La Presse Bisontine 85 - Février 2008

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 85 - Février 2008

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SANTÉ

Le Professeur Alain Neidhardt a longtemps été chef du S.A.M.U. bisontin.

Un curieux musée de l’anesthésie Quand la salle d’op’ devient musée Le Professeur Alain Neidhardt semble faire partie de ces infatigables, de ces retraités qui ne décrochent jamais vraiment tant leur métier fut une passion dévorante. Étrange paradoxe chez cet homme très alerte qui n’a pas la langue dans sa poche, sa passion à lui, c’est l’anesthésie. Il a même décidé de lui consacrer un musée.

D errière les grilles de l’hôpital Saint-Jacques, au premier éta- ge du cloître, se cache le muséum d’anesthésie et des techniques médico-chirurgicales. Heu- reusement, une petite affichette datant des Journées du patrimoine montre le chemin. Sur le palier, l’imposante chapelle du plafond, classée, à droi- te, la salle de réveil de gynécologie, toujours en service et tout droit, une double porte comme dans n’importe quel service hospitalier, la porte du musée. Fondateur et conservateur,AlainNeid- hardt s’est attribué un petit bureau, pas franchement luxueux mais qu’importe. Les trésors sont ailleurs. Aujourd’hui, le musée dispose d’une collection de 350 appareils, instru- ments et prototypes dont certains mis au point par le Professeur lui-même. L’ancien interne des hôpitaux d’Alger, pédiatre de formation qui se réorien- te rapidement vers l’anesthésie “par- ce que c’est une période (les années

soixante) où il y a beaucoup de morts avec l’utilisation de nouvelles drogues plus volatiles” arrive au C.H.U. de Besançon en 1976. Après quatre ans passés au Maroc, il devient chef de service du S.A.M.U. jusqu’en 2000, année de son départ en retraite. “J’ai toujours eu un esprit conserva- teur. Comme il est prévu que Saint- Jacques déménage à Châteaufarine, je redoutais que beaucoup de choses aillent à la benne, en particulier un

hardt sollicite le directeur de l’établissement. Gérard Decour entend la requête,met à disposition les locaux et l’association loi 1901 du muséum d’anesthésie est créée en 2000. “On a fait beaucoup de choses par nous-mêmes. Un des plafonds mena- çait de s’écrouler. La mairie, le Conseil général et le Conseil régional ont tous dit non à mes demandes d’aide. Heu- reusement, je suis bricoleur de natu- re et j’ai dans ma cave un atelier très productif.” L’argent gagné avec les conférences d’anesthésie est réinjecté dans le musée, des meubles sont récupérés ça et là. En 2005, un mécénat d’Air liquide Santé permet de redonner un

grand coup de jeune aux locaux. “On a eu aussi un gros chèque de Mada- me Neidhart” précise le conservateur. Sa femme, anesthésiste elle aussi, est également trésorière de l’association. Diverses salles abritent masques, matériel d’injection, appareils de sur- veillance et autres ustensiles utilisés dans les blocs opératoires. L’une est dédiée à Jean Victor Corbet, premier a avoir pratiqué une anesthésie géné- rale à Besançon. C’était le 31 janvier 1847, trois mois et demi seulement après la première mondiale à Boston. Malgré des locaux réhabilités et des collections riches et variées “grâce à de généreux donateurs,médecins, infir- miers et collègues” , le Professeur Neid-

hart s’inquiète. “Que va devenir le musée ? Qui en prendra la direction ? À qui vont être vendus les murs ?” Quel avenir en effet pour les richesses patri- moniales de Saint-Jacques (salle des commissions, apothicairerie, chapel- le du plafond) après la fusion avec Minjoz ? La question reste entière. A.B.

bloc opératoire désaf- fecté de chirurgie car- diaque.” Surmonté d’une voûte semi-ellip- tique réfléchissante et aménagée de hublots (pour permettre aux étudiants de suivre les opérations depuis l’étage supérieur), ce bloc, “seul de ce type connu en France, est un élément du patri- moine.” Alain Neid-

Partir en laissant une trace.

Visite tous les premiers jeudis du mois sur R.V. 03 81 21 90 14 ou 03 81 80 92 55 www.chu-besancon.fr/museum

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