SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

PREMIÈRE PARTIE_CHAPITRE 5

4. la constitution d’un système de contraintes et d’opportunités en ce qui concerne la régulation infrastructurelle, l’intégration de valeurs, l’émancipation et le renouveau des objectifs, de la loyauté et du dévelop- pement des partenariats. En outre, le modèle de la scène politique résu- mé ci-avant doit faire l’objet d’une vue histo- rique d’ensemble, afin de mieux localiser les changements et les différentes stratégies structurelles adoptées par le MSO. Nous pou- vons distinguer environ sept phases : La première recouvre la période comprise entre la fondation de l’ISO (Gand, 1913) et la reconstruction du mouvement sous le nom d’ISOS après la première guerre mondiale (Lu- cerne, 1920). La deuxième concerne les années 1920 à 1933 (9e congrès, tenu à Liège), alors que l’or- ganisation sportive socialiste (la « quatrième force » des mouvements ouvriers) affronte déjà les effets de la menace fasciste et des divi- sions politiques au sein des anciens partis de la classe ouvrière. La troisième période, de 1933 à la seconde guerre mondiale, est la plus difficile dans l’histoire de l’organisation, obligée de camper sur ses positions tout en étant privée du sou- tien des mouvements populaires démocra- tiques dans les pays soumis à des régimes réactionnaires et au contrôle totalitaire : c’est pourtant la période au cours de laquelle la solidarité entre les partis socio-démocrates et pro-travaillistes s’est renforcée et que les syn-

dicats ont acquis une influence croissante dans la plupart des pays démocratiques. Dans l’après-guerre, nous comptons quatre phases supplémentaires : En 1946, la CSIT voit le jour à Bruxelles, elle est la troisième « réincarnation » du MSO. Cette période de refondation totale sera conclue en 1963 (Congrès d’Helsinki), don- nant naissance à une structuration organisa- tionnelle du mouvement focalisée sur la dé- centralisation et le soutien des disciplines techniques. Dans la cinquième phase (du Congrès d’Helsinki au Congrès de Tel-Aviv de 1978), il se peut que le MSO fut le premier à s’intéresser à l’expérience naissante du « sport pour tous », en rapport avec la politique des États-provi- dence (DaCosta & Miragaya, 2002 ; Heine- mann, 2003). Cette perspective innovatrice sera adop- tée de plus en plus largement au cours de la sixième période de l’organisation, du Congrès de Lisbonne (1981) à l’assemblée de Vienne en 1996, qui recouvre la reconnaissance officielle de la CSIT par le CIO (1986) en tant que membre à part entière du système olympique. C’est également à cette période que le MSO a expérimenté et promu un élargissement cou- rageux du mouvement afin d’inclure de nou- veaux acteurs sportifs et sujets politiques. Cela a obligé la CSIT à faire face à des contradic- tions internationales de même qu’à des conflits et des tensions infrastructurelles, ré- vélant de grandes différences internes entre les organisations sportives à travers le monde,

et nécessitant par conséquent un leader re- nouvelé et plus puissant. La septième période commence idéale- ment par le Congrès d’Eilat en 1998 et se ter- mine provisoirement à l’assemblée de Rio de Janeiro en 2011. Dans notre perspective, il est important de souligner quelques tendances émergentes dans cette phase. En effet, le MSO montre une attention croissante envers le phé- nomène du sport pour tous en tant que nou- veau droit du citoyen, et veut l’inclure dans l’agenda des États-providence. Cette révision cruciale de la mission originale de l’organisa- tion a amené à un détachement plus net d’une approche plus traditionnelle du sujet. Elle im- plique en particulier une distinction claire avec la représentation Nord-américaine du sport pour tous comme pratique sociale exclu- sivement réservée à l’intégration des minori- tés, aux personnes handicapées et/ou à des activités strictement orientées vers la santé. Cela signifie que la CSIT, en reconnaissant le sport pour tous comme une composante es- sentielle du système sans but lucratif (An- heier, 2000 ; Porro, 2001a, 2005), a contribué à le libérer de son rôle obsolète et à anticiper des tendances novatrices qui seront mentionnées par exemple dans le Livre Blanc sur le sport de la Commission Européenne (2007) et, plus of- ficiellement, dans le Traité de Lisbonne signé par l’Union Européenne et dans le programme de Coubertin (2008). En même temps, à l’époque d’une mondialisation menant à un processus de changement et d’un affaiblisse- ment du pouvoir des anciens dispositifs idéo-

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