La Presse Bisontine 74 - Février 2007

DOSSIER

14

HISTOIRE

Les grandes heures du thermalisme La saga Besançon-les-Bains La découverte des eaux salines de Miserey en 1866 marque le début de l’aventure thermale de Besançon. À la fin du XIX ème siècle, le thermalisme attire la bourgeoisie aisée, on construit aux bords du Doubs l’hôtel des Bains et le casino. Mais l’activité périclite avec la première guerre mondiale.

“L’ établissement est un des plus complets qui existent en ce genre, et remarquable autant par la perfection de son outillage et sa commode distribu- tion que par l’ornementation de sa faça- de.” Édité pour la saison touristique 1896, le guide de poche du touriste et du baigneur à Besançon n’est pas ava- re d’éloges. Le gracieux hôtel des Bains et l’établissement thermal juste à côté - ouvert quatre ans plus tôt - repré- sentent alors la modernité. La fin du XIX ème siècle est la grande période de l’essor du thermalisme, en vogue par- mi les classes aisées de la bourgeoi- sie. Un peu partout en France, de nou- velles stations thermales se créent, un mouvement facilité par l’arrivée du chemin de fer. Besançon n’échappe pas à la mode. Depuis l’été 1866, on a découvert sous le village deMiserey-Salines un immen- se gisement d’eau saline de 55 mètres d’épaisseur. Pour s’assurer de sa qua- lité, des analyses sont aussitôt entre- prises. Les résultats sont prometteurs. L’eau saline de Miserey surclasse celles des autres stations thermales fran- çaises et rivalise avec les meilleures

eaux salines d’Europe de l’époque, celles des stations suisses de Rhein- felden et de Bex ou de Ischi enAutriche. Avec 298 grammes de sel par litre, l’eau de Miserey est ainsi “27 fois plus active que l’eau de mer.” La guerre de 1870 freine pourtant les projets de développement thermal, la station de Besançon-les-Bains-salins - le nom utilisé dans les dépliants tou- ristiques de la Belle époque - met ain- si vingt ans à émerger. Déjà directeur de station thermale à Biarritz, Achil- le Vilatte y croit et décide en 1890 de

En 1893, la station fonctionne plei- nement. On y soigne les affections gynécologiques, les maladies des os et des articulations, mais aussi des tuber- culoses localisées, l’anémie, la neu- rasthénie, la paralysie spinale de l’en- fance. Les thermes comprennent 70 cabines de bains, “des bains de vapeurs, des bains russes, une salle de pulvérisa- tion, des cabines pour bains de siège et pour douche ascendante” , décrit le guide de poche du touriste mais aus- si une pâtisserie, une buvette d’eau minérale et une laiterie. Mais l’arrivée des curistes correspond aussi avec le développement du tou- risme. On crée le syndicat d’initiative à cette époque. Pour distraire les curistes, en dehors du casino, on construit une salle des fêtes, l’actuel bâtiment du nouveau théâtre. La vie festive se déplace de l’intérieur de la Boucle à la Mouillère. Pendant la sai- son, on y organise soirées, représen- tations de théâtre. “Des tas de spec- tacles parisiens sont venus à l’époque. Cela faisait la fierté. Dans les jardins, des parcours de croquet, des cours de tennis et même un cirque de plein air

Les grands bains de la Mouillère à la grande époque.

lancer le thermalisme à Besançon. Ce sera à la Mouillère. La même année, la compagnie des bains est fondée, un an plus tard, la pre- mière pierre du casino - privilège accordé aux seules stations ther- males et balnéaires - puis de l’établissement des bains et de l’hôtel est posée. L’ensemble coûtera 1,6 million de francs or, tout de même.

Des spectacles tous les soirs.

années trente. Après la seconde guer- re mondiale, le remboursement des soins par la Sécurité Sociale boule- verse le thermalisme. La cure n’est plus réservée à la classe aisée mais s’ouvre aux couches populaires. “La société des bains de la Mouillère n’a pas su prendre le virage du therma- lisme médicalisé et du remboursement. Tout s’est effondré. Dommage, aujour- d’hui nous aurions été complètement à la page” , regrette Patrice Ruelle, le directeur de l’office du tourisme. “On n’a peut-être pas su y croire et mettre le thermalisme en valeur, analyse Chris- tian Godet. Il n’y a jamais eu beau- coup de soutien bisontin au dévelop- pement thermal.” Ultime coup de grâce, en 1969, les thermes sont détruits. À la place, on construit l’hôtel Mercure. Les grilles, qui entourent l’ensemble du parc des thermes sont, elles, enlevées en l’es- pace d’une nuit. La fin d’une époque. “Si on voulait relancer le thermalis- me, c’était avant qu’il fallait réagir. Avant que les thermes ne soient rasés” , regrette encore Christian Godet.

étaient installés le temps de la saison pour occuper les curistes” , raconte Christian Godet, le directeur du casi- no, qui a conservé dans la cave de son établissement une des charrettes qui servait à acheminer l’eau puisée à Miserey avant que les canalisations ne soient construites. Mais à l’aube de la première guerre mondiale, l’horizon s’assombrit déjà pour la station thermale. Un hôtel encore plus luxueux est prévu sur les hauteurs de Bregille, le projet est confié à Marcel Boutterin, l’architecte bison- tin qui avait dessiné le complexe ther- mal. Mais le projet ne verra jamais le jour. Et pour cause, la construction était censée aboutir en sep- tembre 1918… Trop tard déjà. Pen- dant la guerre de 1914-1918, les curistes continuent à venir se soigner. Mais l’établissement bisontin se reconver- tit surtout dans l’accueil de soldats blessés au front. Près de 100 000 mili- taires sont ainsi passés par l’établis- sement thermal. Au sortir de la grande guerre, l’acti- vité ne reprend pas tout à fait. La mode du thermalisme est déjà passée. Les bains se maintiennent jusque dans les

CHAMPIONNAT DE FRANCE NATIONALE 1 MASCULIN

S.D.

GYMNASE DES MONTBOUCONS

Photo Patrick Brument

ESBM - VENISSIEUX Samedi 20 JANVIER 2007 à 18h

Avec le soutien de :

ESBM - NANTERRE Samedi 27 JANVIER 2007 à 20h15

Avec le soutien de :

ESBM - GRENOBLE Samedi 17 février 2007 à 20h15

Avec le soutien de :

Le grand pro- jet d’hôtel Bellevue n’a jamais vu le jour.

Made with FlippingBook - Online catalogs