La Presse Bisontine 85 - Février 2008

La Presse Bisontine n°85 - Janvier 2008

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REPORTAGE De 6 h 45 à 22 heures Une journée à Paris avec le député Jacques Grosperrin Un député, ça sert à quoi ? Pour répondre à cette question faussement naïve, La Presse Bisontine a suivi le quotidien d’un des deux parlementaires bisontins, l’U.M.P. Jacques Grosperrin. Une journée ordinaire… au pas de charge.

M ardi 18 décembre 2007. Petit matin frileux aux abords de la gare Viot- te. À 6 h 45, l’endroit com- mence à vivre des premières allées et venues des voya- geurs. Sur le quai, manteau de laine sur les épaules, il fait déjà la causette à ses pre- miers interlocuteurs, croisés au hasard du hall de gare. 7 h 05, le T.G.V. à destination de Paris-Gare de Lyon s’ébranle. Première classe, silence feutré dans la rame. La nuit n’est pas encore ter- minée pour certains. Premier geste presque machinal de la journée de travail du député Jacques Grosperrin, il branche son P.C. Une cinquantaine d’ e-mails reçus depuis la veille. Après avoir décortiqué cette “paperasse électronique”, il se connecte sur le site de l’Assemblée Nationale, puis sur celui du groupe U.M.P. qui le tient informé des pro- chains sujets d’actualité. “Pour moi, le train, c’est la possibi- lité de faire 5 heures de tra- vail en plus en un aller-retour.” Voilà six mois que Jacques Grosperrin a changé de ryth- me de vie. “Au début de la législature, on se sent un peu paumé. Il m’a fallu quatre mois d’adaptation pour vrai- ment prendre mes marques. Dans cette période d’apprentissage, Françoise Branget m’a beaucoup aidé. Avec le rythme des semaines que l’on a, on ne s’appartient plus. La transition est rude entre deux postes dans l’opposition - conseiller régio- nal et général - à une fonc- tion de parlementaire” recon- naît M. Grosperrin. 8 h 30, direction la voiture- bar. “C’est souvent là que ça se passe” dit-il. On y croise un chef d’entreprise du bâti- ment, un artisan de Mami- rolle, le directeur général du C.H.U, le responsable admi- nistratif du F.C. Sochaux, le

cadre d’une banque bisonti- ne… Un petit café, la cau- sette avec ces personnalités locales et le train à grande vitesse approche déjà de la capitale. 9 h 40 : le T.G.V. entre gare de Lyon. Le député Grosper- rin s’engouffre dans les entrailles de la gare. Métro, ligne 14. “Je préfère prendre le métro. Premièrement, c’est une manière comme une autre de rester des gens normaux et deuxièmement, c’est plus rapide que le taxi” lance le député d’un pas pressé.Vingt minutes et un changement de ligne plus tard, arrêt à la station “Assemblée Nationa- le”. Timing parfait : le pre- mier rendez-vous de la jour- née est à 10 heures. Auparavant, juste le temps de faire un saut dans le bureau du député bisontin, au 233 du boulevard Saint-

l’Assemblée Nationale où se tient la réunion plénière du groupe U.M.P. Thèmes abor- dés : le traité simplifié, le rôle des parlementaires, le lan- cement du “club des 27”, une idée du président du groupe Jean-François Copé - “un peu pour se faire mousser” - des- tinée à débattre des questions européennes. Midi : cocktail - un des innom- brables - dans les somptueux salons de l’hôtel de Lassay, la résidence du président de l’Assemblée. On y retrouve l’autre députée bisontine, Françoise Branget. “Les deux premiers mois, j’ai pris 4 kg. On a l’occasion de prendre deux ou trois repas en même temps tellement il y a d’occasions” glisse le député. Champagne et petits fours de la République sont appré- ciés par la délégation euro- péenne présente ce jour-là… 13 h 30 : repas au huitième étage d’un immeuble de l’Assemblée, voisin du Palais Bourbon. Vue imprenable sur la capitale. 14 h 30 : la réunion de commission est déjà enta- mée, juste le temps d’y faire un saut avant 15 heures. C’est l’heure des traditionnelles questions au gouvernement, retransmises en direct à la télévision. Dans l’Hémicycle, Jacques Grosperrin observe, sourit,

Jacques Grosperrin retrouve sa collègue bisontine Françoise Branget. Ce n’est pas le moment le plus désa- gréable de la journée : un cocktail dans les salons de l’hôtel de Lassay.

