Journal C'est à Dire 255 - Juin 2019

D O S S I E R

ESCAPADE EN VALLON DE SANCEY

Derrière des sites connus se révèlent des femmes et des hommes qui s’investissent sans compter pour faire vivre leurs passions.

Vallon de Sancey

C omment résumer 800 ans d’histoire en quelques lignes ? La forteresse occupe l’em- placement d’un oppidumgaulois fortifié par les Romains pour surveiller la voie des Salines. La construction commence au début du XIII ème siècle comme l’atteste le millésime de 1224 gravé sur une clef de voûte. Il est probable que le premier sei- gneur de Belvoir, Thibaud Ier soit à l’origine de la construction. Par le biais d’alliances et d’unions, le château passa aux mains de la maison de Cusance jusqu’au pillage et à l’incendie de la forteresse par les armées de Louis XI en 1480. Sur sa ruine, le Baron de Belvoir rebâtit à la fin du XV ème siècle un nouveau château. L’aile orien- tale et la porterie furent moder- nisées au début du XVII ème siècle

l Le château de Belvoir, la détermination de la famille Jouffroy La déchéance du château semblait irrémédiable lorsque que Pierre Jouffroy en fit l’acquisition en octobre 1955.

Anne et Marie- Christine Jouffroy (au premier plan).

Depuis le décès de Pierre Joufroy en 2000, ses enfants Anne, Marie-Christine et Christian ont repris le flambeau. Ils finan- cent l’entretien du lieu par les visites, l’organisation de mariages dans le château et des événements musicaux. Anne et Marie-Christine confessent : “Une grande partie de notre vie, c’est le château.” L’authentique village médiéval de Belvoir complète la visite. Les Halles Seigneuriales érigées au XIV ème et XV ème siècles sont parfaitement restaurées. Comme le château elles sont inscrites à l’inventaire desmonu- ments historiques. n Ph.D.

teau sera racheté par le peintre Pierre Jouffroy. Anne et Marie-Christine Jouf- froy, les filles de Pierre, racontent qu’en 1956 “le château n’avait plus ni portes ni fenêtres, les

tées. Le 2 avril 1968, un terrible incendie détruisit la presque totalité de l’aile Est du château. Cent cinquante tonnes de four- rage y étaient entreposées. “Notre père dut vendre une petite maison qu’il possédait aux pieds des Baux-de-Provence.” “Cent mille petites tuiles “fer de lance” anciennes furent achetées partout en Franche-Comté par des amis bénévoles.” Pierre Jouffroy eut même l’idée de mettre en jeu quatre de ses toiles lors d’une tombola. Cette initiative permit à 4 000 personnes de participer activement à la rénovation du château. À cette occasion, “la solidarité des habitants de Bel- voir fut exemplaire.”

par le baron Claude- François de Cusance. Repris par les armées du maréchal de Luxembourg lors de la seconde conquête

vaches paissaient dans une friche totale et la chapelle abritait les cochons.” Pierre Jouf- froy voulait rénover en gardant l’âme du

“Une grande partie de notre vie, c’est le château.”

lieu. Ses filles se rappellent que leur père “aimait cette belle lumière à Belvoir.” Au début, “on dérangeait les vaches” et les gens du village étaient méfiants. La rénovation commença sur les fonds propres de la famille avec des aides extérieures limi-

de la Franche-Comté en 1674, il ne doit sa survie qu’à l’inter- vention d'une proche de Louis XIV. Devenu en 1820 école reli- gieuse du Grand Séminaire de Besançon, puis morcelé entre 14 propriétaires au XIX ème siècle et finalement abandonné, le châ-

Les Halles seigneuriales de Belvoir.

l Le site Jeanne-Antide Thouret (1765-1826), fondatrice de la congrégation des Sœurs de la Charité.

À côté de la Basilique et de la maison natale, la maison d’accueil est un lieu extrêmement vivant.

D ans un petit bureau, Sœur Loui- sette reçoit les visiteurs. Lamai- son d’accueil rénovée offre le couvert, le gîte (99 lits répartis dans 76 chambres) et des grandes salles de réunion avec tout le confort et les équi- pements nécessaires. Sœur Louisette tempère avec humour : “Même si nous connaissons souvent dans le vallon des

est bien rodée. Le week-end suivant, 72 jeunes de Besançon viennent faire une retraite de profession de foi. Les rencontres spirituelles constituent bien sûr une grande partie de l’activité.Mais Sœur Louisette déclare : “On n’est vrai- ment pas une communauté fermée.” Après un club d’amateurs d’Ami 6 reçu en 2018, la maison recevra à la fin du

Les Sœurs Clotilde, Evelina, Ngan, Anne-Marie, Louisette et Ân (de gauche à droite).

mois de septembre un grand rassemblement de proprié- taires de Citroën anciennes. Tout au long de l’année, la maison d’accueil reçoit des groupes pour un jour, un

problèmes d’accès à Inter- net.” Très dynamique, elle présente son équipe : Sœur Anne-Marie, Sœur Clotilde (italienne) et Sœur Evelina du Sud-Soudan. Elles sont

“On n’est vraiment pas une communauté fermée.”

apprécient la visite documentée. En mémoire de Jeanne-Antide Thouret (béatifiée en 1926 puis canonisée en 1934), la basilique de style néo-roman a été édifiée en 1928 à côté de samaison natale. Elle accueille deux pèlerinages le 23mai et le dernier dimanche d’août. Pour être complet, l’église Saint-Mar- tin-de-Tours à Sancey présente un vitrail illustrant la sainte ainsi qu'un tableau présentant sa vocation au ser- vice des autres. n Ph.D.

Amérique nord et sud). “En juillet et en août, ce sont nos jeunes sœurs qui arrivent de l’étranger pour une forma- tion.” En ce moment, Sœur Ân et Sœur Ngan sont venues duVietnam dans ce but. “La congrégation suscite beaucoup de vocations dans les pays asiatiques.” La maison natale de Sœur Jeanne- Antide est un outil pédagogique qui présente un montage audio-visuel, la mission internationale de la congré- gation ainsi qu’une vaste bibliographie. Elle est ouverte aux visiteurs qui en

week-end ou une semaine. Les Sœurs de la Charité se chargent de rendre leur séjour agréable et mémorable. La convivialité, le cadre et le calme de l’en- droit procurent une grande qualité de travail. La congrégation est active partout dans le monde. Elle compte presque 4 000 sœurs réparties dans 27 pays sur quatre continents (Europe, Asie, Afrique et

secondées par deux cuisinières et quatre employés à l’entretien et à la gestion de cette grande maison. Ici, on n’ac- cueille que des groupes afin de ne pas concurrencer les hôtels et chambres d’hôtes de la région. La veille, un ras- semblement de 140 personnes de Belfort et deMontbéliard a profité d’une journée de récollection (retraite courte). En cuisine, il faut assurer,mais l’équipe

la basilique et la maison d’accueil.

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