Journal C'est à dire 210 - Mai 2015

Une urgence à relancer l’investissement public L’antenne Bourgogne-Franche-Comté de l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem) affirme que beaucoup d’entreprises du secteur sont aujourd’hui en graves difficultés. Elle demande aux collectivités de faire preuve de volontarisme dans l’investissement public. Conjoncture 32 É C O N O M I E

Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr đ !0. %0! đ É , .#! đ ( !)!*0 đ .h2+5 * ! đ 10+ đ +0+ đ %0 0%+* đ +%/%./ đ +))!. !/ đ *0.!,.%/!

D ans un contexte de cri- se, les organisations professionnelles du bâtiment et des travaux publics tirent régulièrement la sonnette l’alarme pour prier les collectivités de ne pas relâcher la commande publique dont dépend en grande partie le sec- teur du B.T.P. Discrète jusque-là, l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de constructionmonte à son tour au créneau pour dire à quel point la situation est critique pour beau- coup d’entreprises de l’industrie extractive et de la production de matériaux de construction. En Bourgogne-Franche-Comté, der- rières ces activités qui sont à la base de l’acte de construire, il y liés au B.T.P. Sur les sept der- nières années, notre activité a baissé de 30 %. Le recul est très fort et il a tendance à s’accélérer. Il y a un an, nous étions au bord du précipice. Cette fois-ci, on tom- be dedans” s’inquiète Laurent Delafond, président de l’Unicem Bourgogne-Franche-Comté. La conjoncture se dégrade encore au premier trimestre de cette année comparé à 2014 (- 15 %). “Il y a un risque de cessation d’activité, d’arrêt de sites de pro- duction ou de leur mise en som- meil. Évidemment, il y a un risque de licenciements” ajoute- t-il. 50 % de l’activité du secteur dépend de l’investissement public, et le reste du privé. Pour combler les temps morts liés aux a 260 sociétés, 3 500 emplois directs et 8 500 emplois induits, pour un chiffre d’affaires qui avoi- sine les 650 millions d’euros. “Nous sommes

à-coups de la conjoncture, les entreprises ont activé jusque-là des leviers comme le recours à des périodes de formation du personnel pour éviter d’avoir à s’en séparer. Ainsi, elles ont conservé leurs savoir-faire et leur force opérationnelle en vue d’une éventuelle relance, qui pour l’instant tarde à venir. “L’État comprend nos difficul- tés. Mais il ne sait pas quoi fai- re non plus pour inciter les col- lectivités à investir” observe Lau- rent Delafond qui en appelle au volontarisme des pouvoirs publics. L’Unicem demande notamment un “déblocage de la construction des logements “gelés” depuis les élections municipales de mars 2014, et l’instauration En réalité, il n’y a pas que le volontarisme des élus commu- naux, intercommunaux, dépar- tementaux ou régionaux qui est en cause. Ce qui paralyse la com- mande publique, c’est aussi le rythme des périodes électorales durant lesquelles il ne se passe rien ou presque. À peine ter- miné le scrutin départemental que se prépare déjà celui des régionales en décembre. “C’est inadmissible. Nous ne pouvons pas toujours être dépendants du jeu et des décisions politiques. J’ajoute que cette réforme ter- ritoriale ne va pas dans le bon sens pour créer de l’investissement. Les nouveaux Conseils départementaux ont des d’un bonus pour les col- lectivités qui investi- ront en 2015.” L’investissement privé est lui aussi timide. La crise de confiance et la prudence ont gagné l’ensemble du système.

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“Dépendants du jeu et des décisions politiques.”

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incertitudes quant à leurs futures compétences. Les D.R.E.A.L. (directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement) ne savent pas non plus comment elles vont être organisées dans le cadre de la fusion des régions. Sans doute que cette réforme ter- ritoriale était nécessaire, mais elle n’a pas été pilotée de maniè- re à créer une dynamique. Tout

cela ne fait que ralentir les pro- jets et l’investissement” assume Laurent Delafond. Le temps de la politique n’est pas celui de l’entreprise. Mais aujourd’hui, c’est tout le secteur du B.T.P. qui espère déclencher un électro- choc dans les collectivités qui ont entre les mains une partie de la solution aux problèmes économiques qu’il rencontre. T.C.

Laurent Delafond préside l’Unicem Bourgogne-Franche- Comté qui fédère 18 branches d’activité de l’industrie extractive et des matériaux de construction.

