journal d'une transition

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. D : « Oui. Alors, tu te demandes… il y a quelques personnes qui me sont proches et qui… on a plutôt envie de rester tranquilles pour le moment, d’attendre… Ce n’est pas qu’on attende sans… comme un poisson mort… Mais on attend… »

. MHB : « C’est la position adoptée… »

. D : « Il n’y a pas… et puis, tu ne veux pas devenir cynique : tu ne peux pas, ce n’est même plus possible de devenir cynique ; si tu es en chemin, tu ne peux pas en vouloir aux autres, ça aussi, c’est fini ! Mais en même temps, tu ne vois pas comment partager avec, comme cela, sous prétexte qu’untel et untel sont ‘Auroviliens’… Avant, tu pouvais peut-être te dire que, oui, s’ils sont vraiment Auroviliens, tu peux apprendre un peu avec eux ; maintenant, c’est incertain. On en est tous là… enfin, je suppose ! » . MHB : « Auroville a peut-être été aussi toujours comme cela, mais est ce que le fait de s’ouvrir par des entreprises à dimension économique et commerciale, qui vous permettent tout simplement d’exister en tant que structure, est ce que ça n’a pas été le lien ? » . D : « Avec une atmosphère ordinaire ? Non, mais tu sais, c’est parce que l’on n’a pas bien compris… ! Parce qu’il n’y a aucune raison… la réalisation qui nous est demandée est de mettre au service du progrès essentiel tous les moyens d’action – tous les moyens : et le commerce en est un. Donc, c’est encore une fois par manque d’exigence que tu te laisses te justifier à toi-même, parce que tu es en contact avec l’atmosphère ordinaire du monde, que tu cèdes du terrain. Mais ce n’est pas vrai, ce sont des faiblesses que nous- mêmes… dont on est nous-mêmes responsables. Sinon, tu n’as aucune raison. Tu peux très bien faire, avoir une activité commerciale, et avoir toute la joie de transformer l’énergie acquise en énergie constructive, d*être tout simplement un canal. Il y a une joie formidable à cela. Tu te sens accompli, tu te sens utilisé de façon fonctionnelle et pour quelque chose qui a tant de possibilités… Au lieu de cela, tu te trouves en train d’avoir ton… ta petite affaire, et d’y tenir parce que cela te demande beaucoup d’efforts et beaucoup d’attention et tu n’as pas envie qu’on te dérange, et puis tu sais mieux que les autres… »

. MHB : « D’en faire une chose à soi… ? »

. D : « Oui ; et puis tu sais mieux que les autres comment… c’est toi qui l’as fait ! Alors, c’est tout cela, c’est tous ces trucs, mais dont on est responsable… »

. MHB : « Ca ne sert à rien, d’inscrire ici cette expérience comme une tentative d’expérience libertaire ? »

. D : « Je ne sais pas ce que ça veut dire, ‘libertaire’… Cela a une connotation un peu… qui ne me… »

. MHB : « Politique ? »

. D : « Oui. »

. MHB : « Là je te coupe lamentablement, excuse-moi ! Discussion sur l’anthropologie : tu cites un livre, dont le titre serait sur un certain Ismaël, sur la

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