SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

logiques, le MSO s’est de plus en plus posi- tionné dans un système élargi de relations politiques avec des partenaires progressistes et démocrates qui n’appartenaient pas forcément aux organisations socialistes traditionnelles. Donc, la situation actuelle du mouvement peut être résumée comme étant une double perspective. D’une part, la CSIT s’engage à un régime d’aide renouvelé incluant le sport en tant que promoteur d’un capital social dans un schéma idéal de nouveaux droits des citoyens (Putnam, 2000). Cette approche accentue for- tement les racines européennes du mouve- ment dans sa représentation renouvelée d’une citoyenneté sociale. D’autre part, c’est à cette période que la CSIT augmente son nombre de membre et renforce son rôle international en tant qu’acteur organisationnel à échelle mon- diale. À la suite du Congrès tenu à Rio de Ja- neiro en 2011, 9 pays en dehors de l’Europe se sont ajoutés à la Confédération, et quatre de plus sont candidats à l’entrée à la CSIT. En d’autres termes, nous pouvons définir le MSO à la fois comme un héritage de la philosophie européenne de solidarité sociale et comme point de référence pour une interaction mon- diale des événements sportifs. Ses racines eu- ropéennes et sa déseuropéanisation structu- relle semblent cohabiter et s’entre-alimenter, une dialectique sociologique bien stimulante. Quelques modèles d’analyse Afin de proposer une représentation synop- tique des évolutions du MSO, nous pouvons nous référer à une adaptation du modèle clas-

sique de Rokkan (1969, 1970) concernant l’époque de la Construction des Nations, la modernisation de l’Europe, la mobilisation sociale et le phénomène d’institutionnalisa- tion structurelle. Cet aperçu est élaboré en accord avec l’exemple de la scène politique. Il peut être efficacement appliqué au mouve- ment, en unifiant les trois périodes comprises entre la fondation officielle en 1913 et la se- conde guerre mondiale. La période 1913-1939 se caractérise par trois dynamiques structurelles principales : 1. l’incorporation au mouvement de diffé- rentes expériences partageant une foi po- litique commune et se définissant sur un champ de bataille commun. Cela impli- quait le soutien d’une représentation des activités physiques démocratique et socia- lement intégratrice, et promouvait des campagnes civiques orientées vers le sport et la santé. Le MSO était, en effet, l’un des opposants les plus cohérents à l’utilisation nationaliste du sport et sa soumission aux régimes politiques. Ainsi, le mouvement défendait une représentation démocra- tique du sport contre sa dégradation en instrument passif de contrôle totalitaire des masses. 2. La mobilisation de nouveaux athlètes en composante d’un sous-système social plus large, en rapport avec la classe ouvrière. Cela signifie qu’elle était fermement ancrée dans l’un des clivages les plus caractéris- tiques, selon Rokkan, de la modernisation politique européenne. Plus particulière-

ment, celle produite durant l’époque de l’industrialisation par l’opposition de la classe ouvrière à la bourgeoisie. 3. D’un point de vue culturel, la troisième caractéristique importante du MSO dans l’entre-deux guerres – notamment vers la fin de la construction de la Nation et dans la dite « troisième vague » de la sportivisa- tion de l’Europe – devant être soulignée est sa fière revendication de représenter une alternative sociale à l’idée élitiste du sport victorien comme système « d’activi- tés de loisirs des classes » (Veblen, 1899). Si nous regardons bien la seconde période d’après-guerre (avec les quatre périodes struc- turelles susmentionnées), les principaux exemples qui pourraient nous donner un sy- nopsis imagé du mouvement peuvent être ra- menés à trois modèles conceptuels : le sport travailliste, le sport de l’État-providence et le sport pour tous/tout le monde. La figure 1 re- prend les caractéristiques distinctives de ces trois périodes. Le tableau concerne le système sportif non lucratif dans son ensemble, mais peut aussi être utile pour mieux identifier les expériences pécuniaires du MSO. (Figure 1, page 77) Ce type d’analyse est en phase avec celle suggé- rée par Kikulis, Slack et Hinings (1992), et plus tard, par Slack (1997). Elle implique une ap- proche méthodologique double (Porro, 2001b). D’une part, les profils statistiques, légaux et historiques du MSO doivent être reconstitués

76

Made with FlippingBook - Online magazine maker