SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

PREMIÈRE PARTIE_CHAPITRE 4

de milieux culturels divers, certains étant ré- fugiés d’autres pays africains, transcendant ainsi des divisions raciales. (www.peace- networkwc.org, en anglais). L’initiative Kic- king for Peace a reçu en 2011 le trophée Beyond Sport du meilleur projet international dans le domaine de la transformation de conflit et du sport. La particularité de ce projet est qu’il s’agit d’une initiative développée et menée à bien localement. L’initiative AMANDLA EduFootball e.V. s’at- taque à l’un des problèmes nationaux les plus urgents : la violence des jeunes dans les zones à forte densité de population dans le township (bidonville sud-africain, N.D.T.) le plus grand d’Afrique du Sud, Khayelitsha. Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, l’Afrique du Sud détient le deuxième taux d’agressions et de meurtres le plus élevé au monde, et Khayelitsha affiche les plus gros chiffres au sein-même du pays. Pour répondre à ce problème, AMANDLA a mis en place le concept du Safe Hub (litt. « plateforme sûre », N.D.T.). Un Safe Hub est un refuge physique et mental où les jeunes peuvent trouver le soutien de bons modèles de conduite et accé- der à des informations ayant trait à la santé et à la sécurité. En organisant des activités alter- natives régulières et quotidiennes autour du football, AMANDLA peut contribuer régler les problèmes des très hauts niveaux de vio- lence chez les jeunes dans cette région (www. edufootball.org). AMANDLA EduFootball e.V. est également membre du Réseau du Cap-Oc-

en équipe. La valeur du sport dans la construc- tion d’une identité nationale, par exemple après la deuxième guerre mondiale avec le « miracle de Berne » en 1954, ou dans sa contribution à la paix et la stabilité dans certains pays dévastés par la guerre, comme le Liberia, et pour sa capa- cité à réconcilier et reconstruire des nations, a été soulignée, notamment en ce qui concerne l’Afrique du Sud. Nauright met en valeur le fait que le sport peut être considéré comme l’un des architectes les plus importants d’identités col- lectives ou de groupes dans le monde actuel. Dans de nombreux cas, les événements sportifs et la réaction des gens quant à ceux-ci sont les manifestations publiques de culture et d’iden- tité collective les plus claires dans une société donnée (Nauright, 1996, 69). Nous devons toutefois constamment res- ter conscients qu’il existe une « autre facette » du sport, qu’il présente des caractéristiques uni- ficatrices et opposantes, et qu’il peut générer des résultats contradictoires en termes de conflits et de diversité d’une part, ou de coopé- ration et « d’unité dans la diversité » d’autre part. Les événements sportifs se sont aussi révé- lés être des facteurs déclencheurs dans certains conflits internationaux, comme la dite « guerre de cent heures » qui opposa le Salvador et le Honduras en 1969. Le sport peut encourager le hooliganisme, le nationalisme et le racisme. De récents événements tels que la fusillade à l’en- contre de l’équipe de football nationale du Togo en Angola en 2012 durant laquelle trois per- sonnes ont été tuées (article « Fool’s Gold » daté du 4 février 2010 dans Newsweek Magazine,

cidental et vient juste de gagner le trophée de la résolution de conflit 2012. Voilà deux exemples pratiques de projets qui ont un impact sur la jeunesse à un niveau populaire. Il en existe encore bien d’autres à l’international, comme les Open Fun Football Schools (OFFS) en Ex-République yougoslave de Macédoine, Football4Peace en Israël/Pales- tine, War Game. No More! en République Dé- mocratique du Congo, Right to Play dans les camps de réfugiés en Afrique, auMoyen-Orient et en Asie, Peace Player International-Cyprus (PPI-CY), Basketball, the Hoops for Hope et l’initiative gouvernementale Siyadlala 1 en Afrique du Sud destinés à des participants de tous âges, pour n’en citer que quelques-uns. En effet, si les projets sportifs en faveur de la construction de la paix sont correcte- ment mis en pratique, suivis, évalués et soute- nus, ils promettent de jouer un rôle dans le processus de la transformation de conflits et de la réconciliation d’un pays. La compréhen- sion de telles hypothèses est toutefois essen- tielle si l’on veut faire en sorte que le pro- gramme maximise les possibilités d’atteindre le résultat désiré (Coalter, 2002). Il est intéressant de noter que la majorité des projets internationaux susmentionnés uti- lisent le football comme point de départ à la réconciliation entre communautés divisées. La valeur du sport – Possibilités et défis La valeur du sport est multiple. La valeur du sport comprend l’aptitude à réunir les gens, en particulier lorsqu’il s’agit de jouer et de gagner

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1) Siyadlala est un mot zoulou qui signifie “jouons”

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