La Presse Pontissalienne 118 - Août 2009

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 118 - Août 2009

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EMPLOI FRONTALIER Un départ volontaire Des licenciements plus supportables que d’autres… Après avoir travaillé 38 ans aux Usines Métallurgiques de Vallorbe, Marcel Marzat a préféré opter pour le licenciement économique volontaire même s’il ne touche plus que 50 % de son salaire. Un choix mûrement réfléchi.

Entre la retraite anticipée et le

licenciement économique, Marcel Marzat a choisi la seconde option qui s’avère plus avantageuse dans sa situation.

C ontrairement aux idées reçues, l’appât du gain n’est pas toujours la seule motivation qui anime les frontaliers. On n’exerce pas toute sa carrière en Suisse sans s’y sentir bien comme c’est le cas de ce frontalier. “S’il y a une chose que je regretterai, c’est de quitter cette ambiance professionnelle à la fois rigoureuse et respectueuse qui me plaisait beaucoup.Au niveau social, je n’ai jamais eu à me plaindre. J’ai vraiment passé de très bons moments dans cette entreprise” , annonce Marcel Marzat en écornant ainsi sérieusement le cliché du travailleur frontalier. Originaire de Pau, il a d’abord suivi un apprentissage dans la mécanique auto- mobile avant de s’engager trois ans dans l’armée. “C’est comme ça que j’ai atterri au camp de Valdahon.” Pas plus motivé que ça pour poursuivre sa car-

geants ont ensuite sollicité des volon- taires dans le cadre d’un licenciement économique.Marcel Marzat, qui envi- sageait de faire une demande de retrai- te anticipée à 63 ans au lieu de 65 ans, étudie alors cette nouvelle proposi- tion. Sa situation lui permet de satis- faire aux critères requis au licencie- ment. “Il fallait avoir travaillé plus de 30 ans, dépassé l’âge de 57 ans 1/2, n’avoir ni emprunt, ni charges. Il s’agit d’un choix consenti et définitif.” Même s’il perd 50 % de son salaire, l’option s’avère finalement plus inté- ressante que la retraite anticipée. Elle le dispense aussi de l’obligation de rechercher un autre emploi, droit accor- dé aux salariés de son âge. “Vu la conjonc- ture, j’imagine mal une entreprise fran- çaise me proposer du travail. Voilà pourquoi je n’ai pas trop hésité à saisir cette opportunité qui me convient assez bien.” Tous ne sont malheureusement pas dans sa situation. Le frontalier victi- me du chômage se retrouve bien seul. Il ne touchera aucune aide, ni com- pensation. C’est l’une des règles du jeu dans ce pays où l’on vous embauche presque aussi facilement qu’on vous met à la porte. “Cette carrière en Suis- se m’a permis d’avoir ma maison et de bien vivre en France” , apprécie Marcel qui va désormais se consacrer à ses loi- sirs préférés : jardinage et promenade dans la nature. F.C.

à partir de 1973 à cause de l’inflation bien supérieure en France qu’en Suis- se.” Marcel Marzat reconnaît que les conditions d’embauche étaient à l’époque beaucoup plus souples qu’aujourd’hui. Avec du sérieux et de la bonne volon- té, on pouvait faire sa place. “J’étais dans un poste dirigé mais qui nécessi- tait de s’adapter continuellement aux évolutions techniques et de savoir fai- re preuve de polyvalence à partir du moment où l’on a commencé à travailler en flux tendu dans le respect de la qua- lité. En Suisse plus qu’ailleurs, il ne faut pas hésiter à se remettre en cause et savoir aussi reconnaître ses torts.” Beaucoup d’humilité, du sérieux et l’amour du travail bien exécuté, voilà en quelque sorte les qualités requises pour durer en Suisse. À l’époque de son embauche, l’usine de Vallorbe employait 550 salariés. L’effectif avoisine maintenant 280 dont la moi- tié de frontaliers. Les difficultés aux Usines Métallurgiques de Vallorbe (U.M.V.) coïncident avec la crise mon- diale de l’acier qui s’amorce en 2007. Pour rester compétitive, l’entreprise a fait le choix de la robotisation et de la production à flux tendu. Avec la dimi- nution des carnets de commandes, d’autres mesures s’imposaient. Réduc- tion du volant d’intérimaires, appel au départ volontaire en retraite puis pro- position de travail à temps partiel. Toujours dans le souci d’alléger les charges et maintenir l’emploi, les diri-

