SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

sible à tout le monde. « Tous les sports pour tous » est un slogan toujours utilisé à la FSGT. Jusqu’en 1966, les femmes n’avaient no- tamment pas droit de cité dans le judo consi- déré par essence comme masculin. En France, c’est à l’initiative de la FSGT que la conquête des tatamis a commencé. Ainsi, quand la Fé- dération Française de Judo et Disciplines As- sociées (FFJDA) s’ouvrit aux femmes, dans les années quatre-vingt, les premières internatio- nales étaient toutes issues des clubs FSGT. Entraîneur à la Fédération française d’Athlé- tisme (FFA), mais également et surtout entraî- neur et militant de la FSGT, Louis Rouillon a toujours raisonné le sport en terme d’émanci- pation humaine et de parité. Comme il l’in- dique dans une interview de la revue Sport et Plein Air d’octobre 2011, il ne supportait plus de voir les femmes restreintes dans l’heptath- lon ou interdites de lancer de marteau, alors qu’elles ont clairement les moyens et l’envie de goûter à tous les exercices. En 1971, il in- vente le Décapop’ olympique, fêtant en 2011 ses 40 ans (3000 participants âgés de 5 à 58 ans), un décathlon populaire ouvert à toutes et tous. En 1981 et malgré les résistances au sein de la FFA, il implante la perche féminine, puis le marteau (intégré seulement aux JO de Sid- ney en 2000 !). L’égalité doit être un principe de base, comme dans tous les sports, en adap- tant les règles, on peut garantir la participa- tion de tout le monde, des enfants, des femmes, des personnes âgées, des hommes et des personnes en situation de handicap.

responsabilités à hauteur de leurs engage- ments. Nicolas Kssis 3 cite l’exemple de Lise London, héroïne des Brigades internationales, connue pour ses actes de résistante et sa dé- portation à Buchenwald. Elle incarne égale- ment, avec son époux, la lutte contre le stali- nisme, immortalisée par le livre puis le film « L’aveu ». Née Elizabeth Ricol, elle participe à l’organisation des Spartakiades de Lyon en 1932 pour la Fédération du Sport Travailliste (sa fusion avec l’Union Sportive Générale du Travail (USGT) en 1936 donnera naissance à la FSGT). Elle œuvrait alors à Vénissieux en fa- veur de la démocratisation des pratiques spor- tives auprès des jeunes ouvrières. C’est à cette occasion qu’elle rencontre son premier mari, Auguste Delaune, résistant et Secrétaire Géné- ral de la FSGT au moment de sa création. Le régime de Vichy, sous l’Occupation, contri- bue également au développement et à l’organi- sation étatique du sport, de l’activité et de l’édu- cation physique de tous, mais évidemment pas dans la même visée. L’objectif étant dans le contexte de la révolution nationale de former des hommes forts, et par conséquent des mères bien porteuses et en bonne santé. L’affiche de la « fête nationale de la sportive » organisée le 5 juillet 1942 à l’initiative de Marie-Thérèse Ey- chem, alors directrice des sports sous le com- missariat général aux sports de Jean Borotra, illustre bien cette idée avec le dessin d’une femme sous deux angles. Au premier plan elle Régime de Vichy : former des mères en bonne santé

est en tenue sportive et en arrière plan, elle est une mère tenant son enfant dans les bras. Pré- sidente duMouvement Démocratique Féminin (MDF), secrétaire nationale du parti socialiste, présidente de la Fédération Internationale d’Éducation Physique et Sportive Féminine (FIEPSF), Marie-Thérèse Eyquem, emblème du sport catholique, fait de la politique, du sport et du féminisme les combats de sa vie bien au- delà de la période de l’Occupation. Les trente glorieuses, de 1945 à 1975, ont consi- dérablement profité à la démocratisation du sport et plus largement à l’émancipation des femmes. Leur vie s’est indéniablement modi- fiée, elles travaillent davantage en dehors du foyer, sont nombreuses à devenir autonomes financièrement, font des études plus longues, et par conséquent la pratique des loisirs et celle du sport augmentent. L’émancipation de la femme entraîne un changement de perspec- tive. Au droit de pratiquer, se substitue la né- cessité d’élargir les disciplines accessibles, comme c’était par ailleurs le cas pour les mé- tiers, et surtout de les adapter. En effet, les dif- férents sports sont des élaborations cultu- relles, très souvent sexuées. L’investissement de la FSGT et son travail sur les contenus des pratiques l’amène alors à exploser les limites où l’on enferme encore les licenciées, à l’image de ce qu’elle organisera dans les années 60 dans les stages Maurice Baquet. L’enjeu est d’adapter les règles pour rendre le sport acces- 1945-1975 : Le droit de pratiquer… tous les sports

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3) In Sport et Plein Air, mars 2008.

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