SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

PREMIÈRE PARTIE_CHAPITRE 4

dans son idéal des Jeux Olympiques modernes, qui comprennent entre autres idéaux ceux de l’égalité, de l’équité, du respect mutuel, de la tolérance internationale et de l’entente. Convaincu de sa mission de promotion de la paix et d’entente internationale, Coubertin af- firme : « Il y a des gens que vous traitez d’uto- pistes lorsqu’ils vous parlent de la disparition de la guerre et vous n’avez pas tout à fait tort mais il y en a d’autres qui croient à la diminu- tion progressive des chances de guerre et je ne vois pas là d’utopie. Il est évident que le télé- graphe, les chemins de fer, le téléphone, la re- cherche passionnée de la science, les congrès, les expositions ont plus fait pour la paix que tous les traités et toutes les conventions diplo- matiques. Eh bien, j’ai espoir que l’athlétisme fera plus encore : ceux qui ont vu 30 000 per- sonnes courir sous la pluie pour assister à un match de football ne trouveront pas que j’exa- gère. Exportons des rameurs, des coureurs, des escrimeurs ; voilà le libre-échange de l’avenir et le jour où il sera introduit dans les mœurs de la vieille Europe, la cause de la paix aura reçu un nouvel et puissant appui. […] S’ils (les Jeux Olympiques modernes) évoluent, ce dont je suis certain, si toutes les cultures et tous les peuples y contribuent, ils pourraient être un facteur puissant, même s’il est indirect, de la paix universelle. » (Coubertin, 1895). La tradition de la trêve olympique a survécu au mouvement olympique moderne et a fina- lement été approuvée et appliquée par les Na- tions Unies. Au fil du temps, c’est l’idéal de la

« paix universelle » qui est devenu la pierre angulaire de la trêve olympique et, le 3 no- vembre 2003, l’assemblée générale des Nations Unies a adopté, dans une unanimité sans pré- cédent, l’esquisse de la résolution des Nations Unies intitulée : « Pour l’édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique » (http://www.olympic- truce.org/html/news.html). Bien que la vision de Coubertin de la trêve olympique et de la « paix universelle » soit souvent considérée comme une hyperbole utopiste, son intention a toujours été d’établir un exemple d’unité internationale : « deman- der aux gens de s’aimer l’un l’autre est puéril, leur demander de se respecter l’un l’autre n’est pas une utopie. Toutefois, pour se respecter l’un l’autre, il faut d’abord apprendre à se connaître l’un l’autre. » (Coubertin, 1966). Ainsi qu’Avery Brundage l’a affirmé, « les Jeux Olympiques ne pourront jamais prévenir les guerres, en revanche, ils peuvent imposer un bon exemple, ce qu’ils font effectivement. » (1972). La vision de Coubertin a survécu malgré de nombreuses critiques et scepticismes. Chose étonnante, à notre époque, des porte- paroles et divers efforts internationaux ont soutenu ses idéaux pendant plus d’un siècle. Ces porte-paroles comptent parmi eux l’an- cien président sud-africain et lauréat du Prix Nobel de la Paix Nelson Mandela. Ce dernier a toujours été partisan des idéaux olympiques, dont la trêve olympique, ainsi qu’un grand défenseur du sport, de la paix et du mouve-

ment olympique. En 1992, aux Jeux Olym- piques de Barcelone, Nelson Mandela était présent pour le retour de l’Afrique du Sud aux Jeux après des années de boycott internatio- nal. En 1997, il a reçu le trophée international du fairplay Pierre de Coubertin, avec ces pa- roles de Norbert Müller : « L’idéal olympique et sa quête de la paix ont été renforcés dura- blement et rendus crédibles grâce à votre en- gagement personnel. C’est pourquoi le Comité International pour le Fairplay honore au- jourd’hui monsieur Nelson Mandela en tant qu’exemple exceptionnel d’une personnalité qui a appliqué les principes du fairplay à la vie publique, principes qui constituent les fonda- tions non seulement du sport, mais également de tous les engagements sociaux dans lesquels la dignité et la valeur de toute personne sont respectées. » (Müller, 1997). En 2002, Nelson Mandela a joint sa signature à celles d’autres dignitaires pour promouvoir l’idée d’une trêve olympique pendant les Jeux Olympiques d’Hiver et d’Été. C’est à cette occa- sion qu’il a déclaré : « Les Jeux Olympiques sont l’un des moments les plus évocateurs de la célébration de notre unité en tant qu’êtres humains dans la poursuite d’idéaux nobles. Parmi ces idéaux, le plus important est la quête de la paix universelle. L’initiative de la trêve olympique est un effort infiniment louable pour nous rappeler que l’objectif au- delà des Jeux Olympiques est de donner un fond concret à l’idéal de la paix […]. » (Man- dela, 2002).

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