Journal C'est à dire 231 - Avril 2017

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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L e journal C’est à dire dans son numé- ro de février a consacré un dossier aux déserts médicaux dans le Haut-Doubs. Face à cette problématique, les collec- tivités réagissent. Pour la première fois, l’Observatoire statistique Transfrontalier de l’Arc jurassien (O.S.T.A.J.) se saisit de la thématique de la santé. “Les densi- tés médicales sont conformes dans l’Arc juras- sien franco-suisse, voire supérieures aux densi- L’O.S.T.A.J. publie une enquête sur l’offre de soins France-Suisse. Elle dévoile une offre médicale de proximité concentrée dans les villes, un nombre de dentistes et de pharmacies supérieur à la moyenne et un constat : le vieillissement du corps médical. Santé 3 150 frontaliers travaillent dans la santé

Environnement Le “sida” du lynx inquiète Un virus, détecté par nos voisins suisses, a causé la mort de deux lynx. Les spécialistes français, récemment infor- més, n’ont pour l’instant pas constaté de mortalité sur notre territoire imputable à ce virus incurable, contagieux et mortel, mais inoffensif pour l’homme.

En bref… l Conférence “L’attention, l’autre nom de l’amour” est le thème choisi pour la prochaine conférence proposée par l’association Jal- malv Haut-Doubs le vendredi 19 mai à 20 h 15 à la salle de l’Union (30, avenue Leclerc) à Maîche. Cette conférence sera animée par Rosette Polet- ti, conférencière suisse très connue et auteur de nombreux livres. Qu’il s’agisse de l’amour de la vie, de la nature, de la beauté, de l’amour de soi, des autres ou du Tout Autre, l’at- tention est la clé d’une véri- table présence au monde. Au cours du débat, Madame Polet- ti s’attachera à répondre à nos interrogations et donnera quelques pistes de réflexion. Participation libre. Pout tout renseignement : Jal- malv Haut-Doubs au 03 81 67 17 13. E-mail : jal- malv.hautdoubs@yahoo.fr l Randonnée L’association pour la protec- tion de l’environnement du hameau de Grandfontaine (commune de Fournets-Lui- sans) organise le lundi 8 mai sa 28 ème randonnée annuel- le. Départs entre 8 h 30 et 11 heures de Grandfontaine. Parcours entre 12 et 27 km. Participation de 5 euros par adulte. fatigué après la période du rut.” À moins qu’il ne soit malade. Des animaux peuvent être por- teurs du virus mais ne pas mou- rir. Des jeunes lynx, sans mère, ont été accueillis à JuraParc à Vallorbe. Ils erraient à proxi- mité du cadavre de leur mère. Avant qu’ils puissent retourner dans la nature, les jeunes devront montrer patte blanche, et notamment prouver qu’ils ne présentent pas les anticorps tra- hissant l’immunodéficience féli- ne. Cette maladie arrive au moment où une étude sur le lynx doit être menée à l’échelon du Doubs, du Jura et de l’Ain. La consanguinité de l’espèce pour- rait, en partie, expliquer cette maladie. n Cette information inquiète car le virus est hautement trans- missible. Les spécialistes soup- çonnent qu’il provient du chat. Mais il n’est pas dangereux pour l’homme. Cette information tombe au moment où plusieurs lynx ont été filmés par des skieurs ou des randonneurs non loin de la frontière avec Mouthe ou un peu plus loin entre Bois-d’Amont et Le Brassus. Là, deux can- tonniers vaudois filment un lynx à quelques mètres fin mars. La scène est hallucinante : on voit l’animal marcher tranquille- ment, sans se soucier des promeneurs. Un comportement anor- mal quand on sait le prédateur discret ? “Non, répond un spé- cialiste. Il peut être

L’ information vient de par- venir. Elle émane de nos voisins suisses qui ont, fin mars, détecté une maladie chez deux lynx capturés en

février à Saint-Ursanne (Jura suisse, non loin de Maîche) et à Longeau, dans le canton de Ber- ne. Initialement, il était pré- vu que les lynx capturés soient réintroduits dans un parc natio-

nal autrichien. Ils ont finalement été eutha- nasiés après que le centre de recherche sur l’écologie des car- nivores en Suisse a détecté chez eux le

Densité de médecins généralistes en 2016 (illustration O.S.T.A.J.).

“Le premier cas en Europe et dans le monde.”

la retraite dans les prochaines années : “Leur remplacement représente donc un enjeu pour tou- te la région, qui peine à attirer de jeunes méde- cins” poursuit l’étude. Le Val-de-Travers a par exemple mené une opération pour attirer des médecins : quatre sont venus. Valdahon, Doubs, et Pontarlier font de même en créant des mai- sons médicales. Les contrastes de part et d’autre de la frontiè- re sont nombreux avec 7 dentistes pour 10 000

virus de l’immunodéficience féli- ne, aussi appelée le “sida du chat”. Un troisième lynx cap- turé l’an dernier le sera égale- ment pour les mêmes raisons. “Ce sont les premiers lynx sau- vages en Europe voire dans le monde à développer cette mala- die” indique Stéphane Regaz- zoni, agent de l’Office natio- nal de la chasse et de la faune sauvage (O.N.C.F.S.), corres- pondant du réseau Loup-lynx en France. Le spécialiste de cet animal qui a durant l’hiver observé de nombreux lynx dans le département admet que les connaissances sur la maladie sont encore incomplètes. Les études se poursuivent côté suis- se.

