Journal C'est à dire 231 - Avril 2017

L E P O R T R A I T

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Gilley

Des mignonnettes par milliers D’abord en verre puis en céramique, plus attiré par le contenant que le contenu, Gilles Oudot est deve- nu addict de ces supports publicitaires qu’il collec- tionne, échange, expose, sans jamais se lasser.

“Mignatus ceramicus.” Un nou- veau départ pour ce Sauget d’adoption originaire de Mont- béliard. “On venait danser à Gil- ley.” Ce qui devait arriver, arri- va. Au cours d’une de ses sor- ties de jeunesse, Gilles rencontre sa première épouse. Une fille du pays. Cap sur le Haut-Doubs. Après une expérience dans une entreprise à Valdahon, le décol- leteur comprend vite l’intérêt d’aller monnayer son savoir-fai- re en Suisse. De quoi mettre du beurre dans les épinards et s’of- frir quelques mignonnettes de valeur. “J’ai des pièces assez rares mais aucune acquise à un prix exorbitant.” S’il avoue comme beaucoup d’autres buticulami- crophiles une forte attirance pour les mignonnettes assurant la promotion du cognac et du whisky, Gilles Oudot apprécie aussi tout autant de faire vivre sa collection au contact d’autres passionnés. Il adhère ainsi au club français “Mignonnettes pas- sion” et participe activement à la vie de cette association. “On se retrouve en général deux fois par an” , indique celui s’est récem- ment déplacé à Cognac où se tenait l’assemblée générale du club. Dans le dernier bulletin, il a pris sa plus belle plume et rédigé un article consacré aux mignon- nettes de la distillerie Aymonier aux Fourgs. Le cercle des ren- contres dépasse largement les frontières nationales. “On s’est déjà retrouvé à Barcelone, Bil- bao, Grenade…” Chaque voya- ge est un prétexte à un séjour touristique en couple. L’occasion

P ièce à vivre, chambre d’amis, bureau, pas une étagère, pas un meuble qui ne soit rempli de mignonnettes. “J’ai la chance d’avoir une compagne compré- hensive” , sourit Gilles Oudot qui aime à faire partager sa pas- sion. Sa collection rassemble aujourd’hui 2 582 pièces en céra- mique. Le nombre fluctue en

déclic. Il s’est pris au jeu d’étof- fer sa collection naissante. Sans précipitation. Au hasard des bro- cantes et vide-greniers qu’il par- court dans la région, en consul- tant quelques sites de vente aux enchères. En une petite dizaine d’années, il finit par accumuler entre 300 et 400 mignonnettes. “Elles étaient toutes en verre.” Puis les choses se sont accélé-

Gilles Oudot avec deux mignonnettes de Cognac et d'Armagnac.

fonction des opportu- nités d’échange, de ven- te, d’achat qu’il juge uti- le d’effectuer pour enri- chir, diversifier ou renouveler son fonds de commerce. Dans ce monde-là, rien n’est

rées et la collection s’est fortement étoffée pour arriver à plus de 8 000 pièces. “J’ai tout reven- du dont une bonne par- tie à un restaurateur local.” Pas forcément pour s’en débarrasser,

de joindre la passion à l’agréable. À force de rencontres et d’échanges, des amitiés se nouent entre collectionneurs. “C’est vrai- ment un plaisir de se retrouver.” En 2011, Gilles reprend à son compte l’organisation de l’A.G. du club. Une cinquantaine de fondus de petites bouteilles met- tent alors le cap sur le Haut- Doubs où en dehors des choses sérieuses, ils prendront aussi le temps d’apprécier les spéciali- tés locales. Beaucoup d’échanges s’effectuent dans ce cercle d’ini- tiés. “Cela représente environ 40 % des transactions” , préci- se Gilles Oudot. Car les affaires se font pour l’essentiel sur le net : ebay, le bon coin, paru-ven-

du. “Je les consulte en moyen- ne une fois par semaine. Il m’ar- rive assez souvent d’en acquérir aux États-Unis, en Italie…” Le marché des mignonnettes est en sérieuse perte de vitesse. Dur- cissement des règles de publi- cité pour les alcools, baisse de consommation, coûts de fabri- cation, plusieurs causes expli- quent ce fléchissement. Consé- quences : certaines pièces pren- nent beaucoup de valeur com- me des séries spéciales, des marques prestigieuses. Chez Gilles Oudot, les mignonnettes contenant un alcool sucré liquo- reux sont systématiquement vidées. “Ce type d’alcool finit par s’imprégner dans le contenant

et cela fait des taches. On n’a pas ce problème avec les alcools blancs.” Méticuleux, Gilles Oudot range ses protégées avec méthode en les classant par pays ou conti- nent. Il a aussi transmis une partie de son virus à sa com- pagne qui a jeté son dévolu sur les mignonnettes à l’effigie d’El- vis Presley. La star du rock res- te toujours un bon support pro- motionnel chez les fabricants de bourbon, whisky… “Si des per- sonnes veulent se débarrasser d’un vieux stock de mignonnettes, elles peuvent toujours me contac- ter” , suggère Gilles Oudot. (gilles.oudot@sfr.fr) n F.C.

“Je suis limité par deux facteurs : la place et l’argent.”

jamais fini et Gilles est allé très loin dans l’exercice. Pas du gen- re à faire les choses à moitié. Rien ne le prédestinait à tom- ber dans la buticulamicrophilie qui désigne ainsi ce goût pro- noncé pour les mignonnettes. “Un jour, un copain de ma fille m’a offert un coffret de mignon- nettes qu’ils avaient acheté au retour d’un voyage à l’étranger. Tout est parti de là.” Comme un

plutôt le sentiment d’avoir fait le tour de du sujet en verre et sans doute une question de stoc- kage. “Je suis limité par deux facteurs : la place et l’argent” , confirme le collectionneur. Cet- te séparation marque aussi la reconversion vers les mignon- nettes en faïence et en céra- mique. “J’en avais quelques- unes” , explique celui qui va vite trouver son bonheur sur le site

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