SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

PREMIÈRE PARTIE_CHAPITRE 3

des entreprises. Il est donc difficile de recenser tous les joueurs, quand de nouvelles initiatives apparaissent pratiquement tous les jours. La qualité des dirigeants et des interventions varie fortement, sans protocole d’application recon- nu largement, sans parler de la régulation ou des comptes à rendre en externe. Richard Giu- lianotti (2011) a catégorisé les programmes en quatre groupes : la responsabilité sociale des entreprises, les initiatives non-gouvernemen- tales et communautaires, les programmes gou- vernementaux et les activités essentielles de justice sociale. Beaucoup d’associations se dis- putent les sponsors, les fonds et les bénévoles, ainsi que les partenaires et les participants sur place. Ce faisant, peu d’organisations de SSDP ont un lien avec les agences traditionnelles de « Sport for Good », même celles qui, comme le YMCA, proposent des programmes internatio- naux, ou avec le mouvement du « Sport pour Tous ». Cette incohésion dans l’organisation peut s’avérer particulièrement séparatrice et contre-productive dans les pays en voie de dé- veloppement, où les ONG se disputent légiti- mité et fonds avec les écoles publiques, et entre elles pour attirer des participants. À Lusaka, en Zambie, par exemple, j’ai rencontré des enfants entraînés de la même manière par différentes ONG, tandis que les enfants vivant à 20km de la ville étaient complètement livrés à eux- mêmes. Si ni la prolifération des ONG, ni la compétition qu’il y a entre elles ne sont spéci- fiques au sport au service du développement et de la paix, elles sont particulièrement vives dans ce domaine.

Toutefois, l’étude préconise de faire at- tention. Mon collègue Peter Donnelly et moi- même (2007) avons, dans une méta-critique de la documentation, tiré cette conclusion : Les bienfaits évidents semblent être le ré- sultat indirect du contexte et de l’interac- tion sociale qu’il peut y avoir dans le sport plutôt que le résultat direct de la participa- tion à un sport en elle-même. […] Pour utiliser pleinement le potentiel de dévelop- pement du sport, il doit être intégré au dé- veloppement existant et aux efforts de paix. En d’autres termes, le sport est une condition nécessaire mais pas suffisante au développe- ment social. Que faut-il faire pour rendre le SSDP effi- cace ? L’étude suggère que les participants doivent sentir qu’il s’agit de « leur programme », c’est-à-dire qu’ils doivent être impliqués dans le procédé de planification, et avoir un accès absolu aux équipements et au transport, entre autres. Les participants doivent se sentir en sécurité, estimés, connectés socialement, sou- tenus moralement et financièrement, valorisés personnellement et politiquement, et opti- mistes quant à leur futur, autrement dit, il doit y avoir une atmosphère sociale de soutien. Plus particulièrement, il est essentiel que les programmes sportifs soient exempts de toute violence sexiste, et qu’ils s’y opposent ouvertement. Des administrateurs, entraî- neurs et bénévoles formés en sont la clé. Les programmes devraient être planifiés pour aboutir à des résultats spécifiques en matière

Malgré ces défis, il est de plus en plus évident que, dans les circonstances idoines, la SSDP peut contribuer au développement social qui, à terme, permet l’existence de sociétés plus stables et plus pacifiques. Des études en nombre croissant indiquent que ces pro- grammes pourraient contribuer : à l’intégration d’enfants et d’adolescents issus de milieux différents dans les écoles et des organisations communautaires, particulièrement dans les zones d’après- conflits ; à la poursuite des études, la réussite sco- laire et la sécurité au sein des écoles ; au développement de la personnalité, notamment d’un comportement éthique, de l’empathie et de l’esprit de réussite, en particulier chez les filles et les femmes ; à la réduction de la délinquance juvénile et ses conséquences désastreuses à long terme, par le biais d’une réinsertion par le divertissement et de programmes-pas- serelles. Il est établi que les programmes sportifs sont particulièrement efficaces pour toucher les jeunes gens qui ne sont pas attirés par les autres programmes, ainsi que pour construire une confiance et une coopération intergénéra- tionnelles, particulièrement au sein des fa- milles. S’ils sont difficiles à mesurer, ces résul- tats participent à beaucoup d’OMD, en particulier la réduction de la pauvreté, l’édu- cation fondamentale et l’égalité des sexes (Coalter, 2007).

45

Made with FlippingBook - Online magazine maker