SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

pique de six semaines, exigeant une « cessation des hostilités » pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Londres en 2012. C’était la première fois que cette résolution recueillait un soutien universel (Nations Unies, 2011). Si la mesure ultime de cette trêve est une « cessation des hostilités », le succès de ces ef- forts est limité. Si l’on sait qu’en 1994, le Comi- té Olympique national soudanais a imposé une trêve temporaire entre le gouvernement souda- nais et l’armée de libération nationale souda- naise conformément à la trêve olympique, la trêve n’a pas réussi à empêcher les principales interventions musclées en Irak et en Afghanis- tan, les guerres civiles en Afrique, les mesures d’États contre leur propre peuple, et les attaques d’acteurs non-étatiques durant la période des Jeux Olympiques et des Jeux Olympiques d’Hi- ver. À vrai dire, pendant les Jeux de 2012, la guerre civile en Syrie est devenue si violente est insolvable que l’ancien secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan a démissionné de son poste de médiateur. De plus, la seule ma- nière par laquelle les Jeux Olympiques ont réus- si à établir un site sécurisé et neutre est un dé- ploiement de surveillance et de sécurité lourd et coûteux. À Londres, on a estimé ce coût à plus d’1,1 milliard de Livres Sterling. Ces dé- penses alimentent involontairement un dis- cours de peur et de méfiance, et renforcent les institutions et entreprises ayant un intérêt di- rect dans les conflits. Le doute persiste quant à savoir si les actuels dirigeants du CIO font la moindre tentative pour réduire les conflits mondiaux par la diplomatie préventive, sans

parler d’aller droit aux conflits qui pourraient entacher les Jeux en rencontrant les gouverne- ments qui soutiennent les acteurs non-éta- tiques qui pourraient fomenter une attaque contre les Jeux. En dehors de la promulgation d’une trêve, ils ne font aucun effort visible pour réclamer au monde d’assurer la tenue des Jeux Olympiques sans incident. Je suis convaincu que le Mouvement Olympique peut en faire plus pour générer un climat d’opinion publique en défaveur des interventions militaires et de la guerre, et réduire les énormes dépenses consacrées à la surveillance durant les Jeux. Il est instructif de considérer la sécurité « mini- male » mobilisée lors de Jeux Olympiques de la Jeunesse, lors desquels l’hôtel du CIO lui-même était ouvert au public. Cela étant dit, il est clair qu’il y a des limites à la participation des mou- vements sportifs dans la fin des hostilités. À l’heure où j’écris ces lignes, le Conseil de sécu- rité des Nations Unies lui-même est dans l’im- passe face à la situation syrienne. La trêve place clairement la direction des sports olympiques dans le camp du « dialogue en faveur de la paix et de la réconciliation » et contre le dénigrement de « l’autre » qui a, his- toriquement, contribué à la préparation de la guerre ; un engagement important dans un monde sous tensions. La trêve a également donné lieu à l’établissement d’une organisa- tion non-gouvernementale (ONG) basée à Athènes, la Fondation Internationale pour la Trêve Olympique. La FITO propose des pro- grammes éducatifs sur l’importance de la paix, du dialogue et de la réconciliation. L’in-

troduction d’un programme anti-harcèlement est une initiative récente ; il a pour but d’éta- blir un lien entre la paix et les expériences quotidiennes des enfants avec d’autres en- fants, afin de leur donner les compétences et la confiance en soi nécessaires pour minimi- ser, si ce n’est éliminer, le harcèlement et la violence entre enfants, et particulièrement les agressions liées à la différence (FITO 2011). La FITO rejoint donc un large panel de pro- grammes scolaires et communautaires guidés par des valeurs comme l’enseignement de la paix, l’éducation olympique, le fairplay et l’an- tiracisme, qui visent à donner aux enfants la motivation et la faculté de respecter et d’affir- mer leurs différences et de servir de média- teurs lors de conf lits. Toutefois, comme d’autres programmes éducatifs olympiques, ils sont adressés principalement aux enfants et aux jeunes, non pas aux athlètes, aux entraî- neurs, aux officiels et aux organisateurs, qui constituent la face la plus visible du sport contemporain. Il serait bien plus efficace d’adresser ces activités aux sports de haut ni- veau, surtout durant la période des Jeux Olym- piques et d’autres événements sportifs ma- jeurs, et d’engager les athlètes et officiels sportifs célèbres dans un débat public et dans la promotion du désarmement et de la paix. Le Sport au Service du Développement et de la Paix Le dialogue renouvelé entre le CIO et les Na- tions Unies a également contribué aux efforts menés pour apporter l’intérêt et les méthodo-

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