SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

SECONDE PARTIE_CHAPITRE 8

2 e partie : Une démocratisation stoppée par la place des femmes dans la société et une précarité grandissante. Les hommes dominent encore largement le sport En 2012, force est de constater que les inégali- tés persistent. « Les femmes et les filles forment plus de la moitié de la population mondiale, le pourcentage d’entre elles qui participent un sport [est] toujours inférieur à celui des hommes et des garçons » , affirment les signataires de la déclaration de Brighton sur les droits de la femme et du sport en 1994. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2008 et selon les données du Ministère des sports, les fédérations sportives comptent en moyenne 35% de licenciées femmes. 17% seulement des femmes sont ad- hérentes d’une association sportive contre 38% des hommes. Sept fédérations, dont celle de l’équitation, de la gymnastique, de la danse ou des sports de glace comptent plus de 80% d’ad- hérentes. De manière générale, les fédérations multisports sont les plus mixtes. Une dizaine de fédérations enregistrent moins de 5% de femmes parmi leurs effectifs dont celles du rugby et du football. Les activités restent très sexuées. Sur un autre plan encore, la part de femmes juges ou arbitres est seulement de 20%. Seulement 12% des postes à responsabi- lités dans les fédérations sportives sont occu- pées par des femmes. Seules 9% de fédérations sont dirigées par des Présidentes. Pourquoi cette sous-représentation ? Les femmes assu-

horaires en discontinu, cumul des mi-temps, sont autant de freins à une pratique physique et sportive régulière, en particulier en associa- tion. Les inégalités sont évidemment creusées entre les femmes en situation de précarité et celles bénéficiant d’une situation plus stable et autonome. Pourtant, l’enjeu d’une pratique physique et sportive régulière afin de garantir la santé physique, morale et sociale des femmes doit être une priorité des politiques publiques et du mouvement sportif. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le taux de décès pour une maladie cardiovasculaire est supérieur pour les femmes : 32% et 27% chez les hommes. Les enjeux ne se limitent pas à la santé phy- sique. Le lien social vécu grâce aux associa- tions sportives et à une démarche d’éducation populaire contribue clairement à l’émancipa- tion des femmes. 3 e partie : La femme, l’homme et la mixité sont l’avenir du sport Développer la mixité des genres et des pra- tiques dès l’école « La femme est l’avenir du foot » , affirment Audrey Keyseres et Maguy Nestoret Ontanon dans leur ouvrage sur le football féminin 4 , reprenant ainsi à leur compte le vers du poète Louis Aragon, « la femme est l’avenir de l’homme » . Même si leurs propositions re- lèvent surtout du football professionnel, elles préconisent contre une éducation reprodui-

ment toujours 80% des tâches domestiques au détriment des loisirs et de la pratique sportive. Les filles sont également concernées par l’en- tretien du foyer, et sont moins présentes que leurs frères dans les associations sportives en dehors du temps scolaire. Un déséquilibre d’autant plus prononcé qu’il y a d’enfants dans la famille et surtout d’autant plus amplifié quand les femmes, et leur famille, sont en si- tuation de précarité. La crise économique et sociale que traverse l’Europe et le Monde depuis 2008 affecte en premier lieu les milieux populaires. Les femmes, en majorité concernées parmi les fa- milles monoparentales, sont les premières vic- times de cette crise et des effets dévastateurs des politiques européennes d’austérité. Un rap- port de la Confédération syndicale internatio- nale (CSI) de mars 2011 souligne la façon dont la sur-representation des femmes dans les em- plois precaires menace leurs droits, perpetue les inegalites entre les sexes et limite les pers- pectives de progres economique durable. Par ailleurs, les conséquences sur la securite finan- cière ̀sont un pas supplémentaire vers la pré- carisation. Tous ces effets ont évidemment un impact fort sur l’accès des femmes aux pra- tiques physiques et sportives, et aux loisirs. Les associations de la FSGT sont tous les jours té- moins des conséquences de la précarité et des mauvaises conditions de travail : éloignement de plus en plus important du lieu de travail, Des femmes victimes de la crise écono- mique et sociale

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4) Footbal féminin, la femme est l’avenir du foot, Editions Le bord de l’eau, 2012.

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