La Presse Pontissalienne 162 - Avril 2013

PONTARLIER

18

La Presse Pontissalienne n° 162 - Avril 2013

ENSEIGNEMENT

Une enquête ludique

Animation police scientifique :

comme des pros

Maisons bois contemporaines en madriers conçues et fabriquées dans le Jura. Auto-construction, Clos-couvert ou clés-en main.

Q ui n’a pas rêvé d’imiter ces poli- ciers ultras branchés capables de résoudre une enquête avec des moyens scientifiques qui n’existent que dans les films ? Le sujet a tout pour plaire. Sa mise en anima- tion supposait des compétences qui n’existent pas forcément dans les struc- tures dédiées à l’accueil des jeunes où l’on trouve plutôt des généralistes.Mais comme dans les bons films où le sau- veur arrive à point nommé, Michel Seguin pallie cette absence. Lui qui a choisi de donner en 2011 une tout autre orientation à sa vie professionnelle. À 48 ans, il quittait en effet la boîte de Pandore au terme d’une carrière assez active. Originaire deVerne près de Bau- conception et l’encadrement d’animations à suspen- se. Sueurs froides. Après 30 ans en brigade de recherche, Michel Seguin, ancien gendarme, s’est reconverti dans la

Michel Seguin propose ses animations aux centres de vacances, aux collectivités du Doubs et du Jura.

me-les-Dames, Michel Seguin a profi- té de s’engager dans la gendarmerie pour voir du pays et donner consistance à son goût de l’action et de la justice. Après de multiples missions qui l’ont conduit un peu partout, de Berlin à Nouméa, il intègre la brigade de recherche à Pontarlier. C’est là qu’il se familiarise avec les techniques d’enquête les plus abouties.Au début des années soixante, il se spécialise dans le trai- tement des affaires sexuelles avec enfants et sera à l’origine de la créa- tion de la première “salle d’audition pour mineurs” dans le Haut-Doubs. “En travaillant avec ce public, on côtoie

forcément le monde associatif et les mai- sons de quartier” , confie l’ancien gen- darme. Des contacts qu’il saura réac- tiver à l’heure de sa reconversion professionnelle. Après réflexion, il décide de se lancer dans l’animation et effectue un stage bénévole de 6mois à lamaison de quar- tier des Pareuses. Histoire de trouver ses repères dans ce milieu et voir com- ment il pourrait apporter sa pierre à l’édifice. Son entrée en lice remonte à février 2012. Il opte pour le statut d’auto- entrepreneur et propose trois types d’animation. Sculpteur amateur de bon- ne facture, il décline son penchant artis- tique sous forme d’un atelier de construc- tion d’objets en bois. Plus insolite, le stagemicro-fusée où les enfants appren- nent à fabriquer l’engin qu’ils expé- dieront très haut dans le ciel pour leur plus grand bonheur. Sécurité oblige, Michel Seguin a suivi un stage à Planète Sciences à Mont- béliard où il décroche l’habilitation adé- quate. Il met enfin tout son savoir-fai- re professionnel en œuvre dans l’animation police scientifique. Cette formule s’articule autour de la résolution d’une enquête plus vraie que nature basée sur l’utilisation de maté- riel pratiquement professionnel. “C’est la condition sine qua non pour que cela

L’animation police scien- tifique met les nerfs à rude épreuve surtout

quand il s’agit de couper le bon fil.

Équipés de gants, masques, les apprentis enquêteurs utilisent les techniques les plus modernes pour relever et identifier les empreintes.

se familiarise avec les instruments mis à leur disposition. La technologie ne sert pas à grand-chose sans réflexion. Michel Seguin opère toujours avec un complice.Mieux vaut savoir bien obser- ver et comprendre le sens des indices quand il s’agit de pister un suspect. Tout se passe en direct, sous le contrô- le discret mais efficace de l’animateur qui maîtrise toujours la situation. Sur- tout quand elle s’avère explosive au moment de couper le bon fil. Sinon, boum… F.C.

fonctionne. Les enfants veulent repro- duire ce qu’ils voient à la télé” , explique l’animateur. Lampe ultra-violette, poudre magique pour les relevés d’empreinte, les traces de sang, micro, mini-caméra pour les écoutes indiscrètes et les suivis de sus- pect. Les apprentis enquêteurs inter- viennent équipés de gants, masques, couvre-chaussures. Lamise en ambian- ce est complète, optimisée par un scé- nario bien ficelé. “Il faut les emmener dans une histoire.” L’animation est orga- nisée sur deux jours pour que chacun

