Journal C'est à Dire 127 - Novembre 2007

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L E P O R T R A I T

Morteau Le badminton, passeport d’une nouvelle vie Anciens champions ukrainiens, Natacha et Constantin Tatranova sont venus s’installer à Morteau il y a de cela quelques années pour entraîner le club local. Le couple a pris peu à peu ses marques et apprécie la région tout en restant attaché à sa patrie natale.

F rançais courant, avec une inimitable pointe d’accent slave. La manière dont s’exprime Natacha illustre bien son degré d’intégration. “On se sent bien ici. Mais dans nos têtes, on reste des Ukrainiens.” Signe de méfiance de tout expa- trié qui n’est jamais sûr du len- demain ou héritage d’une jeu- nesse vécue sous le joug du régime soviétique, elle et son compagnon ne tiennent pas trop à s’épancher sur l’Ukraine d’hier et d’aujourd’hui. Du bout des lèvres, Constan- tin avoue : “Les mentalités sont radicalement différentes. On fréquente la France depuis bien- tôt 8 ans. Il y a encore des choses qu’on ne comprend pas même s’il ne faut pas vouloir tout com- parer.” C’est lui qui fut à l’origine de la migration du couple. Membre de l’équipe nationale comme Natacha, il a eu l’occasion de venir jouer à La Chaux-de-Fonds. Au cours de ce déplacement, un contact a été établi avec le club de Mor-

teau qui était à la recherche d’un entraîneur. “Il y a beau- coup de clubs de badminton en France. Leur niveau est assez faible. Ils cherchent donc des joueurs étrangers pour les enca- drer.” Tous les deux titulaires d’un diplôme de professeur de sport, ils acceptent donc de s’occuper du club de Morteau. À défaut d’un statut adéquat, ils vont d’abord effectuer d’incessants allers-retours entre l’Ukraine et le Val de Morteau. “À l’époque, on disposait seu-

D’autres clubs la sollicitent comme celui de Maîche. Elle intervient également au ser- vice de la ligue franc-comtoise de badminton en encadrant notamment des stages. Elle espère à plus long terme décro- cher un poste de Conseillère Technique Régionale. Pour ce faire, elle suit une formation en vue de préparer les brevets d’État qui vont avec. Un pas- sage obligé, les compétences acquises en Ukraine ne sont pas reconnues en France.

Lentement mais sûrement, Natacha et Constantin Tatranova ont réussi leur intégration en terre mortuacienne.

année. “On retourne une fois par an en Ukraine.” Une façon de maintenir le contact avec leurs familles respectives. “C’est important pour notre petite fille” , souligne également Nata- cha. Pas du genre à se projeter dans le long terme, craignant par- fois un durcissement de la poli- tique d’émigration qui pour- rait leur être néfaste, ils espè- rent poursuivre l’expérience française. “Si tout va bien, on reste et de préférence dans le Val de Morteau où l’on s’est fait beaucoup d’amis. On n’a pas envie de quitter la région.” Un attachement qui les a plusieurs

fois conduits à refuser de belles sollicitations de grands clubs français. Comme quoi, la vie dans le Haut-Doubs ne doit pas être si désagréable que ça. Ici, Natacha commence à récol- ter les fruits de son investis- sement. “Cette année, le bad- minton Val de Morteau comp- te 110 licenciés. C’est un record.” Lentement mais sûrement, le club augmente son niveau d’ensemble et dispose d’un vivier prometteur avec cinq ou six jeunes joueurs capables de défendre les couleurs de l’équipe au niveau interrégio- nal. À Maîche, la jeune entraî- neur apporte également son

dynamisme. Elle vient par exemple d’ouvrir une section qui s’adresse aux enfants à par- tir de 5 ans. “ Ç a fonctionne super-bien. C’est très ludique. Les enfants jouent avec des petites raquettes adaptées à leur taille et des balles en mous- se.” Entre les entraînements, les stages, les déplacements en compétition le week-end, Nata- cha vit son métier à temps plein. Heureusement, Constan- tin partage la même passion. Le badminton reste une affai- re de famille chez les Tatra- nova. F.C.

S’il participe toujours aux compétitions du club, Constantin a depuis longtemps abandonné ses fonc- tions d’entraîneur. “On

lement d’un visa tou- ristique. On restait un ou deux mois avant de repartir. On faisait ça trois ou quatre fois par an.”

“On retourne une fois

par an en Ukraine.”

Leur arrivée coïncide avec une progression significative du club qui va passer de Natio- nale 3 en Nationale 1 pour rétrograder ensuite en Natio- nale 2 où il évolue actuelle- ment. “Au bout de trois ans, poursuit Natacha, on m’a pro- posé un contrat d’entraîneur.” Son implication dans cette mis- sion ne passe pas inaperçue.

ne gagnait pas assez pour s’en sortir.” Il a donc trouvé un autre emploi dans une scierie aux Fins. Une reconversion qu’il ne semble pas trop regretter. Le travail, quel qu’il soit, reste le meilleur vecteur d’intégration. Leur situation sociale étant maintenant plus aboutie, ils bénéficient désormais d’un titre de séjour renouvelable chaque

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