Germain, où l’attend son assistante parlementai- re Kristelle Hourque. On tombe la ves- te, un œil rapide sur les dossiers du jour. Puis direction la galerie des fêtes de

applaudit, chuchote avec son voisin de banc. Les questions au gouvernement, c’est un peu le théâtre des parle- mentaires : on s’invective, on se chambre, on se hue. Les ministres sont titillés, ils répondent du tac au tac. Cour de récréation ? Presque. D’ailleurs, le vrai travail d’un député, ce n’est pas là que ça se passe. Jacques Grosperrin est membre de la commission des affaires culturelles, fami- liales et sociales. “L’Hémicycle, c’est vraiment la face visible de l’iceberg. On passe beau- coup plus de temps dans les commissions.” À 16 h 30, il choisit l’un des quatre ateliers thématiques proposés : Union méditerra- néenne, P.A.C., lutte contre le terrorisme, immigration ? Que choisir quand quatre réunions sont proposées en même temps ? “C’est vrai- ment ce qu’il y a de plus com- pliqué : organiser nos jour- nées à Paris avec le plus d’efficacité possible.” Entre- temps, un coup de fil : le grou- pe U.M.P. le rappelle en séan- ce : il n’y a pas assez de députés de droite pour voter un texte ! Autre message de son assistante une heure après : le député bisontin apprend qu’il est nommé à la mission d’information sur le financement des structures associatives. Une aubaine pour celui qui est aussi conseiller général. “Mon tra- vail de député sert beaucoup à mon travail de conseiller général.” Le cumul des man- dats ? “C’est tendance de cri- tiquer le cumul des mandats. Moi, j’estime que ce genre de cumul permet au contraire de gagner du temps et d’améliorer le travail” répond Jacques Grosperrin. L’agenda du député est rem-

“Avec le rythme des semaines, on ne s’appartient plus.”

“La première émotion que j’ai eu en arrivant à l’Assemblée, c’est en voyant un tableau représentant Jaurès qui haranguait Clemenceau. Ces lieux n’ont pas changé, ils sont chargés d’histoire et de symboles.”

pli sept jours sur sept. Le lun- di, il est à sa permanence bisontine de l’avenue Édouard-Droz. Du mardi au jeudi, à l’Assemblée, avec sou- vent plusieurs allers-retours Besançon-Paris. Le vendre- di est consacré aux rendez-

prix… “Quand je reçois des amis à lamaisonmaintenant, c’est le dimanche soir.” C’est la nouvelle vie à 100 à l’heure de Jacques Grosper- rin. Il ne s’en plaint pas. Depuis 1998 et sa première tentative pour devenir conseiller général, il est tou- jours en quête de faire mieux. Élu en 2001 au Conseil géné- ral, puis en 2004 au Conseil régional, il est désormais député. La mairie de Besan- çon ? Il y songe déjà…pour 2014. On dit de lui qu’il est ambitieux. L’ancien cham- pion de lutte et de judo qu’il est a cette réponse, nette : “L’ambition, c’est une vraie qualité à mes yeux.”

7h15, dans le T.G.V., le député prend connaissance de tous ses mails avant de balayer l’actualité du jour.

vous deman- dés par les habitants de sa circons- cription. Le samedi et le dimanche, il assiste aux réceptions, invitations, repas, inau- gurations, remises de

Le vrai travail, ce n’est pas là que ça se passe.

Arrivé à Paris, premier point avec son assistante Kristelle Hourque.

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