SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

PREMIÈRE PARTIE_CHAPITRE 4

vies ont été perdues ou affectées, et les conflits armés ont fait stagner le développement éco- nomique, social et culturel du continent afri- cain, de telle manière que la majorité des po- pulations africaines est encore frappée par des niveaux affolants de sous-développement et de pauvreté (Wunsch 2000, 489). Parmi les tentatives d’amener la paix au continent africain et au-delà, un intérêt gran- dissant a été porté au rôle d’instrument que pouvait jouer le sport dans la résolution de conflits et les questions de diversité. Le rôle du sport À un niveau individuel, le sport et les jeux sont supposés être des droits fondamentaux pour tous, mais ils sont cependant souvent ignorés ou bafoués (UNESCO, 1978). À un niveau communautaire, le sport est non seulement une activité physique, mais aus- si un terrain d’interaction sociale pour les gens. Jarvie et Maguire affirment que le sport et les loisirs font partie intégrante de la vie sociale dans toutes les communautés et sont en lien complexe avec la société et la politique (ibid 1994, 2). La culture populaire prête de nombreuses valeurs positives au sport. Le sport n’améliore pas seulement la santé, la forme physique et l’éducation, il génère des opportunités com- merciales et de l’emploi. En termes de transfor- mation de conflits, il a la capacité de réunir des gens issus de différents milieux, il transcende les divisions culturelles et ethniques, encou- rage la non-violence, la compétition juste, le

travail d’équipe et le respect, et contribue à croi- ser les dialogues culturels et l’entente, l’unité, la tolérance et la coexistence pacifique, si tant est que les programmes sportifs sont correcte- ment conçus, appliqués, gérés, suivis et éva- lués. En outre, ainsi que les études l’ont expri- mé, des facteurs correspondants doivent être pris en compte et des conditions doivent être remplies si l’on veut apprécier les valeurs posi- tives du sport susmentionnées (Keim, 2006 ; p.99). Ces facteurs sont entre autres la forma- tion d’équipes sportives multiculturelles dès l’école primaire, le rôle de la femme, le rôle des médias, un cadre législatif approprié et une politique de mise en œuvre au niveau local et national ; le suivi et l’évaluation, la collabora- tion et la coordination de plusieurs interve- nants pour n’en citer que quelques-uns. Plus récemment, le sport a été désigné par plusieurs intervenants comme moyen de contribuer à des questions mondiales concer- nant les conflits, la diversité, la réconciliation et la construction de la paix. En 2000, la majeure partie des dirigeants du monde a adopté les Objectifs du Millénaire pour le Développement, un projet des Nations Unies, lors d’une conférence de l’ONU à New York. La déclaration énumère des objectifs communs pour réduire l’extrême pauvreté et donne une série de buts à atteindre d’ici à 2015. Ces objectifs sont connus sous le nom d’Objectifs du Millénaire pour le Développe- ment (OMD). Ils sont soutenus par toutes les 189 nations présentes et ont exposé au monde

un engagement dans un nouveau partenariat mondial. Le rôle du sport a été souligné dans le cas des huit OMD : « Le sport est un langage universel. À son summum, il peut réunir les gens, quelle que soit leur origine, leur milieu, leurs croyances religieuses ou leur statut éco- nomique. Et lorsque des jeunes gens parti- cipent à des sports ou ont accès à l’éducation physique, ils peuvent faire l’expérience d’une véritable exaltation tout en apprenant les idéaux du travail d’équipe et de la tolérance. C’est pourquoi les Nations Unies se tournent de plus en plus vers le monde des sports pour nous aider dans notre entreprise de la paix et dans nos efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement. » (An- nan, 2004). Depuis l’appel à la mise en œuvre des OMD et la création d’un « groupe de travail des Nations Unies » sur le Sport au Service du Dé- veloppement et de la Paix en 2002, un bon nombre d’initiatives internationales ont été lancées pour essayer d’interpeller et de travail- ler dans le sens d’une société plus pacifique. L’une de ces initiatives était le séminaire inter- national intitulé « Prévention des conflits, maintien de la paix : le rôle du sport » qui a eu lieu en mars 2005 à Mantoue, en Italie, orga- nisé par le Conseil International du Sport Mili- taire (CSIM), qui est constitué de forces armées de 127 pays membres. En décembre 2005, la conférence de Magglin- gen a été le point culminant et final de l’Année internationale du sport et de l’éducation phy-

57

Made with FlippingBook - Online magazine maker