Journal C'est à dire 210 - Mai 2015

D O S S I E R

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Accès aux soins Et la santé, comment ça va ? Dans l’éternel débat sur l’offre médicale dans le Haut-Doubs Horloger, outre l’éloignement et la pyramide des âges des médecins libéraux, un nouveau point est soulevé, celui des gardes de nuit que les autorités régulent aujour- d’hui différemment. Non sans conséquences.

Dragon 25, l’hélicoptère de la sécurité civile fait par- tie des moyens d’urgence pour réduire les délais de prise en charge des patients.

Contre le désert médical

a composé le 39 66 et apporte un conseil médical à distan- ce, faxe une ordonnance à la pharmacie de garde ou préco- nise d’aller voir son médecin le lendemain matin, “en n’hésitant parfois pas à dire que nous ne sommes plus disponibles la nuit” s’insurge Philippe Prêtre. Mais pour lui, le risque est réel. D’une part de passer à côté d’urgences qu’un médecin aurait pu détecter et d’autre part d’amplifier le sentiment de soli- tude et d’abandon, des plus âgés et des plus vulnérables surtout : “Rien ne peut remplacer la consultation physique et la pré- sence du médecin qui rassure.” Sans compter que les gens crai- gnent d’être envoyés à l’hôpital en pleine nuit… “J’ai préféré ne pas appeler car je savais qu’on allait m’envoyer une ambulance” ou encore “j’ai dû appeler un ami à 4 heures du matin pour venir me rechercher” lui ont rapporté des patients. Une réalité nouvelle difficile à digérer pour un médecin de campagne qui milite pour le maintien d’une proximité qui, en plus de l’aspect humain et social, peut sauver des vies. induit des délais d’intervention très longs pour les pompiers du chef-lieu de canton. D’où la créa- tion de ce centre de première intervention qui couvre les com- munes de Montjoie-le-Château, Vaufrey, Glère et Montancy- Bremoncourt. “Une bonne nou- velle car nos collègues inter- viennent en prompt secours et nous font gagner jusqu’à 10 minutes dans la prise en char- ge des victimes” souligne le lieu- tenant Boris Loichot du chef du centre de secours de Saint-Hip- polyte. Désormais, les habitants de la vallée peuvent donc compter sur une équipe de 15 volontaires qui assure les premiers gestes en attendant l’arrivée des volon- taires du centre voisin de Saint- Hippolyte qui est automati- quement engagé pour la prise en charge et le transport des victimes. Des minutes gagnées, ce qui peut s’avérer vital. D’où la politique menée par l’ancienne majorité départe- mentale qui a rénové de nom- breux centres de secours et en a même ouvert, comme ici.

La maison de santé, un remède miracle ? Construite pour regrouper les différents intervenants et offrir à la population locale un maximum de services, la maison médicale de Belleherbe remplit bien son rôle quant aux différents services publics, ayant même reçu un label de l’État. Pour la partie médicale, les solu- tions sont moins évidentes à trouver.

É voquer l’offre médicale revient à évoquer l’absence de certains spé- cialistes comme les ophtalmo- logistes, un problème devenu préoccupant quand on sait qu’il faut faire des dizaines de kilo- mètres pour s’y rendre et avoir du temps… au moins six mois pour avoir un rendez-vous. Un exemple parmi tant d’autres. Pour les généralistes, la question du renouvellement se pose dans certains secteurs où arrivés à l’âge de la retrai- te, les médecins ont du mal, beaucoup de mal même à trou- ver un ou des remplaçants. Dix heures par jour, douze ou sou- vent plus, ce n’est pas ce que veulent les jeunes générations qui au-delà de cette perspec- tive d’une lourde tâche à accomplir ne se voient pas for- cément vivre à la campagne loin des services et loisirs qu’ils

ont connue tout au long de leurs études citadines. Vient encore la question des cas d’urgence. Il faut près d’une heure de route pour se rendre dans les centres hospitaliers de Besançon, Montbéliard ou Pontarlier, et encore, sans la neige et le verglas des longs

mais n’est jamais sortie des tiroirs. Soulevée par le Docteur Phi- lippe Prêtre, médecin généra- liste à Bonnétage, la polémique mérite un retour sur l’historique de ce service : “Depuis une dizai- ne d’années, les tableaux de gardes étaient organisés de sor-

L’ été dernier, la struc- ture devait à nouveau faire face au vide. Plus de médecin géné- raliste. Comme dans d’autres cas, venu d’un autre pays, le praticien était reparti. L’ordre des médecins interrogé souli- gnait qu’en milieu rural “la solitude face à la réglementation et l’isolement géogra- phique ne facilitent pas un ancrage solide.” Le remède miracle de la maison médicale n’était-il fina- lement qu’un placébo ? Pour Charles Schelle, président de la communauté de com- munes entre Dessoubre et Bar- bèche, à l’origine de la construc- tion de la maison médicale et du recrutement du médecin généraliste, “le problème est français. C’est le numerus clau- sus. Une réflexion qui devrait

mois d’hiver. Une réa- lité géographique qui se heurte aux préco- nisations du schéma régional d’organisation sanitaire, le S.R.O.S.,

te que les généralistes soient directement joi- gnables la nuit” explique-t-il, regret- tant le changement de situation depuis que

exister depuis dix ans quand on sait que beaucoup de géné- ralistes vont partir en retraite notamment en milieu rural.” Constat partagé par une majo- rité d’élus des campagnes bien conscients qu’en plus, le char- me et le calme des villages

La question des gardes de nuit.

pour qui un point du territoi- re franc-comtois ne doit pas être éloigné de plus de 30 minutes d’un accès à des urgences médi- cales. La solution aujourd’hui est l’hélicoptère de la sécurité civile qui à défaut de raccourcir les distances réduit les délais. La solution d’un équipement spé- cifique sur le secteur Maîche-Le Russey a parfois été évoquée

l’agence régionale de santé (A.R.S.) a pris les choses en mains : “La régulation était une bonne idée au départ, elle visait à améliorer la vie des généra- listes mais aujourd’hui on note une vraie déviance, à savoir qu’on essaie de réduire le nombre de consultations de nuit.” Concrètement, la régu- lation répond au patient qui

n’attirent pas les jeunes diplômés. 100 médecins remplaçants dans la région avaient été contactés… et pas une seule réponse ! Alors, à nouveau, la

100 médecins contactés… pas une seule réponse !

collectivité a eu recours aux petites annonces en vantant l’aspect économique, sachant qu’une étude menée ici prouve qu’il y a de la place pour 1,5 poste. Aujourd’hui, un nouveau professionnel s’est installé… en partageant son temps entre Belleherbe et Le Russey. Un moindre mal.

Services d’incendie et de secours Les pompiers sauvés des eaux

“Pour une fois que l’on pense à nous pour offrir un nouveau service et non pas pour le fermer.” C’est par ces mots que le maire de Vaufrey avait salué en octobre 2011 l’ouverture de la caserne de pompiers de la vallée du Doubs.

O n se souvient en effet ici des longs combats à répétition pour sauver des classes, ce qui n’a fait que

renforcer l’importance sym- bolique de cette création. “C’est très important pour notre sec- teur géographique très encla-

vé” avait ajouté l’élu. Il est vrai que la route départementale R.D. 437 qui relie Saint-Hip- polyte à la Suisse a toujours

Beaucoup de jeunes de la vallée se sont mobilisés pour suivre la formation de sapeurs-pompiers volontaires.

À Belleherbe, la structure n’accueille qu’un médecin à mi-temps alors que selon une étude il y a trois fois plus de travail.

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