La Presse Bisontine 123 - Juillet-Août 2011

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 123 - Juillet-août 2011

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DÉCOUVERTE L’ange gardien de la Citadelle Le “véto” a le zoo dans la peau Mélanie Berthet est vétérinaire au Muséum de la Citadelle. Quand ses collègues auscultent chiens et chats, Mélanie explore la poche d’un Wallaby, anesthésie un tigre ou bague des tortues. Rencontre.

P lus que la seringue ou le sté- thoscope, le talkie-walkie ne quitte jamais Mélanie Berthet. À tout moment, le vétérinaire du jardin zoologique de Besançon doit répondre à l’urgence. Et cela arrive souvent. Au minimum une fois par semaine. Entre le lion qui saigne après s’être arraché une dent, plus récem- ment un bébé babouin victime d’un choc sur la tête après une vilaine chu- te de branche, la professionnelle âgée de 29 ans ne chôme pas. Même les tor- tues ou souris ont l’attention de la jeu- ne femme arrivée à la Citadelle en jan- vier 2010 après une mission dans un centre de réhabilitation des babouins au Laos. En apparence pourtant, les jours se suivent et se ressemblent auMuséum : les enfants scrutent les bâillements des tigres pendant que les autres bar- botent dans l’aquarium rempli de pois- sons rouges. La Citadelle vit à deux vitesses : celle des visiteurs, celle des employés. Ce vendredi matin, l’emploi du temps de Mélanie est serré. Après la visite des 400 animaux répartis en 70 espèces, la seule vétérinaire de la Citadelle pro- cède à 11 heures au transfert de deux lémuriens. Ils quittent Besançon pour un parc animalier du Périgord. Venu de Calviac où il dirige une réserve ani- malière, Emmanuel Mouton récupère

Luana, femelle lémurien du zoo de Besançon dont la mission est de for- mer un couple avec Noah, lémurien mâle. Rapide, le transfert impose néan- moins des règles strictes avec plusieurs contrôles sanguins opérés par la vété- rinaire dans son laboratoire. Le laboratoire, Mélanie y passe 40 % de son temps. Doté d’une chambre d’opération, de microscopes, d’une cen- trifugeuse, d’une couveuse et d’un masque à gaz pour endormir les ani- maux, le laboratoire permet une opé- ration rapide. “ C’est un des avantages de mon métier : pouvoir chercher et soi-

moindre que ses camarades de pro- motion installés en ville. Qu’importe, Mélanie compense par les conditions de travail : “ L’ambiance est excellente et le travail des soigneurs formidable. Ils m’alertent lorsqu‘ils aperçoivent un comportement anormal.” A elle ensui- te de trouver les bons remèdes. Bizar- rement, elle évite au maximum le contact avec les animaux. Inutile de les stresser ou pire de les toucher. Ils pourraient être rejetés par leurs congé- nères. “ Je capture un animal unique- ment lorsque le pronostic vital est enga- gé” annonce le vétérinaire. Dernièrement, il a fallu endormir un tigre.A-t-elle déjà eu peur ? “ Non, mais nous prenons toujours des précautions. J’ai la chance de n’avoir aucune pho- bie ou allergie. Je peux m’occuper de tout le monde” conclut la maman des animaux prête à sacrifier un week-end pour sauver ses protégés. Son meilleur souvenir reste “ l’exploration de la poche d’une femelle Wallaby pour vérifier la santé des bébés et leur âge.” Les pen- sionnaires de la Citadelle ont leur ange gardien. E.Ch.

gner. Contrairement à mes collègues vétéri- naires en ville, je n’ai pas de clients ni de chiffre à réaliser. Je peux pousser les recherches” dit-elle. Privilégiée, Mélanie l’est un peu. En Fran- ce, ils sont seulement 50 professionnels à intervenir auprès d’animaux aussi exo- tiques que rares. “ Avoir un rôle dans la conser- vation d’espèces rares est une chance” souffle- t-elle. Un bémol : le salaire perçu ici est environ six fois

“Limiter les captures.”

Aidée par les soigneurs, Mélanie Berthet (au centre) bague des tortues terrestres.

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