La Presse Bisontine 74 - Février 2007

ÉCONOMIE

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ÉTABLISSEMENT FRANÇAIS DU SANG 220 employés “L’institut de bioingénierie est sur les rails” Spécialisé dans l’ingénierie cellulaire, l’établissement français du sang de Bourgogne-Franche-Comté est l’un des secteurs de pointe de Besançon. Entretien avec son directeur, le docteur Pierre Tiberghien.

“Le site de Besançon est certai- nement l’un des centres régionaux à d’activités la plus lar- ge”, affirme son direc- teur, Pierre Tiberghien. avoir la palette

contaminé, on en a fait énormé- ment pour diminuer les risques au maximum. C’est très bien, mais cela coûte énormément. Les mala- dies nosocomiales font 10 000 morts par an à l’hôpital, mais les moyens mis en place pour lutter contre ces infections sont sans communemesu- re avec ceux pour sécuriser les trans- fusions sanguines, alors que les accidents sont très rares. Il faut revenir, pour le sang, à quelque

transfusion. Son utilisation a beau- coup diminué dans les années qui ont suivi. Depuis quelque temps, le nombre de transfusions remon- te doucement. C’est en partie lié à une reprise de la confiance dans la technique mais aussi à l’augmen- tation des hospitalisations avec le vieillissement de la population. L.P.B. : Chaque été, certaines régions com- me l’Ile-de-France manquent de poches de sang. Est-ce qu’en Franche-Comté aus- si la situation est tendue ? P.T. : C’est une attention continue. On veut répondre à tous les besoins en sang mais en même temps, ce n’est pas la peine de prélever trop et jeter par la suite. C’est un équi- libre difficile à maintenir. En Franche-Comté, nous n’avons jamais de situation aussi tendue qu’en Ile- de-France. La région parisienne ne fournit pas assez de sang pour ses besoins, mais ce n’est pas néces- saire non plus car les autres éta- blissements régionaux peuvent apporter le supplément. On a ain- si livré 21 000 produits sanguins l’année dernière à l’Ile-de-France. Globalement, on a une augmenta- tion chaque année de + 2 à + 5 % des besoins alors qu’il n’y a pas de renouvellement comme on le sou- haiterait des donneurs. Ils vieillis- sent. L.P.B. : Quels sont les développements à venir ? P.T. : L’objectif, c’est d’homogénéi- ser la prise en charge des patients. En même temps, il faut aussi que tout cela se fasse avec une analy- se lucide des coûts. Après le sang

est principalement réalisée à Besan- çon. Cela consiste par exemple à faire des diagnostics de maladies du sang, à trouver un rein compa- tible pour un donneur. Nous avons aussi une activité d’ingénierie cel- lulaire très importante. Enfin, nous avons aussi une activité de recherche. L.P.B. : En quoi consiste cette ingénierie cellulaire ? P.T. : Nous avons une banque de cornée, qui est la première ou deuxiè- me de ce type en France. Nous allons prélever les cornées chez des patients décédés, celles-ci sont ensui- te greffées à d’autres patients, atteints d’affection aux yeux. Nous avons aussi la banque la plus impor- tante de sang placentaire en Fran- ce, qui sert principalement dans le traitement de leucémies. C’est un développement assez récent, depuis une quinzaine d’années seulement. On prélève le sang - qui est conte- nu dans le cordon ombilical dans les maternités, au C.H.U., à Bel- fort et bientôt également à la Poly- clinique. Auparavant, on devait recourir à des dons de moelle osseu- se. L’avantage avec cette technique, c’est que les dons sont immédiate-

ment disponibles. Le choix avait été fait d’investir lourdement dans ces technologies. Depuis deux ou trois ans, la demande est de plus en plus forte. On double chaque année les demandes, même si on reste encore à petite échelle. En 2005, cela représentait 150 unités. L.P.B. : Et la recherche ? P.T. : Depuis quatre ans, une équi- pe de l’I.N.S.E.R.M., l’institut natio- nal de recherche médicale, est aus- si implantée à Besançon. En termes de crédibilité, de visibilité, leur pré- sence est importante. C’est un peu label. On a une forte activité de recherche sur les produits qui ser- vent aux transfusions. Comme tous ces produits proviennent de don- neurs, il y a toujours des interac- tions, il peut y avoir des rejets. L.P.B. : Quel est le budget pour faire fonc- tionner toutes ces activités ? P.T. : En tout, le budget de l’éta- blissement français du sang avoi- sine les 40millions d’euros. On four- nit environ 150 000 produits sanguins par an. Au moment du scandale du sang contaminé, on s’était aperçu qu’on recourrait peut- être trop systématiquement à la

