SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

PREMIÈRE PARTIE_CHAPITRE 3

logies du sport à quelques-unes des tâches les plus ardues du monde contemporain, notam- ment la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement, lancés par les Nations Unies, ainsi que la stabilisation et la recons- truction de sociétés dévastées par la guerre. Ce travail est connu sous le nom de Sport au Ser- vice du Développement et de la Paix, ou SSDP. Bien que le SSDP soit l’expression renouvelée d’une croyance en le « sport au service du bien » («Sport for Good»), qui remonte aux origines mêmes du sport moderne, il diffère des initiatives précédentes par la jeunesse de sa direction entrepreneuriale, sa préférence pour des organisations non-gouvernemen- tales, sa focalisation sur le développement individuel comme stratégie d’évolution, ainsi que par sa volonté d’intervenir dans certaines des zones du monde les plus pauvres et en- clines à la violence. Le SSDP a pour objectif d’améliorer l’éducation fondamentale, la san- té infantile et maternelle, l’égalité des sexes, l’information préventive sur le VIH/SIDA et, progressivement, à la réconciliation et à la construction de la paix, particulièrement dans les pays du Sud. L’exemple le plus connu est probablement celui de l’ONG Right To Play qui, via le sport, améliore la vie d’enfants et de jeunes dans les camps de réfugiés d’environ 22 pays. Mais il en existe bien d’autres : en Ex- Yougoslavie, dans la région du Caucase et au Moyen-Orient, le programme des Open Fun Football Schools (2009 ; Udsholt and Nicolaj- sen, 2011) rassemble par le biais d’activités communes des enfants et adolescents issus de

communautés divisées dans le but de vaincre les préjugés et la discrimination et d’enseigner la tolérance, le respect et le principe d’égalité. Dans les pays d’Afrique de l’Ouest dévastés par des guerres civiles, l’UNICEF gère plusieurs organisations non-gouvernementales qui se servent du sport pour accomplir la tâche diffi- cile qu’est la réintégration d’enfants-soldats dans la société « normale » ou civile, via l’en- seignement et les valeurs du sport basées sur le règlement et le respect (Dyck, 2011). Cer- tains des meilleurs programmes proviennent de collaborations entre pays du Sud. La Ma- thare Youth Sports Association à Nairobi, qui promeut l’éducation et la responsabilité envi- ronnementale par le biais du football, en par- ticulier pour les filles et les jeunes femmes (Brady and Khan 2002), envoie ses équipes de responsables partout en Afrique de l’Est et du Sud. À Cuba, l’EIEFD forme des entraîneurs originaires de plus de 50 pays du Sud dans le but de mettre en place un sport basé sur l’es- prit de communauté et des programmes de loisirs dans les quartiers marginalisés – tout cela aux frais du gouvernement cubain. Le SSDP est né du changement de condi- tions lié à la fin de la guerre froide, et plus par- ticulièrement du triomphe de l’idéologie néo- libérale et du coup de fouet qu’elle a donné à l’esprit d’entreprise individuel. Simultané- ment, avec la chute de l’apartheid, les officiels du sport sud-africain qui demandaient aupara- vant aux activistes de refuser tout lien sportif avec l’Afrique du Sud, leur ont enjoint d’em- brasser le développement du sport et de venir

en aide à l’Afrique du Sud postapartheid ainsi qu’aux pays voisins situés en « première ligne » (qui ont également été particulièrement tou- chés par ce long combat), pour organiser des systèmes sportifs accessibles et ouverts. Une nouvelle génération de figures athlétiques a cherché à dispenser les bienfaits de ce qu’ils connaissent le mieux – le sport – à ceux dont les vies ont été dévastées par la guerre, la mala- die et la famine. En 1994, Right to Play (Olym- pic Aid à l’époque) a été fondé pendant les Jeux Olympiques d’Hiver de Lillehammer, en ré- ponse au siège serbe de la ville de Sarajevo, ancienne organisatrice des Jeux Olympiques d’Hiver. La même année, les athlètes partici- pant aux Jeux du Commonwealth à Victoria ont signé une déclaration ébauchée par des ath- lètes canadiens, qui stipule entre autres : Au vu de l’opportunité extraordinaire dont nous avons bénéficié de représenter nos pays et d’atteindre nos objectifs person- nels, nous pensons que tout citoyen devrait connaître les bienfaits du développement par le sport. Mais en faisant le tour de nos sociétés, on s’aperçoit que seule une mino- rité de jeunes gens a accès à des pro- grammes de sport et d’activités physiques de qualité. Dans les communautés désa- vantagées, les opportunités sont rares. Bien des maux auxquels sont confrontés nos frères et sœurs aujourd’hui – la dépen- dance aux drogues, la violence absurde, le

découragement et le défaitisme – pro- viennent du manque d’opportunités de s’épanouir. Le sport peut les aider.

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