habitants à Pontarlier contre 3 pour Le Locle ou Val-de-Travers. Les soins dentaires, plus chers en Suisse, expli- quent en partie ces contrastes. Du côté des pharmacies, on en compte 3,6 pour

tés nationales mais le vieillissement du corps médical pourrait mener dans un avenir proche à une pénurie de méde- cins de proximité” synthétise l’étude. En France comme en Suisse, les méde-

“Leur remplacement est un enjeu.”

cins sont majoritairement installés dans les zones les plus peuplées, notamment celles dis- posant d’infrastructures hospitalières. Cela est particulièrement vrai pour les médecins (18,8 pour 10 000 habitants) et pour les dentistes (4,6 pour 10 000 habitants), notamment dans le can- ton de Vaud et le département du Doubs. La moi- tié des médecins de proximité sont âgés de 55 ans. Nombre d’entre eux atteindront l’âge de

10 000 habitants chez nous, moins en Suisse. Concernant l’emploi frontalier, la santé comp- te 3 150 postes occupés par une main-d’œuvre frontalière. La moitié (1 540) habite côté fran- çais et travaille à Vaud ou Neuchâtel. Un frontalier sur vingt exerce dans le domai- ne de la santé (surtout des femmes), une part bien inférieure à celle de certains secteurs indus- triels comme l’horlogerie. n

Un lynx photographié cet hiver par Thomas Bonnefoy de l’O.N.C.F.S.

Canton de Neuchâtel Vives tensions autour du partage de l’impôt sur les frontaliers

Fragilisées par la crise horlogère, les communes indus- trielles du haut du canton ont demandé et obtenu du Grand Conseil un nouveau report de la bascule de l’im- pôt des frontaliers. Décision vivement contestée par les communes littorales qui lancent un référendum.

P our Stéphane Dubois président de l’exécutif du Locle, équivalent du maire en France : “Le processus d’harmonisation fis- cale engagé depuis 2014 à l’échel- le du canton font que les com- munes industrielles souffrent énormément. On subit également l’impact de la crise horlogère. La diminution de l’impôt sur les entreprises, c’est 4 millions de francs en moins sur le compte 2016. Globalement, on a perdu 20 millions d’euros recettes fis- cales en deux ans. Cela repré- sente un quart du budget. En déjà donné notre part à l’édifi- ce. La Ville du Locle se bat pour que l’impôt des frontaliers ne soit pas harmonisé.” Les autres communes industrielles du haut du canton : Les Brenets, La Côte- aux-Fées, Val de Travers, Les Verrières, et la Chaux-de-Fonds sont sensiblement dans la même situation. Craignant de perdre beaucoup dans une nouvelle répartition de l’impôt frontalier, elles ont demandé son report au Grand Conseil. Lequel a accep- 2017, on est en déficit de 6,5 millions de francs. Il nous reste heureusement des réserves. Pour autant, on estime que l’on a

té de retarder l’entrée en vigueur de la réforme à une date ulté- rieure. Un sursis qui n’a pas du tout été apprécié par les com- munes du bas comme s’en explique Olivier Haussener, député du Parti Libéral Radi- cal et membre du comité réfé- rendaire. “On ne cesse de repor- ter cette bascule de l’impôt des frontaliers. Cette décision désé- quilibre l’ensemble du disposi- tif d’harmonisation fiscale et fra- gilise les communes qui avaient prise en compte l’impact de la bascule dans la formation de leurs budgets. Ce statut quo, c’est pôt sur les entreprises. Elles auraient dû prendre des dis- positions pour amortir les pertes fiscales liées à l’effet conjonctu- rel de la crise.” Un argument balayé par Stéphane Dubois même s’il ne réfute pas l’im- portance de ces rentrées liées au dynamisme économique. “Avec une population ouvrière, on perçoit moins d’impôts sur les personnes physiques que les communes du littoral où vivent des classes plus aisées. On com- un peu trop facile et cela n’a rien de démo- cratique. Les com- munes qui ont deman- dé le report ont beau- coup gagné avec l’im-

“Ailleurs dans la ville et dans d’autres communes.”

“Cette démarche référendaire peut faire penser à une guerre des régions alors qu’il s’agit plus de dénoncer le fait qu’on ne peut pas changer les règles du jeu en cours de partie”, note Olivier Haussener, membre du comité référendaire.

cords sur un point : ce référen- dum a de fortes chances d’abou- tir. Quand au résultat de la vota- tion population, c’est plus ouvert, indécis. “Il y a beaucoup d’en- jeux et surtout une réflexion à avoir entre les collectivités pour éviter le nivellement par le bas des communes au risque aussi d'accélérer l’exode des contri- buables des communes littorales vers les cantons de Fribourg ou de Berne où ils ouvrent des classes françaises dans les écoles” , indique Olivier Haus-

sener. Come qu’on en dise, cet- te procédure référendaire va augmenter encore la fracture entre le bas et le haut du can- ton de Neuchâtel. “Je ne suis pas sûr d’une part que tout le monde saisisse toute la com- plexité de cette harmonisation sur laquelle il devront se pro- noncer. D’autre part, la cohésion cantonale sera de nouveau mise à mal, ce que je déplore bien sûr” , regrette Stéphane Dubois. n

pensait largement cet écart avec la fiscalité des entreprises. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. En harmonisant l’impôt sur les fron- taliers, Le Locle perdrait 2,7 mil- lions de francs soit 10% de ces recettes fiscales.” Le message n’a semble-t-il pas convaincu les communes du littoral à l’origi- ne du processus référendaire. Objectif : recueillir 4 500 signa- tures avant le 8 juin, seuil requis pour engager une votation popu- laire. Olivier Haussener com- me Stéphane Dubois sont d’ac-

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