La Presse Bisontine : Qu’est-ce que repré- sente l’Établissement français du sang en Bourgogne-Franche-Comté ? Pierre Tiberghien : L’établissement français du sang, c’est 14 sites régio- naux en France plus quatre dans les D.O.M. À Besançon, nous cou- vrons toute la Bourgogne et la Franche-Comté. En tout, on emploie un peu plus de 500 personnes, dont 220 sur le site bisontin. Donc par rapport à d’autres régions, nous ne sommes pas les plus gros. Par contre, ce qui est vrai, c’est que nous sommes certainement l’un des centres régionaux à avoir la palet- te d’activités la plus large. L.P.B. : Quelles sont vos activités ? P.T. : Notre cœur de métier, c’est bien sûr la collecte du sang. C’est quelque chose de complexe. Il faut des don- neurs, prélever le sang, préparer les produits. On doit pouvoir aus- si les qualifier, être sûr qu’ils cor- respondent à ce qu’on attend puis les délivrer aux médecins qui en ont besoin. Ce sont des processus que l’on va retrouver dans tous les établissements du sang. À côté de cela, nous avons aussi une grosse activité de biologie médicale dans l’hématologie et l’immunologie, qui

chose de plus rai- sonnable dans les choix de développe- ment. L.P.B. : Y a-t-il d’autres projets ? P.T. : Le projet d’ins- titut de bioingénie- rie est sur les rails. Le bâtiment atte- nant à nos bureaux est en cours de rachat par l’E.F.S. On devrait y réunir différentes struc- tures, qui tendent à

“Première banque de sang placentaire en France.”

L’Établisse- ment

développer la bioingénierie, à la fois des équipes de recherche du C.H.U., de l’Université, de l’E.F.S. et des entreprises spécialisées dans ce domaine. Diaclone, Nanobiogè- ne, que nous hébergeons déjà dans nos locaux, et R.D..biotech doivent nous rejoindre dans l’institut. Le projet doit aboutir cette année, avec un budget total de l’ordre de 2,5mil- lions d’euros. Une partie doit être prise en charge dans le cadre du contrat de projet État-Région.

français du sang bisontin fournit chaque

INTERNET La marque Péquignet Les bijoutiers court-circuités par les “ventes sauvages” De nombreuses entreprises horlogères organisent en direct des ventes promotionnelles de leurs produits, court-circuitant directe- ment les réseaux de distribution classiques. La bijouterie bisontine Van Brill vient de se séparer de la marque Péquignet.

année près de 150 000 produits sanguins.

Propos recueillis par S.D.

I l s’agissait certes d’anciens modèles, mais le procédé utilisé par lamaison Péqui- gnet pour écouler ses stocks hérisse les dépositaires fran- çais de la marque horlogère. Certains bijoutiers n’ont d’ailleurs pas hésité à lui tour- ner le dos en l’enlevant de leurs vitrines. C’est notam- ment le cas de Van Brill à Besançon. Juste avant les fêtes de fin d’année, sur le site internet “vente-privée.com”, on pou- vait acheter des montres à des prix défiant toute concur- rence puisqu’elles étaient pro- posées à - 70 % de réduction ! Avant cela, à deux reprises en 2005, l’enseigne basée à Morteau a lancé une opéra- tion promotionnelle auprès des comités d’entreprises de la région, court-circuitant directement son réseau de

distribution. À force de petites gouttes d’eau, le vase finit par débor- der. “Ce qui est embêtant, c’est qu’une marque qui prétendait égaler un jour Rolex ou Car- tier se livre à des ventes sau- vages. C’est le meilleur moyen de la fiche en l’air. Pour moi, c’est un énorme regret, car c’était des produits de quali- té” lâche un autre ex-distri- buteur des montres Péqui- gnet qui a mis fin à plus de 15 ans de collaboration. C’est indéniable : l’écoule- ment du stock pour une entre- prise horlogère en particulier est toujours une opération délicate. “La plupart des marques organisent des ventes privées. Mais en général, on prend soin d’avertir au préa- lable son réseau de distribu- tion pour éviter d’entrer en concurrence avec lui” note un

professionnel du secteur. C’est bien là le problème, à aucun moment la maison Péquignet n’a semble-t-il aver- ti ses distributeurs (il y en a plus d’une centaine sur le ter- ritoire national). D’autres marques prennent soin de prévenir leurs distributeurs. “Certes il s’agit d’anciens modèles, mais il aurait été

commerçant de nous en parler et pourquoi pas de nous associer à ces opérations. Nous avons passé l’éponge la première fois puis nous avons fini par ren- voyer le stock” confie-t-on chez Van Brill.

“C’est le meilleur moyen de fiche en l’air la marque.”

T.C.

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