Journal C'est à Dire 121 - Avril 2007

L E P O R T R A I T

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Entre le Nord et le Doubs À 41 ans, Christophe Beddeleem possède une vitalité et une ouverture aux autres flagrante. Normal, il vient de Dunkerque. Normal, il habite la Franche- Comté. Mais entre le “restaurant du port”, à Villers-le-Lac et l’association “Les Röch’Tis”, il est sûr que l’homme n’a pas une seconde à lui. Villers-le-Lac

“J e suis Nordiste par mon père et Franc- comtois par ma mère.” À 41 ans, Christophe Beddeleem, restau- rateur à Villers-le-Lac, semble pourtant avoir choisi entre ses deux régions. L’esprit vif, et cette bonhomie inspirant spontanément confian- ce et sympathie, l’homme est né à Dunkerque, dans un Nord cha- leureux et ouvert, à son ima- ge. Mais il entame pourtant sa vie active dans le Haut-Doubs, comme directeur d’Espace Mor- teau. “Au départ, j’ai vraiment un parcours particulier racon- te-t-il. J’ai fait des études en construction navale, mais j’ai baigné dès l’âge de 14 ans dans l’hotellerie-restauration.” C’est pourquoi en 1996, Chris- tophe Beddeleem retrouve le che- min de sa ville natale, pour y tenir “L’espadrille”, un bar d’am- biance sur la plage. “J’aurais aimé m’installer ici. Mais les pas- de-porte étaient tellement chers. Déjà la zone frontalière pertur- bait l’accès à la propriété.” Quant à devenir restaurateur, le choix est clair. “Je voulais avoir ma propre affaire, être mon propre patron. Pour n’en vouloir qu’à soi-même, et ne dépendre de per- sonne.” Mais après quelque temps, la famille Beddeleem choisit Mor- teau. Encore. “C’était la quali-

té de vie qui nous a fait revenir se souvient le restaurateur. Le Nord est plus pollué, plus indus- trialisé. En fait, c’était surtout ma femme. Elle est née à Dun- kerque également, mais elle avait réellement apprécié l’endroit.” Les voilà de retour. Et le Nor- diste cherche à nouveau un endroit où s’installer. “C’est le destin du hasard qui m’a fait trouver plaisante-t-il. Le bouche- à-oreille plutôt. J’ai appris que “le restaurant du Port” était à vendre. J’aimais l’endroit, l’at- trait de la Suisse et du Saut du Doubs, et surtout d’être seul au bord de l’eau.” Il ajoute : “C’était Mais une simple entreprise de restauration ne suffit pas à cet homme. “J’ai toujours vécu à 200 à l”heure…” La phrase n’aura même pas le temps de se finir, que déjà, une seconde prend sa place. Car même les mots se bousculent à un rythme effréné, tout comme les activités. Du bas- ket, une place à l’office du tou- risme peut-être, et surtout les “Röch’Tis”. Ce nom curieux est celui de l’as- sociation qu’il a créée, “avec une paire de copains.” Il raconte : “On s’est aperçu qu’il y avait un challenge de relan- cer tout ça. J’ai repris en janvier 2002, et deux mois et demi ensuite, les travaux de décora- tion étaient achevés.”

beaucoup de gens du Nord-Pas- de-Calais installés dans le Haut- Doubs. Nous avons commencé par une première rencontre ami- cale. Et dès le départ, nous avons réuni 70 personnes.” Mais les succès ne font pas enfler la tête de Christophe Beddeleem, loin de là. “On voulait surtout créer des liens amicaux, en rapport avec nos racines. Retrouver l’ac- cent aussi. Pour que les gens qui arrivent aient des liens, des repères.” Et ainsi, toutes les 5 à 6 semaines, Les Röch’Tis organi- sent des sorties de tous types : pique-nique, tournoi de bowling prochainement… nous sommes aperçus que par- mi nos adhérents, certains ne venaient pas forcément du Nord.” Peu importe. L’important, ce sont les “liens, l’amitié, les rencontres, les barbecues. De créer de l’uni- té.” Une chose est sûre avec tous ces projets, toutes ces idées, Chris- tophe Beddeleem “ne touche plus terre, au grand désespoir de sa femme. Mais plus c’est speed , mieux c’est.” Car pour la suite, les idées bouillonnent, au conditionnel. Comme de l’hôtellerie peut-être, “Nous avons également créé une petite gazette, que nous sortons à chaque rencontre.” Il renchérit : “Et nous

“Plus c’est speed, mieux c’est.”

À 41 ans, Christophe Beddeleem, restaurateur à Villers-le-Lac, multiplie les activités avec bonheur.

pour satisfaire cette envie de tourisme, cet amour du Doubs. “Je sais que je ne peux pas être partout. Et puis je n’aime ni le court, le moyen, ni le long ter- me.”

Dans l’instant, à toute vitesse. Voilà sûrement son credo. Mais lorsqu’on lui demande, finale- ment, s’il est plutôt Doubiste ou Nordiste, là, c’est l’hésitation. Peut-être plus Franc-comtois…

ou pas. Peut-être tout simple- ment un savant mélange, ultra- vitaminé, du meilleur des deux régions. J.C.

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