SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

tences techniques, afin de développer des sec- teurs compétitifs reproduisant presque parfai- tement le régime olympique et les réseaux de fédérations sportives, et de renforcer la valeur dominante de la « solidarité sportive » à une échelle internationale. Il est important de pré- ciser que ces deux aspects du mouvement ac- centuent la différence avec les organisations sportives communistes d’offensive après le congrès de l’ISOS à Leipzig en 1922 et la rup- ture avec l’ISR. Le pan socialiste du MSO n’a pas renoncé à critiquer l’hégémonie politique bourgeoise, mais a accepté la méthode réfor- miste et n’a pas inscrit les organisations olym- piques mondiales dans la liste de ses « enne- mis ». Au contraire, à partir du Congrès de Seraing (1919), il aura toujours pour soucis de préserver son identité, surtout face aux organi- sations bourgeoises pour la jeunesse et, plus tard, de défendre le sport d’une utilisation ins- trumentalisante de la part des régimes totali- taires. Ainsi, dans la période d’après-guerre de la CSIT, l’olympisme semble marcher comme un genre « d’effet parapluie », ne prenant pas part aux conflits politiques. À l’inverse, l’ISR et les organisations sportives communistes, qui soutiennent de plus en plus l’idéologie sovié- tique après la deuxième guerre mondiale, refu- seront de participer aux Jeux Olympiques jusqu’en 1952, donnant ainsi lieu à les événe- ments alternatifs, comme les Spartakiades. Ce bref aperçu suggère que le MSO peut être inclus dans le cadre analytique de la scène politique (Benson, 1988). Selon cette perspec-

nalistes et revendiquaient leur autonomie structurelle au regard des États. Leur propen- sion à être reconnues comme sections du sys- tème olympique élargi (jusqu’en 1986) est au contraire un exemple réel de dynamique in- frastructurelle, dans laquelle les sports socia- listes veulent représenter un protagoniste né- gligé des mouvements sportifs dans leur ensemble. Leur attitude isomorphe, visant à adapter leur offre structurelle aumodèle olym- pique, peut être vue comme l’indicateur d’une dynamique infrastructurelle. Cela semble moins cohérent en ce qui concerne le rapport avec le pan communiste des organisations sportives travaillistes, au moins jusqu’à la fin des années 60. Organisation, conflit et compétition D’un point de vue sociologique, on peut ana- lyser ce rapport comme une compétition in- frastructurelle au sein-même du mouvement travailliste global (à commencer par le Congrès de Seraing en 1919) et plus tard, par le front antifasciste élargi. En même temps, nous avons affaire à un conflit inter-structurel clas- sique, avec comme enjeu le rôle dominant dans les organisations populaires et prolé- taires impliquées dans des sports de compéti- tion en amateur et des activités récréatives. Bien entendu, cette suggestion de catégorie analytique risque de se révéler inutile et trop abstraite si l’on ne se focalise pas (i) sur l’his- toire concrète de l’évolution des mouvements et (ii) sur le changement des rapports entre les acteurs sportifs et leur environnement social.

tive, les acteurs sportifs populaires ne peuvent pas être représentés comme des terminaux passifs du système politique central, fonction- nant dans un sous-système périphérique et exprimant un genre d’intentionnalité dérivée. Au contraire, cette approche souligne l’inten- tionnalité – c’est-à-dire l’historicité – de leur action sociale. Cela implique que l’analyse des mouvements sportifs en général et, plus spéci- fiquement, de leurs changements culturels et structurels du début du 20e siècle jusqu’à l’ère moderne tardive, nécessite des instruments de recherche appropriés. Surtout, nous ne pou- vons pas privilégier un point de vue inspiré par des théories commerciales et/ou par les études menées sur les micro-organisations. Il semble plus prometteur de développer une perspective institutionnelle, selon laquelle les institutions sont considérées comme des variables indépen- dantes , créatrices de politiques – en termes d’identités, de rapports de force et de stratégies –, et des variables dépendantes , dessinées par l’histoire politique et les changements sociaux. Cela veut dire que les institutions sont capables d’autonomie et de « résistance », mais qu’elles fonctionnent en respectant une série de choix contraints. De cette manière, nous pouvons intégrer dans un milieu politique particulier, tel que le MSO, l’idée cruciale de conflit. Cette idée peut se rapporter à la fois au niveau infras- tructurel et inter-structurel. Jusqu’à la seconde guerre mondiale, l’ISO et l’ISOS accentuaient leur différend avec les fédérations bourgeoises, opposaient leurs valeurs à celles des organisa- tions sportives populaires religieuses et natio-

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