La Presse Bisontine 123 - Juillet-Août 2011

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 123 - Juillet-août 2011

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EMPLOI Ils reprennent du service Horlogerie : des retraités très convoités Des retraités sont rappelés par les firmes pour combler la fuite du savoir-faire. Après avoir collaboré au C.E.T.E.H.O.R. à Besançon, Patrick Augereau (68 ans) relève un défi avec Audemars-Piguet.

Après 24 ans passés au C.E.T.E.H.O.R. à Besançon, Patrick Augereau (68 ans) collabore notamment pour la manufacture

P atrickAugereau ne perd pas de temps. À 68 ans, ce Bisontin horloger de profession aurait pu mettre la trotteuse de sa montre professionnelle sur pause et pro- fiter d’un repos mérité. Il en a décidé autrement. Habitant du quartier des Chaprais, l’homme profite de son dynamisme, de la santé, pour travailler. Peut-être encore plus qu’avant. Le voilà salarié de la manufac- ture Audemars-Piguet située au Brassus, en Suisse voisine. Le jour de sa retraite, il y a de cela bientôt dix ans, il ne pou- vait (voulait) abandonner ses projets. “Je ne pouvais tout lâcher car personne, sauf moi, ne pou- vait assurer le suivi” dit-il hum- blement. La très célèbre et reconnue fir- me suisse qui produit des montres à plus de 100 000 euros l’a donc contacté. “Je n’ai pas dit oui tout de suite, se souvient- il. Je voulais être sûr

capables de créer un mouve- ment. Les nombreux départs à la retraite ne sont pas comblés par la formation. Seule solu- tion : rappeler d’anciens colla- borateurs. Conseiller de l’enseignement technique durant 15 ans, Patrick Augereau vit sa seconde vie après avoir travaillé durant 24 ans au centre tech- nique de l’horlogerie et de la bijouterie (C.E.T.E.H.O.R.) à Besançon pour se spécialiser en chronométrie. “Je ne regrette pas. Il y a de nombreux projets en matière de recherche, ce qui n’est pas le cas à Besançon. Les Suisses ont du travail à four- nir” dit-il. La Suisse lui permet d’innover à nouveau et… d’augmenter son salaire. Jus- qu’à quand espère-t-il travailler ? “Tant que les méninges fonc- tionnent et si l’entreprise est O.K., je fonce, sinon je trouve un autre prestataire.” Son rêve : relancer Lip à Besançon. Pour lui comme pour les per-

qu’Audemars-Piguet ait assez de travail à me proposer.” Après réflexion, le Bisontin a accepté de relever un défi immense : créer une montre capable de concourir et remporter le concours de chronométrie. Une référence. En 2009, le calibre avait lâché et Audemars-Piguet recalé. L’horloger comtois qui a

transmis la pas- sion à ses deux fils, eux aussi horlo- gers, retente donc l’expérience. Il pré- sentera en 2013 le nouveau calibre dans l’espoir qu’il soit primé.Desmil- liers d’euros sont en jeu. À l’heure où l’économie des montres de luxe explose, les socié- tés horlogères pei- nent à recruter des horlogers qualifiés

“Tant que les méninges fonction- nent.”

Audemars- Piguet qui souhaite

remporter le concours de chronométrie en 2013.

sonnes qui ont décidé de rem- piler, la retraite s’annonce dorée. ÀMorteau, le lycée formant les futurs horlogers est confronté

à un déficit de professeurs. L’établissement fait appel à Ber- nard Bôle, lui aussi retraité du secteur, pour assurer les cours

des élèves. Finalement, employeurs et employés y trou- vent leur compte. E.Ch.

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