SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

Leur engagement a inspiré de nouveaux pro- grammes dans de nombreux pays du Com- monwealth, comme le Programme de déve- loppement du sport du Commonwealth, lancé au Canada (Kidd, en cours de publication). Ces nouveaux programmes se concen- traient initialement sur la promotion du sport, la création et le renforcement des opportunités d’entraînement et de compétitions de haut ni- veau, ainsi que le développement des capacités au sein de l’administration sportive nationale. La plupart des programmes sportifs d’aide in- ternationale actuels, comme la Solidarité Olympique du CIO, se consacrent toujours à la promotion du sport. Mais certains officiels du sport se sont rendu compte que, si la promotion du sport prétend s’adresser à plus qu’un petit groupe d’athlètes sortant du lot, cela ne peut pas se produire sans une transformation so- ciale plus large, autrement dit, il est impossible de mettre en place un sport sûr, durable et orga- nisé pour un grand nombre d’enfants et d’ado- lescents sans une atmosphère sociale de sécu- rité et de soutien dans l’ensemble de la société. C’est pourquoi ils ont porté leur attention sur la manière dont le sport pouvait répondre aux défis les plus urgents auxquels font face les sociétés en voie de développement, comme la pandémie de VIH/SIDA en Afrique subsaha- rienne. Une fois cette étape franchie, la suivante a été de détacher les programmes sportifs du postulat selon lequel la participation à un sport conduit forcément à la compétition organisée, pour se focaliser sur la manière dont le sport pourrait répondre aux besoins locaux (e.g.

Njelesani 2011). Dans mon cas, cette prise de conscience a eu lieu lors d’un Programme de développement du sport du Commonwealth au Zimbabwe, lorsque l’équipe canadienne sur place a déterminé qu’un cours d’aérobic pour femmes enceintes ou en période d’allaitement était le programme le plus approprié à mettre en place. Bien qu’aucune des participantes n’ait jamais eu l’intention de prendre part à un championnat, le programme est rapidement devenu une ressource estimée en matière de santé infantile et maternelle. Ces efforts ont contribué à la légitimation de l’alliance CIO-ONU. En 1994, l’ONU a déclaré une « Année internationale du sport et de l’idéal olympique ». Les années suivantes, l’ONU a progressivement contribué à ces enga- gements, tout en planifiant la campagne ciblée qui devait devenir les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Beaucoup pen- saient que le sport pourrait fortement contri- buer à la réalisation de ces Objectifs, dont l’aboutissement à une éducation primaire uni- verselle, l’égalité des sexes, une amélioration de la santé maternelle et infantile, une réduction des conséquences du VIH/SIDA et d’autres ma- ladies, et le développement de partenariats mondiaux. En 2001, le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a mandaté un conseiller spé- cial (Adolf Ogi) au Sport au Service du Dévelop- pement et de la Paix pour mener à bien ces objectifs. L’année suivante, à la suite d’une conférence ONU-CIO aux Jeux Olympiques de Salt Lake City, l’ONU a monté un groupe de tra-

vail pour préparer la stratégie du Sport au Ser- vice du Développement et de la Paix et y asso- cier le système de l’ONU tout entier. Le rapport attenant a permis la reconnaissance des contri- butions potentielles du sport aux OMD, la dé- claration d’une Année internationale du sport et de l’éducation physique en 2005, et la créa- tion d’un groupe de travail international (en 2008) et de son Bureau du Sport au Service du Développement et de la Paix à Genève, com- posé de cinq sous-groupes thématiques : le sport pour les enfants et les adolescents, le sport pour les filles et les femmes, le sport pour les personnes handicapées, le sport au service de la santé, et le sport au service de la paix (UNOSDP 2012). Alors que ces activités au sein de l’ONU peuvent sembler bureaucratiques aux yeux des activistes, chaque étape renforce les obligations des gouvernements envers le SSDP. Ainsi que l’a observé Dorothy Smith (2001), « les écrits sont essentiels à la concrétisation des organisations et des institutions. […] (ils) jouent un rôle de médiateur, de régulateur et d’agrément aux activités des gens » (p. 160). Malgré les efforts de l’ONU (et d’autres corps intergouvernementaux tels que l’Union Afri- caine, le Commonwealth et la Commission Européenne) pour appliquer et coordonner le SSDP à un niveau politique, il existe une im- mense variété de causes, d’interventions et d’organisations sur place, impliquant des gou- vernements locaux, nationaux et internatio- naux, ainsi que des organisations sportives, des associations caritatives ou sans but lucratif et

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