SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

SECONDE PARTIE_CHAPITRE 8

1922 : Les premiers jeux olympiques féminins Alors que le CIO refuse toujours d’accueillir les femmes dans les épreuves olympiques, la FFSF décide d’organiser sous l’égide de la FSFI les premiers jeux olympiques féminins au stade Pershing à Paris le 20 août 1922, soit deux ans avant les Jeux Olympiques accueillis à Paris. André Drevon, dans sa biographie sur Alice Milliat décrit les faits : « Dès 9 heures en ce dimanche matin, sous un ciel d’été idéalement calme, le public est déjà nombreux, venu assis- té aux éliminatoires. Pour rejoindre le stade Pershing dans le bois de Vincennes, des ser- vices spéciaux d’autobus ont été mis en place à partir de la gare Saint Lazare, du carrefour Barbès-Rochechouart, de la place de la Répu- blique, du carrefour Médicis, du métro de Vin- cennes. Un sérieux quadrillage de Paris ! Dès 13 heures, les gradins sont remplis. On refuse du monde dans la grande tribune où l’on se presse jusqu’aux abords de la piste. La mani- festation est présidée par l’incontournable Henry Paté, haut commissaire à l’éducation physique au ministère de la guerre. Quinze mille spectateurs, selon l’évaluation du journal le Matin, avec de nombreuses spectatrices en robes claires et colorées, parmi les messieurs, toujours en noir, veston et chapeau melon vissé sur le chef. Les femmes changent d’allure, les hommes non…Ce n’est plus la foule très mascu- line qui se pressait, il y a près de deux ans, sur les mêmes gradins, lors du match de football contre les anglaises ; il existe désormais un public féminin pour le sport féminin » . En somme, un véritable succès pour cette pre-

inesthétique pour des femmes, dont le journal sportif l’Auto se fait le porte-parole « la femme doit-elle jouer au football ? » , Pierre Payssé écrit dans le numéro de mai-juin de la revue « les sports féminins » : « Pensez-vous que la fatigue qui résulte d’un match soit supérieure à une leçon complète de gymnastique sué- doise ?…Perdre leur grâce ? (…) Parmi les 22 joueuses qui matchèrent le jour de France-Bel- gique, plusieurs, les deux capitaines d’abord, dansent des airs de Glück ou une valse de Schu- bert avec la même aisance que les élèves d’Isa- dora Duncan. » En 1917, Fémina sport et l’En Avant, autre club omnisport précurseur en matière de sport féminin, créent la Fédération Féminine Sportive de France (FFSF). En juin 1918, Alice Milliat, aujourd’hui quasi-incon- nue du grand public, devient secrétaire géné- rale puis Présidente de la Fédération. Origi- naire de Nantes, pratiquante d’aviron, elle est la première femme dirigeante du sport en France et va œuvrer toute sa vie dans cette voie. Elle demande dès 1919 au Comité Inter- national Olympique (CIO) d’inclure des épreuves féminines lors des prochains Jeux olympiques, mais sa demande est refusée. Parallèlement, la Fédération organise les pre- miers championnats de France de football, basket-ball, natation et hockey. L’équipe de France de football féminin apparaît en 1920. La Fédération Française Féminine des Sports Athlétiques (FFFSA) est créée la même année. Un an après, en octobre 1921, c’est au tour de la Fédération Sportive Féminine Internatio- nale (FSFI) de voir le jour.

mière édition, qui connaît par ailleurs une très bonne couverture médiatique. La seconde édi- tion se tient à Göteborg en Suède en 1926, la durée passe à deux jours. La première partici- pation des femmes aux Jeux Olympiques orga- nisés par le CIO n’a lieu qu’en 1928 à Amster- dam, dans les seules épreuves d’athlétisme, de gymnastique, de natation et d’escrime. Léo Lagrange, sous-secrétaire d’État au sport et aux loisirs du gouvernement du Front Popu- laire souhaite rendre le sport et les loisirs culturels accessibles à tous, il multiplie le nombre de stades et crée le Brevet Sportif Po- pulaire. Dans le cadre des tous nouveaux congés payés et de la baisse du temps de tra- vail, il obtient 40 % de réduction sur les billets ferroviaires pour les salariés et leurs familles, dont bénéficient 600 000 personnes dès l’été 1936. Le nombre d’auberges de jeunesse double cette même année. Toute la population en bé- néficie, la démocratisation du sport prend son envol. Pourtant, la classe ouvrière s’avère très conservatrice sur la famille et la question du genre. La femme et la fille sont avant tout des ménagères ou des travailleuses. Sans compter avec la prégnance de l’église catholique et les valeurs bourgeoises qui dictent la législation. Le premier combat et la première innovation, en particulier pour les ouvrières, est donc bel et bien de passer outre les réticences de l’envi- ronnement, qu’il soit social ou sportif. Le sport ouvrier confia assez tôt à des femmes des Le front populaire : le droit pour les femmes de pratiquer

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