TRANSPORT Les Suisses se sentent trahis Train “Paris-Berne” : le mécontentement suisse De l’argent suisse finance la réfection du tronçon ferroviaire Frasne-Dijon au même moment où Lyria supprime la moitié de son offre sur cette ligne. Les Suisses peuvent-ils se désengager ? L a société Lyria l’a dit et redit. Elle veut supprimer la liaison Paris- Neuchâtel-Berne en raison d’une rentabilité trop faible par rap- port au coût d’exploitation malgré la montée au créneau des élus suisses et français.À Pontarlier où passe ce train permettant de rejoindre la capitale, les utilisateurs sont contre cette suppression à l’instar d’une majorité de Suisses. La décision de Lyria - en contradiction avec la politique des transports de la Confédération suisse - semble pourtant inéluctable. Il y aura moins de trafic d’ici à l’an prochain. Avec cette annonce, le gouverne- ment helvétique se pose la question de savoir s’il est bien logique de financer des projets hors de leur frontière comme c’est actuellement le cas pour les raccordements au T.G.V. européen par Genève, Vallorbe, Neuchâtel, Bâle. Les Suisses financent la L.G.V. à près de 1 milliard de francs suisses. Dans ce crédit figurent des travaux concernant la réfection du tronçon Frasne-Dijon dont les travaux seront terminés à la fin de l’année… au même moment où Lyria supprimera la moitié de ses offres. Les Suisses ne peuvent plus se désengager car la réalisa- tion est quasiment terminée. “C’est vrai que cela peut paraître choquant pour les Suisses” admet la Région Franche-Com- té, laquelle apporte toutefois une nuance : “Lyria ne va pas tout supprimer toutes ses lignes. Les Suisses en bénéficie- ront.” Si la fermeture est annoncée, la Région dit être détermi- née pour éviter cette issue. Échaudés par cette péripétie, nos voisins pourraient se montrer beaucoup plus frileux pour apporter leur soutien financier à la réalisation du tronçon Belfort-Delle (Territoire-de-Belfort) qui est pour le moment loin d’être bouclé. E.Ch. Les Suisses financent la L.G.V.

rière militaire, il préfè- re revenir dans le civil tout en restant sur le Haut-Doubs, à Frasne en l’occurrence. Sans compétences spécifiques, il postule et décroche son premier emploi le 1 er juin 1971 dans la fabrique de limes de Vallorbe. Il y restera 38 ans au poste d’opérateur-régleur sur machines. “À l’époque, je gagnais encore moins qu’à l’armée. Le change a basculé en notre faveur

Un choix consenti et définitif.

SOCIAL

Chômage partiel Des vacances d’été plus longues que prévu Entre le chômage partiel et le solde des congés, les salariés des entreprises horlogères suisses vont passer pratiquement tout leur été à la maison.

D ans l’industrie horlo- gère, la plupart des salariés bénéficient de trois à quatre semaines de vacances en été. Mais en rai- son de la dégradation de la conjoncture économique, la plupart des entreprises “demandent à leurs collabo- rateurs de solder les vacances

Car le solde de congés est obligatoire en Suisse pour que les sociétés puissent mettre en place le chômage partiel. Une mesure à laquel- le la plupart d’entre elles ont déjà recours. “C’est une alter- native au licenciement. Il est obligatoire que les entreprises passent par là si elles veu-

lent garder leur personnel pour pouvoir mobiliser les compétences lors de la repri- se. Nous avons fait une demande pour que le chô- mage partiel puisse être éten- du de 18 à 24 mois” précise le syndicat Unia. Dans les ateliers, on débraye souvent plusieurs jours par mois. 800 personnes ont été licenciées dans le canton de Neuchâtel depuis le début de l’année (selon le syndicat Unia, il y a autant de rési- dents que de frontaliers). Cette mise à pied forcée inquiète les salariés qui redoutent de perdre leur emploi.Mais le syndicat Unia refuse de céder au pessi- misme. Le chômage partiel n’est qu’une mesure transi- toire avant le retour de jours meilleurs. “L’industrie hor- logère a toujours été soumi- se à des fluctuations. Ce qui est valable aujourd’hui ne le sera probablement pas l’année prochaine.” Tout est ques- tion de confiance. T.C.

qu’ils auraient en retard” observe le syndicat suisse Unia.Des employés se retrou- vent donc avec une, voire deux semaines de congés sup- plémentaires. C’est la consé- quence directe du ralentis- sement de l’activité industrielle, et ce n’est qu’une étape.

La plupart des frontaliers resteront à la maison plus ongtemps que prévu.

Il y aura moins

de trafic d’ici l’an prochain à Pontarlier.

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