SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

souhaité sa séparation du mouvement sportif bourgeois. En 1928, les clubs sportifs tra- vaillistes de l’opposition de gauche ont fondé Arbetarnas Idrottsförbund (AIF), l’association sportive travailliste pour leur organisme cen- tral. L’union était politiquement dominée par le Parti Communiste (Pålbrant, 1977, 153–164). L’AIF avait quelques centres forts, surtout dans le Nord de la Suède, mais l’organisation pâtis- sait simultanément des querelles et dissolu- tions incessantes du mouvement communiste suédois. En 1936, l’AIF a été dissolue. Il est im- portant de noter que le sport travailliste suédois n’a jamais participé à la coopération internatio- nale du sport travailliste dans le cadre de la SASI ou de la CSIT. Au Danemark aussi, les premiers clubs sportifs ouvriers coopéraient avec le mouve- ment sportif bourgeois. Au cours des années 20, en même temps que l’augmentation de la discrimination politique du sport travailliste de la part des bourgeois, le besoin d’une sépa- ration s’est fait sentir. À l’inverse de leurs ho- mologues suédois, les leaders du parti social- démocrate danois ont soutenu la constitution de l’union centrale du sport travailliste. Lors d’une conférence tenue à Odense en mai 1929, cinquante clubs de sport travaillistes ont fon- dé le Arbeider Idrættsforbund (DAI) danois, qui a coopéré avec la SASI durant les années 30 et a participé aux Olympiades Ouvrières de Vienne et d’Anvers. Néanmoins, le DAI ne s’est jamais transformé en mouvement massif. Au début des années 30, l’union comptait environ 20 000 membres. Durant l’Occupation alle-

mande, les clubs du DAI ont été forcés de re- joindre le mouvement sportif national qui était standardisé sur le modèle allemand. Après la seconde guerre mondiale, le DAI fut fondé à nouveau et, depuis 1946, l’union est associée à la CSIT (Thomsen, 2004). En Norvège, le sport ouvrier organisé a été influencé par les querelles et dissolutions du mouvement politique travailliste encore plus que dans d’autres pays scandinaves. Comme dans bien d’autres pays, en Norvège aussi, peu après la première guerre mondiale, une opposition de gauche dans les clubs de sport travaillistes a été fondée sous la forme d’une union centrale nationale, Norges lands- forbund for Idrett (NLFI) (Olstad, 1987, 205– 236). Les clubs de l’opposition sportive ont commencé à coopérer avec l’Internationale Rouge Sportive (IRS) qui avait été fondée en 1921 par l’Internationale Communiste (Ko- mintern) à Moscou. Cette décision s’inscrivait dans la ligne des choix politiques du parti tra- vailliste norvégien (Det Norske Arbeiderpar- ti), qui avait rejoint le Komintern. Malgré que le parti fût renvoyé du Komintern en 1923, le sport travailliste norvégien a continué sa coo- pération avec l’IRS. En juin 1924, l’union cen- trale du sport travailliste norvégien, Arbei- dernes Idrettsforbund (AIF), fut fondée. Jusqu’en 1929, l’union était une partici- pante active du mouvement sportif commu- niste, mais après quelques changements poli- tiques au sein de la direction de l’union en faveur des social-démocrates, l’AIF a rejoint la SASI (Hofmo 1937, 63–66). Au cours des années

30, les sportifs travaillistes norvégiens ont rem- porté un franc succès lors de leur participation aux Olympiades Ouvrières. Sous l’Occupation allemande, l’AIF fut interdite. Peu après la se- conde guerre mondiale, en 1946, l’AIF a décidé de fusionner avec l’union nationale sportive norvégienne, la NLFI. C’est la raison de l’ab- sence totale du sport travailliste norvégien dans les coopérations internationales de sport ouvrier organisées par la CSIT. En Finlande, le développement du sport ouvrier était fermement enraciné dans les as- sociations travaillistes locales, qui étaient les organisations de base du parti social-démo- crate. Dès 1917, plus de 120 clubs sportifs ont été fondés dans le cadre des associations tra- vaillistes. La plupart d’entre eux appartenaient à la fédération gymnique et sportive finlan- daise (Suomen Voimistelu- ja Urheiluliitto, SVUL), établie en 1906. Certains clubs sportifs ouvriers ont connu un grand succès dans les sports de compétition, en particulier en lutte et en ath- létisme et ce, avant la première guerre mon- diale. L’amère guerre civile de 1918 a séparé le mouvement sportif finlandais en deux. La di- rection de la SVUL décida en novembre 1918 d’exclure tous les clubs sportifs qui avaient envoyé des troupes aux Gardes Rouges. Si plus de 50% des membres du club avaient participé à la guerre du côté rouge, le club devait égale- ment être exclu. En outre, les sportifs qui avaient été condamnés pour leur participation à la guerre devaient être renvoyés à la vie ci- vile (Hentilä 1982, 66–70).

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