ÉDITION

Un projet d’ouvrage

Daniel Lonchampt planche actuellement sur la rédaction d’un livre où il décrypte l’étonnant destin économique de Pontarlier intimement lié à l’axe transjurassien représenté aujourd’hui par la R.N. 57. Aux sources de l’histoire économique et sociale pontissalienne

L a manière de raconter l’histoire évolue au gré des époques et selon le profil des auteurs. Parce qu’il a exercé plusieurs métiers dans le public et le privé avant d’enseigner, Daniel Lonchampt appréhende l’histoire pon- tissalienne avec une sensibilité peut- être plus pragmatique que ses confrères. Il a déjà sorti des livres sur la sépara- tion des Églises et de l’État dans le Doubs et sur le C.A.P. rugby. “J’avais envie d’étudier l’histoire économique et sociale de Pontarlier” , indique cet ancien professeur d’histoire et de géographie qui travaille sur le sujet depuis 18mois et compte parvenir à ses fins d’ici un an. Quelques constantes émergent déjà de ses observations.Depuis l’époque romai- ne à aujourd’hui, Pontarlier vit au ryth- me des échanges qui transitent par la célèbre cluse de Joux. “Quand le trafic se développe, la ville prospère comme ce fut le cas, par exemple, à l’époque médié-

si Dubied, Gurtner. “On parle de colo- nisation helvétique. C’est là que Pon- tarlier va connaître sa révolution indus- trielle.” La situation n’a guère évolué dans cette ville qui n’est toujours pas maîtresse de son destin économique. Par chance, elle peut s’appuyer sur une grande diversité d’activités :mécaniques, agro-alimentaire, électronique, textile, transport… “Cette diversité servira d’amortisseur aux crises. Elle surmon- tera ainsi l’interdiction de l’absinthe, la disparition des écoles du feu, l’ouverture de la ligne Frasne-Vallorbe.” Politiquement aussi Pontarlier cultive la singularité.C’est le poids de l’électorat ouvrier qui favorisera plusieurs fois l’arrivée de la gauche aux commandes de la municipalité. Plutôt rare dans ce Haut-Doubs rural et profondément conservateur.Après les années absinthe, la ville connaîtra une nouvelle poussée d’industrialisation suisse avec Gerber, Nestlé. “Là, on se situe plus dans des

vale quand cette route servait d’axe d’échange privilégié entre l’Europe du Nord et l’Italie.” Le même phénomène se reproduira à l’arrivée du chemin de fer qui va favoriser les exportations de fromage, bétail, bois sans oublier l’absinthe. La gare signe la fin de

l’autarcie agricole du Haut-Doubs. “La pos- sibilité d’importer du blé permet aux agri- culteurs de se spéciali- ser peu à peu dans l’élevage laitier.” Autre constante à Pon- tarlier où le dévelop- pement économique est rarement aux mains de décideurs locaux.La loi Méline sur le pro- tectionnisme en 1892 provoque l’arrivée des industriels suisses. Les distillateurs mais aus-

Cette diversité servira d’amortisseur aux crises.

Pontarlier a connu plusieurs vagues d’industrialisation helvétique comme ce fut le cas en 1922 avec l’arrivée de Gerber qui fabriquait des fromages fondus.

stratégies de groupe.” La troisième et dernière vague remonte aux années quatre-vingt-dix et coïncide avec la créa- tion de l’Europe. Sur le plan démographique, Pontarlier n’a jamais été épargnée par les guerres, les épidémies. D’où ce besoin d’attirer des populations étrangères : Suisses, Italiens, Polonais…L’industrie pontis- salienne qui a raté en son temps le vira-

ge horloger subi désormais la concur- rence suisse, véritable aspirateur à main-d’œuvre. “Cette contrainte a favo- risé l’essor commercial sans pour autant enterrer complètement les ressources industrielles existantes” , conclut Daniel Lonchampt toujours à la recherche de photos et autres documents iconogra- phiques. À bon entendeur… (daniel.lonchampt@gmail.com).