La Presse Pontissalienne 118 - Août 2009

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 118 - Août 2009

35

ROCHEJEAN

30 ans d’ancienneté Norbert Bournez, l’authentique berger jurassien Ce berger a acquis en mars une partie de l’alpage de la Petite-Échelle. Aboutissement logique dans la carrière du plus représentatif des gardiens de troupeau jurassien. Norbert Bournez

tient la Petite- Échelle depuis 1986.

C ette auberge demontagne perchée au-dessus de Rochejean, au cœur du massif du Mont d’Or, n’a rien perdu de son authenticité. À l’intérieur comme à l’extérieur, aucune trace de modernité n’est venue perturber la quiétude des lieux.Même la yourte et le tepee qui permettent d’y séjourner depuis quelques années s’inscrivent sans fausse note dans le décor.

il sera berger. “Cemétier est assez spécifique. Il faut se familiariser avec la gestion des bêtes évoluant en liberté.” Norbert poursuit son apprentissage à la vallée de Joux et au Creux-du-Van où il assu- re aussi la traite et la fabrica- tion de petites tomes vaudoises. Un type de valorisation qu’il sou- haiterait bien mettre en place tôt ou tard à la Petite Échelle. “Je suis persuadé que ça mar- cherait.” Encore faut-il trouver des laitières, aménager l’atelier correspondant et surtout obte- nir les autorisations nécessaires. Sachant qu’enFrance, c’est beau- coup plus complexe qu’en Suis- se. Outre le chalet et 35 hectares de pâturages appartenant désor- mais à Norbert, l’alpage de la Petite Échelle abrite également 35 hectares de forêt qui restent propriété de l’hôpital. Le berger s’occupe cette année d’un trou- peau de 53 génisses qui reste- ront à l’estive jusqu’en octobre. Surveillance des bêtes,soins vété- rinaires, entretien des parcs, ges- tion de l’eau, coupe des chardons, débroussaillage, les tâches du berger sont multiples. Norbert

moine, de continuer à l’entretenir. Cela signifie que l’activité agri- cole doit rester la priorité sur l’alpage.” Telle était en tout cas la volonté du vendeur, à savoir, l’hôpital de Pontarlier. Pour la petite histoire, une religieuse devint propriétaire de ce bien en 1744 qui fut légué à la commu- nauté des sœurs hospitalières. La Petite Échelle a servi de mai- son de repos pour les religieuses jusqu’au début du XX ème siècle. Les terres ont longtemps été occupées par les troupeaux suisses avant d’être louées au syndicat pastoral de Montper- reux à partir de 1980. Ce syndi- cat a ensuite cherché à recruter le berger adéquat. Convergences d’intérêt qui s’est traduit par l’installation de Norbert, fidèle au poste depuis 23 ans. Originaire deGrand’Combe-Cha- teleu, ce fils d’agriculteur a d’abord exercé sur la ferme fami- liale puis au service de rempla- cement sur les cantons de Mor- teau et Montbenoît. Son brevet de technicien agricole en poche, il amorce sa carrière pastorale en 1980 sur l’alpage de la Lai- sinette à Mouthe. C’est décidé,

Arrivé à la Petite- Échelle en 1986, Norbert Bournez a toujours tenu à concilier la fonction pastorale et l’accueil dupublic.Et ce n’est pas le fait de deve- nir propriétaire qui va changer son état d’esprit. S’il a fran- chi le pas à 52 ans, c’est d’abord dans l’objectif de prépa- rer sa succession. “L’une des clauses de l’acte de vente sti- pule d’ailleurs l’engagement de fai- re vivre ce patri-

Loin de l’image solitaire du berger bourru.

d’une souscription. Le but étant de constituer entre les souscrip- teurs un groupe de travail char- gé de veiller au maintien de l’activité pastorale, d’apporter des idées sur la valorisation tou- ristique et environnementale du domaine.Une sorte de garde-fou sur l’avenir en quelque sorte.Nor- bert n’a pas l’intention de rester ad vitam æternam sur sa mon- tagne. Il se retira à l’heure de la retraite avec le secret espoir que ses successeurs sauront préser- ver l’œuvre accomplie ici depuis des siècles. F.C.

sur les Bâties, dans cet alpage propriété du Département. Le restaurant de la Petite-Échelle fonctionne en été et en hiver. On y déguste les spécialités de la montagne jurassienne : fondues, salaisons,roestis,tartesmaison… Norbert emploie régulièrement un ou une salariée pour mener à bien ce volet restauration. On est loin de l’image solitaire du berger bourru et qui n’a de leçon à recevoir de personne. Bien au contraire, Norbert s’enrichit continuellement au contact des autres. Ce n’est cer- tainement pas un hasard si une partie de son bien a fait l’objet

accueille régulièrement des jeunes en stage soucieux de s’initier à cette activité longtemps sur le déclin mais qui semble retrou- ver une belle attractivité. “On a créé l’association des bergers en 1992. Cette structure propose des journées de formation et inter- vient dans l’opération “Un ber- ger dans mon école”. Cette ani- mation financée par laRégion de Franche-Comté permet d’établir des échanges sur trois demi-jour- nées entre cinq écoles primaires du secteur et cinq bergers.” L’association travaille aussi avec le Conseil général sur le projet d’installer un ou deux bergers

Made with FlippingBook Learn more on our blog