La Presse Bisontine 100 - Juin 2009

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 100 - Juin 2009

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BESANÇON

Fort de Planoise

Les chèvres de Monsieur Moustache Philippe Moustache est berger à Besançon. Avec son troupeau, il est missionné pour débroussailler des communaux. La méthode est innovante et pourrait faire des émules.

Philippe Moustache, entouré de Flocon, le dernier né du troupeau et de King-Kong, un chien. Le berger urbain apprécie le contact avec les pro- meneurs intéressés.

S i Blanquette avait été la chèvre de Philippe Moustache plutôt que celle de Monsieur Seguin, sûr que l’imprudente n’aurait pas été tentée d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. La chute du conte provençal aurait été moins tragique, mais gageons que sous la plume d’Alphonse Daudet, l’histoire aurait connu un destin aussi populaire. Fat- ché ! Un berger qui donne du chocolat à ses biquettes pour les gâter, voilà qui n’est pas courant. Qu’elles paraissent heureuses ces chèvres de gambader sur les coteaux du fort de Planoise ! Un troupeau de quatre-vingt bovidés dont 46 laitières, qui se rallient dans l’allégresse à son berger, les clochettes tintinnabulantes dans l’air. Il hèle ses protégées avec fermeté mais sans désobligeance. Pour l’aider, King-Kong et Volga, ses deux chiens, fidèles compagnons, sont là pour accélérer le pas des traînards. Philippe Moustache connaît chacune de ses chèvres, de Noisette la premiè- re, à Flocon le dernier né de la trou- pe. Il lui arrive même de nourrir au biberon des cabris rejetés par leur mère. Un spectacle inattendu sur le flanc de cette colline aux portes de Besançon auquel s’intéressent les pro- meneurs interloqués et curieux. À 54 ans, le pâtre a le pas tranquille et le nez au vent lorsqu’il arpente le champ. Barbe grisonnante, cheveux

en bataille, il a le teint hâlé de ces hommes qui vivent à l’extérieur. Sur son visage, les rides sont rieuses, et son regard attachant est celui de ces gens qui observent le monde. Lorsqu’il s’accroupit un instant, le temps d’une pause cigarette qu’il roule avec soin évidemment, le berger apparaît com- me étant l’héritier d’un Larzac soixan- te-huitard, ce qu’il n’est pas vraiment. Ce Bisontin a toujours été proche du monde agricole, une affection qu’il tient de son grand-père et peut-être à cet- te “vieille dame de Chapelle-des-Buis qui avait quelques chèvres.” Il y a quelques années encore, Philip- pe Moustache était apiculteur jusqu’à ce qu’un hiver trop rigoureux com- promette l’avenir de ses ruches. Par la

santes. Le berger démontre aisément depuis deux ans que la méthode du troupeau est plus efficace (les chèvres atteignent les endroits les plus escar- pés), plus écologique, que les débrous- sailleuses mécaniques pétaradantes et portatives pour déboucher les espaces envahis par la végétation et les rendre praticables au public. “C’est un bon boulot. J’espère que ça va faire école à une époque où on parle beaucoup de développement durable et de manière douce de traiter l’environnement” sou- haite le pastoureau qui a commencé avec deux biquettes qui débrous- saillaient le tour de sa maison. “J’ai galéré au début. C’est plus qu’un sacer- doce ce métier. J’ai passé quelques mois à ne boire que du lait de chèvre. Il m’a fallu un an et demi pour constituer un troupeau. Quand j’ai senti que le grou- pe était prêt, alors j’ai proposé mes ser- vices à la ville” sourit-il. Sa situation est modeste, mais il avoue se suffire de peu de chose. Il n’est pas séduit par le miroir aux alouettes de la société de consommation dont il mesure les excès en ramassant tous les jours les déchets dans les fourrés. Vivre au contact du troupeau, dormir à la belle étoile allongé dans son hamac, dialoguer avec les citadins, voilà le goût à la liberté. PhilippeMoustache a signé une conven- tion avec la municipalité de Besançon pour nettoyer les communaux comme

force des choses, il a changé de voie, pour devenir “berger urbain” comme il se définit aujourd’hui. En cela, cet agriculteur est peut-être un cas unique en son genre. Il n’élève pas les chèvres pour leur lait qu’il pourrait transfor- mer en fromage. Ce qui l’intéresse chez ce mam- mifère, c’est son côté herbivore et ruminant. La chèvre est un dan- gereux prédateur pour les plantes envahis-

“C’est un nomadisme nécessaire.”

sur le fort de Planoise où il a 4 hec- tares à entretenir. Il est arrivé là, sur l’ancien terrain de cross, le 19 avril après une transhumance très remar- quée à travers la ville accompagné de plusieurs centaines de curieux et l’association des Bergers du Jura. Il en repartira dans quelques jours pour gagner une autre colline. “C’est un nomadisme nécessaire tant il y a de travail de débroussaillage à proximi- té des villes.” Pour l’instant, il termine sa mission, attentif à l’œuvre de ses chèvres

ouvrières qu’il surveille de près pour qu’elles ne dévorent pas toutes les espèces végétales. Philippe Moustache pourrait bientôt étoffer son activité de débroussailleur écologique à laquelle s’intéressent de plus en plus de col- lectivités et même quelques privés. Il travaille à la mise en place d’un labo- ratoire mobile pour continuer à trai- re ses biquettes en campagne, et pour enfin transformer leur lait en froma- ge qu’il commercialisait. Tout une his- toire. T.C.

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