Le B.I.M. révolutionne le bâtiment Les entreprises du bâtiment basculent dans l’ère du numérique avec le B.I.M. Cette méthode consiste à réaliser une maquette numérique en 3 dimen- sions d’un projet de construction auquel chaque corps de métier peut apporter sa pierre. Une technologie qui permet de régler la plupart des pro- blèmes techniques avant le lancement des travaux. Innovation

A vec le B.I.M., c’est tout le secteur du bâtiment qui entame une petite révo- lution. Cet acronyme anglais qui signifie“Buildinginformationmode- ling”, se traduit dans la réalité par un basculement progressif dans l’ère du numérique de tous les acteurs du processus de construc- tion :maître d’ouvrage,architecte, économiste,ingénierie.Elle s’étend aussi aux corps de métier du gros et du second œuvre. Le bouleversement a lieu sur- tout dans la phase de concep- tion du projet. Le B.I.M. consis- te à réaliser une maquette numé- rique détaillée en 3 dimensions de l’ouvrage en question dans laquelle par exemple va appa- raître la circulation précise des réseaux électriques ou de plom- berie. Le but est que cette maquette soit accessible aux acteurs de la construction pour qu’ils aient une vue d’ensemble,

claire, du futur bâtiment. Cela permet de déceler d’éventuelles incohérences et de proposer des solutions. “Ainsi, grâce à la maquette B.I.M., on peut résoudre en amont 95 % des problèmes qui se règlent aujourd’hui sur le chantier. Il faut en revanche que les acteurs de la construction

Une entreprise de maçonnerie peut connaître en quelques clics l’épaisseur d’un mur, sa surfa- ce, sa composition. Cette visua- lisation va lui permettre de pré- voir les quantités, de les vérifier et de répondre avec justesse à un appel d’offres. Il y a beaucoup moins d’aléas. Le B.I.M.

Philippe Perreau chapeaute la formation B.I.M. au G.R.E.T.A. de Besançon.

liariser à cet outil sont crois- santes. “Le B.I.M., c’est l’avenir du bâtiment. Les entreprises qui ne s’adapteront pas auront du mal à travailler. La marche à franchir n’est pas haute puis- qu’elles ont pour la plupart un équipement informatique qui peut leur permettre de visuali- ser une maquette B.I.M. à l’aide d’un viewer gratuit. Si les char- pentiers qui utilisent depuis long- temps la visualisation 3 D ont réussi cette évolution, il n’y a pas de raison que les autres corps de métiers n’y parviennent pas” observe la Fédération régiona-

le du bâtiment de Franche-Com- té. Cette organisation profes- sionnelle a engagé une action de sensibilisation au B.I.M. auprès de ses adhérents. Les collectivités s’y mettent aus- si. La Ville de Besançon étu- die avec le G.R.E.T.A. la possi- bilité de former à cette métho- de les services techniques de la municipalité. De son côté, la région de Bourgogne a une lon- gueur d’avance. Elle a scanné en 3 dimensions l’ensemble des lycées. Désormais lorsqu’elle engage un programme de réno- vation sur un établissement sco-

laire, elle exige de la part des entreprises qui répondent aux appels d’offres d’utiliser le B.I.M. Car l’autre intérêt de cette méthode numérique est qu’elle permet de conserver tout l’historique de la construction du bâtiment consultable dans ses moindres détails en quelques clics. “Cela améliore la perfor- mance de la maintenance de la construction. On peut faire des économies énormes” estime Phi- lippe Perreau. La fin des archives papiers épaisses a peut-être son- né dans la construction. T.C.

acceptent de collaborer autour de la maquette numérique” observe Phi- lippe Perreau, respon- sable de la formation B.I.M. dispensée au G.R.E.T.A. de Besançon

n’annonce cependant pas la fin de la 2 D qui res- te un outil pour préciser des détails” poursuit Philippe Perreau. L’Europe plébiscite l’usage du B.I.M. Très

“Le B.I.M., c’est l’avenir du bâti- ment.”

depuis deux ans (une trentaine d’étudiants suit actuellement cette licence professionnelle). Le B.I.M. rend possible ce qui ne l’est pas avec des plans tra- cés sur le papier en deux dimen- sions, la méthode la plus répan- due. “En 2 D, on dessine des traits, alors qu’en 3 D on des- sine des objets et des volumes.

répandue en Angleterre où dès 2016 tous les marchés publics se feront selon cette méthode, elle l’est moins en France, en Allemagne et en Belgique. Cependant, dans ces pays, le développement du B.I.M. est remarquable. Les demandes de formation de la part des entre- prises du bâtiment pour se fami-

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