque la Dépressionmondiale a éclaté et causé un taux de chômage croissant jusqu’à des millions, le mouvement sportif travailliste in-

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