La Presse Bisontine 74 - Février 2007

SPORT Médaillé aux J.O. d’Atlanta De haute lutte, Ghani Yalouz poursuit son chemin LE PORTRAIT Depuis le 22 décembre dernier, le Bisontin Ghani Yalouz a été nommé directeur technique national de la fédération de lutte. Depuis sa médaille olympique, il a su négocier une après-carrière remarquable.

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toi, gagner une médaille aux J.O. Il faut s’entraîner plus fort qu’eux pour y arri- ver. Quand tu fais de 4 à 5 heures d’entraînement par jour, plus les phases de récupération, c’est dur de mener de front des études” , reprend Ghani Yalouz. Obtenir son professorat de sport, affirme-t-il sérieu- sement, lui a fait “autant plaisir” que l’argent d’At- lanta. Et lui permet aus- sitôt d’intégrer la fédéra- tion, sa carrière terminée. Désormais tout en haut de lahiérarchie sportive, l’hom- me n’en a pas pour autant oublié ses origines com- toises. Pour parler de Besançon, il continue de dire “ma ville” , est toujours licencié depuis ses débuts dans les années quatre- vingt au club de lutte de Besançon. “À Paris, il y a

À 38 ans, Ghani

Yalouz est devenu le D.T.N. de la fédération de lutte.

une bonne communauté de sportifs de la région. On a tous à cœur de rentrer à la maison” , explique-t-il, installé dans un des bureaux de la société de fabri- cation de vêtements de sport que ses deux frères gèrent à Auxon-Dessous. Dans huit ans, un peu plus peut-être, il aimerait “rentrer” pour développer la pratique sportive en Franche-Comté, “après avoir fait ses classes dans les grands ministères.” Faire profiter de son expérience sa régionnatale et “rendre à ceux qui (lui) ont beaucoup donné.” Au niveau local, le sport flirte souvent avec la politique. Ghani Yalouz le sait, n’est pas forcément opposé à s’inves- tir et prendre des responsabilités locales, un jour. Il y a quelques années, Jean- Louis Fousseret l’avait approché. Trop tôt. “Pour faire bouger les choses, c’est politique. Si quelqu’un veut faire chan- ger par le sport, je le suivrai” , conclut- il. S.D.

D ans son costume sombre impec- cable, Ghani Yalouz arbore un franc sourire. Depuis la fin décembre, l’ancien champion de lutte, médaillé olympique, a été nom- mé par leministre de la Jeunesse et des Sports directeur technique national de la fédération de lutte. “D.T.N., c’est le premier ministre de la fédération. On chapeaute tout, du budget aux équipes nationales” , savoure le Bisontin de 38 ans, qui occupait déjà depuis deux ans le poste de directeur technique adjoint, en charge du haut niveau. Du même coup, il est devenu l’un des plus jeunes D.T.N. du moment parmi les 28 fédérations sportives nationales. “Honnêtement, c’est arrivé plus vite que prévu. J’avais prévu de changer de pos- te en 2008, pas avant” , reconnaît-il. De sa carrière de sportif de haut niveau,

GhaniYalouz a conservé la carrure robus- te et l’habitude de se fixer un objectif par olympiade, tous les quatre ans. Un tempérament de gagneur aussi. “Je savais qu’après ma carrière, je voulais rester dans le sport et rendre à la lutte ce qu’elle m’avait apporté personnelle- ment. C’est un sport rude, le seul où il n’y a pas d’excuses. Il faut pouvoir le rendre accessible, le fairemieux connaître” , dit-il. Bizarrement, sa reconversion à lui, il l’a commencée dans l’avion du retour d’Atlanta, en 1996. Devant les télévi- sions du monde entier, le petit Bison- tin de 27 ans venait de décrocher l’ar- gent olympique de lutte. L’impact médiatique est énorme. La lutte, sport mal connu enFrancemalgré ses presque 15 000 licenciés, est en pleine lumière pendant quelques semaines, Ghani

Yalouz avec. Il enchaîne les interviews et les plateaux télé. “J’ai eu une réelle remise en question. Tout allait bienmais qu’est-ce que j’allais faire demain ? En France, quand tu es champion, c’est bien. Mais quand tu es diplômé, c’est mieux” , dit-il. À 27 ans, le lutteur sait aussi que sa carrière touche forcément à sa fin. Il a programmé sa sortie pour l’année 2000, après les prochains J.O. “C’est dur, le

de chez soi” , se justifie-t-il. Ghani Yalouz a fait le calcul. Pendant toute sa carrière, il a passé près d’un an - en tout - en Bulgarie, en Ukraine ou aux États-Unis. Alors, pour prouver que “les sportifs n’ont pas que des jambes, ils ont aussi un cerveau” , il reprend ses études avec Florian Rousseau, le pis- teur lui aussi multimédaillé. En même temps, auréolé de sa médaille olym- pique, il s’expatrie dans un club pro- fessionnel enAllemagne, pays où la lut- te est sport roi et rassemble chaque week-end près de 5 000 spectateurs. L’expérience est rude. Ghani a quitté les bancs de l’école en seconde, il faut tout réapprendre, “repartir de zéro.” “Quand j’étais jeune, j’étais trop fixé sur le sport, la préparation des Jeux. Dans le monde entier, il y a des milliers de types qui rêvent de la même chose que

haut niveau. Des cham- pions comme Laura Flessel qui continuent leur carrière jusqu’à 34 ans, je les admire. Mais je voulais aussi profiter de ma famille. Faire de la compétition, cela veut dire passer cinq à six mois endéplacement loin

Développer le sport en Franche- Comté.

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