SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

CONFLITS et DIVERSITÉ – Y A-T-IL UN RÔLE POUR LE SPORT ? MARION KEIM / Afrique du Sud

Olympiques modernes, affirmait : « Les guerres ont lieu à cause des incompréhensions entre les peuples. Ils n’atteindront pas la paix avant que les préjugés qui séparent les différentes races soient vaincus. Quel meilleur moyen y a-t-il pour atteindre cet objectif que des rencontres amicales régulières entre la jeunesse de tous pays pour comparer leur force et leurs talents moteurs […] S’ils (les Jeux Olympiques mo- dernes) évoluent, ce dont je suis certain, si toutes les cultures et tous les peuples y contri- buent, ils pourraient être un facteur puissant, même s’il est indirect, de la paix universelle. » (Coubertin, 1985) 107 ans plus tard, Nelson Mandela constate : « Le monde continue d’être tour- menté par les conflits, la violence et la guerre. Nous ajoutons nos voix à celles qui appellent toutes les nations du monde à cesser les hos- tilités durant les Jeux Olympiques. Et nous souhaitons que cette période de cessation des hostilités soit mise à profit pour négocier, par- ler et aboutir à une paix durable. Nous devons croire qu’en tant qu’êtres rationnels, il est éminemment possible de régler nos diffé- rends pacifiquement et par la négociation. C’est pour cette raison, parce que nous croyons en la capacité rationnelle de l’être humain, que nous réaffirmons publiquement notre soutien envers l’initiative de la trêve olym- pique. » (Mandela, 2002). Aujourd’hui, un mois avant les Jeux Olympiques de Londres, cet appel est plus im- portant que jamais. L’argument du sport est défendu non seulement par les Nations Unies,

par le biais de ses Objectifs du Millénaire pour le Développement, mais aussi par la demande de projets de contribution de la part d’événe- ments sportifs parmi les plus importants au monde, comme les Coupes du Monde et les Jeux Olympiques. Avec le recul, on se rend compte que le cas du sport n’est pas un débat récent, mais qu’il a une longue histoire der- rière lui, survivant à bien des critiques. Bien que l’argument sportif pour véhiculer la transformation des conflits et de la paix soit encore considéré comme étant relativement récent, ses premières origines remontent aux Jeux Olympiques antiques. On ne sait pas exactement quand les Jeux Olympiques ont commencé, mais la première trace des Jeux date de l’Olympie antique en 776 avant J.C. Les Jeux Olympiques dans la Grèce antique étaient le seul événement présumé capable non seule- ment d’attirer des athlètes de tous horizons mais aussi d’interrompre les guerres par le res- pect de la trêve olympique, ou Ekecheira , de la part des cités-états grecques. La trêve était observée à partir de sept jours avant le début des Jeux, et jusqu’au septième jour après leur fin, ce qui permettait à la compétition d’ath- lètes d’avoir lieu, et d’assurer leur retour sains et saufs dans leurs pays d’origine. À l’époque, les Jeux constituaient une célébration reli- gieuse aussi bien qu’athlétique. Pierre de Coubertin adopte cette tradition des Jeux Olympiques et, en 1984, l’introduit Histoire de l’argument sportif dans les conflits et la diversité

Introduction Le sport et les activités physiques font partie intégrante de notre vie sous la forme de diver- tissements, de sports de compétition ou de jeux locaux, que nous le vivions en tant que participants, supporters ou seulement comme spectateurs, ils ont une riche histoire et sus- citent un grand intérêt dans de nombreux pays. Le sport peut être considéré comme un miroir, il reflète la position de notre société, ses misères et ses succès, ses défis et ses va- leurs socio-économiques. En jetant un œil à notre passé et à notre position générale en tant que société, en re- vanche, nous n’avons pas de quoi être fiers quand partout dans lemonde, nous faisons face aux conflits, à la pauvreté, auxmalaises sociaux et aux défis environnementaux. Dans l’en- semble, nous ne nous débrouillons pas non plus très bien en ce qui concerne la diversité, la tolé- rance et l’acceptation de l’autre et, trop souvent, ces dynamiques contribuent ou sont les causes de tensions, de conflits et même de guerres. En 1895, Coubertin, le fondateur des Jeux

54