SPORT, PAIX ET DÉVELOPPEMENT 1913 -2013

Le président de la TUL, Eino Pekkala, fit remarquer dans sa lettre à Gaston Bridoux qu’il serait injuste d’accuser les travailleurs allemands et autrichiens d’avoir déclenché la guerre (Hentilä, 1982, 136). Dès que la question de l’Allemagne fut ré- solue, les délégués du sport travailliste de sept pays (Belgique, Tchécoslovaquie, Angleterre, Finlande, France, Allemagne et Suisse) se sont réunis à Lucerne, en Suisse, les 13 et 14 sep- tembre 1920. Il faut noter que l’Autriche, qui était l’une des nations les plus puissantes au niveau du sport travailliste, n’était pas représen- tée à la conférence. Au lieu d’y envoyer un délé- gué, la fédération sportive ouvrière autrichienne promit dans une lettre sa coopération au mou- vement travailliste sportif international. La dé- cision la plus importante à l’assemblée de Lu- cerne fut la fondation du sport travailliste international (l’Association Internationale pour le Sport et la Culture Physique, appelée Interna- tionale Sportive de Lucerne, ISL). Comme nous l’avons dit plus tôt, le nom de l’organisation fut transformé en 1928 en Internationale Socialiste du Sport Travailliste, la SASI (Sozialistische Arbeitersport-Interna- tionale). Principes idéologiques du sport travailliste Parmi les participants à la conférence de Lu- cerne se trouvaient beaucoup de ces activistes du sport travailliste qui devraient, au cours des années à venir, occuper des positions de diri- geants au sein de leurs unions nationales de sport travailliste, de même que dans le mou-

vement sportif travailliste international. Gas- ton Bridoux et Jules Devlieger en Belgique et Tom Groom pour l’Angleterre avaient déjà participé aux réunions de Gand en 1913 et de Seraing en 1919. Le mouvement du sport tra- vailliste allemand était représenté à Lucerne par Fritz Wildung, Cornelius Gellert et quatre autres délégués. De même, Anton Guillevic pour la France, Rudolf Silaba pour la Tchécos- lovaquie et V.J. Kostiainen pour la Finlande se révèleraient à leur tour être des figures de proue de l’ISL/SASI au cours des années 20 et 30. Lors du congrès de Lucerne, Gaston Bri- doux fut élu président et Jules Devlieger, se- crétaire de l’ISL. En tant que membres du co- mité de direction, Gellert, Guillevic, Silaba et Wildung furent choisis. Les bureaux de l’Inter- nationale étaient situés à Bruxelles (10 Jahre SASI, 13–15). Plus tard, lorsqu’un nouveau pré- sident serait élu, les bureaux déménageraient toujours dans la capitale de son pays d’origine. La conférence de Lucerne n’a pas proposé de statut officiel pour l’Internationale. Au lieu de cela, les participants ont publié une déclara- tion commune qui cristallisait les grands prin- cipes idéologiques du sport travailliste (« Rap- port du 3e Congrès »). Le mouvement sportif international de la classe ouvrière a entrepris de réaliser les objectifs socialistes de la culture physique. C’est pour cette que raison que l’ISL s’est donné pour but de transformer la culture physique socialiste en une part entière dumou- vement ouvrier. Le sport ouvrier constituait donc un pan important de la culture de la classe ouvrière. Sa tâche principale était d’éduquer la

jeunesse socialiste dans son corps et son esprit afin d’en faire des êtres humains équilibrés, qui auraient la maturité de réaliser les objectifs du mouvement de la classe ouvrière. Sur la base des déclarations approuvées lors de la confé- rence de Lucerne, nous pouvons résumer les grands principes idéologiques du sport tra- vailliste comme suit : 1. L’équilibre entre éducation intellectuelle et physique ; 2. La priorité du sport travailliste sur l’ath- létisme de compétition (l’athlétisme de compétition peut être une discipline pré- cieuse et ennoblissante, voire exemplaire, mais pratiqué à son extrême dans la com- pétition, il mènerait à la dégénérescence du sport) ; 3. La promotion de la paix et d’une solida- rité internationale ; 4. Le lien avec les objectifs politiques et sociaux du mouvement ouvrier : « être un athlète, c’est bien ; être un athlète et un socialiste, c’est mieux ! » (Cette devise provient de la déclaration de l’ISL/SASI tenue lors de la conférence de l’Interna- tionale à Vienne durant les deuxièmes Olympiades Ouvrières en 1931). En 1931, l’ISL/SASI a atteint son plus grand nombre d’adhérents. Les unions travaillistes sportives nationales qui appartenaient à l’Inter- nationale comptaient environ 1,8 millions de membres (Nachrichten der Sozialistischen Ar- beitersport-Internationale, Jg. 1931/32), quoique plus de la moitié d’entre eux fassent partie de

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