SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

SECONDE PARTIE_CHAPITRE 6

Seulement deux mois après la décision fa- tidique de la SVUL, en janvier 1919, des délégués de 56 des clubs de sport exclus fondèrent une nouvelle fédération centrale pour le sport tra- vailliste finlandais (TyöväenUrheiluliitto, TUL). Bien que durant les années 20 et 30, les pres- sions politiques de la droite, de même que les querelles intestines entre sociaux-démocrates et communistes furent difficiles, la TUL s’est transformée en une organisation très vivante et prospère. On peut noter la forte orientation de la TUL pour les sports de compétition qui leur a valu de grandes victoires lors des Olympiades Ouvrières de 1925, 1931 et 1937 (Hentilä, 2001, 256–271). La TUL a été l’un des fondateurs de l’ISL et est resté membre de la SASI. Lorsque la CSIT fut créée en 1946, la TUL finlandaise était encore présente. Les trois décennies qui ont suivi la seconde guerremondiale ont été les plus florissantes pour le développement organisa- tionnel et athlétique de la TUL. À la fin des an- nées 70, le nombre de membres de la TUL était grimpé à 450 000. Avec l’ASKÖ autrichienne, la TUL constitue l’un des membres les plus puis- sants de la CSIT depuis 1946. Vers une collaboration internationale Promouvoir une solidarité internationale et la paix dans le monde était depuis le début l’un des piliers de l’idéologie du sport travailliste. C’est pourquoi il semblait plutôt naturel que les unions sportives travaillistes internationales veuillent établir des contacts et partenariats internationaux le plus vite possible. La pre- mière assemblée pour l’organisation du sport

ouvrier international a eu lieu à Gand, en Bel- gique, le 10 mai 1913. Cette initiative était celle du Belge Gaston Bridoux et du Français Charles Saint-Venant. M. Bridoux était à la tête de la première organisation de sport ouvrier belge (la Fédération Socialiste de Gymnastique), éta- blie en 1904. M. Saint-Venant, pour sa part, était un membre du conseil d’administration du mouvement des jeunes socialistes français. La réunion de Gand était soutenue par le bu- reau de l’Internationale Socialiste qui était à l’époque situé à Bruxelles (10 Jahre SASI, 7–8). En plus de représentants belges et fran- çais, un délégué du club cycliste anglais Cla- rion, Tom Groom, a assisté à la réunion, et Gerhard Hoff, trésorier d’un club de gymnas- tique local allemand, était présent à l’assem- blée sans mandat officiel. Les dirigeants des plus puissantes organisations sportives ou- vrières allemandes de la Commission Centrale Allemande n’ont pas voulu participer car ils pensaient qu’il était encore trop tôt pour une coopération internationale dans le sport tra- vailliste. Malgré tout, les participants à l’as- semblée de Gand ont décidé d’établir une or- ganisation groupée appelée Association Socialiste Internationale d’Éducation Phy- sique (ASIEP). Certains représentants de mou- vements sportifs travaillistes autrichiens et suisses ont annoncé qu’ils étaient également intéressés dans la participation aux activités de l’ASIEP. Finalement, en mars 1914, la plus grande union allemande, l’Arbeiter-Turner- bund, proposait sa participation. L’ASIEP se considérait comme une organi-

sation d’aide à l’Internationale Socialiste dans le domaine de l’éducation physique. Organiser des échanges internationaux de sport ouvrier pro- mouvrait l’accomplissement des objectifs révo- lutionnaires du mouvement des travailleurs socialistes. Toutefois, avant que le premier fes- tival international de sport de l’ASIEP n’ait pu avoir lieu en août 1914 à Herstal, en Belgique, la première guerre mondiale a éclaté et anéanti la coopération dumouvement sportif ouvrier pen- dant cinq ans (Gounot 2002, 27–28). Aussitôt que la guerre fut finie, deux acti- vistes du sport travailliste belges, Gaston Bri- doux et Jules Devlieger ont appelé les sportifs travaillistes français et anglais à un rassemble- ment, qui eut lieu en août 1919 à Seraing-sur- Meuse, en Belgique. Deux questions impor- tantes y furent débattues : allons-nous faire revivre le sport travailliste international, et faut-il y autoriser la participation des Alle- mands et des Autrichiens (10 Jahre SASI, 9–13) ? Comme nous le savons, l’Allemagne et l’Au- triche étaient bannies par le CIO et n’étaient pas invitées aux Jeux Olympiques d’Anvers en 1920 et en Allemagne, ni même aux Jeux de Paris en 1924. Les dirigeants du sport travailliste eux aussi, lors de leur réunion à Seraing, décidèrent de boycotter l’Allemagne et l’Autriche. Néan- moins, ils demandèrent l’opinion d’autres pays en envoyant un courrier aux unions nationales. La TUL en Finlande, qui avait été fondée six mois plus tôt en 1919, leur répondit qu’elle ne serait prête à rejoindre le Sport Travailliste In- ternational que si tous les sportifs ouvriers du monde y étaient acceptés comme membres.

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