Journal C'est à Dire 121 - Avril 2007

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V A L D E M O R T E A U

Infirmière : 50 heures à 2,90 euros Villers-le-Lac Depuis l’obtention de son diplôme, en 1979, Marie-Claire Binétruy, infirmière libérale, a enchaîné les heures de travail, souvent au détriment de sa vie personnelle. Visite à domicile pour une femme passionnée et parfois désappointée par le manque de reconnaissance.

A u départ, comme sou- vent, il s’agissait plu- tôt d’un hasard. Entrée dans le monde du tra- vail à 20 ans, Marie-Claire Biné- truy, aujourd’hui infirmière libé- rale, est arrivé dans le milieu des soignants en poussant une porte. “J’ai un parcours atypique raconte-t-elle. Après quelques postes, je suis arrivée au C.C.A.S. de Besançon. Au bout de deux ans, je me suis aperçue que cet- te partie administrative ne me convenait pas. Je suis alors entrée en école d’infirmière. C’était une opportunité, et au fur et à mesu- re, les études, l’ambiance, les stages, m’ont plu.” Après deux années à l’hôpital de Morteau, elle se lance en libé- ral. “Là encore, j’ai eu une oppor- tunité reconnaît Marie-Claire Binétruy. Cela devait me per- mettre d’avoir une vie familiale plus correcte. Et de l’indépen- dance.” Et si au départ, l’activité de la jeune femme reste relativement calme, le rythme s’accélère petit à petit. “C’est une évolution nor- male du soin à domicile” pré- cise-t-elle. Car avec le vieillis- sement des populations, nul dou- te que les infirmières libérales seront de plus en plus deman- dées. Et le problème est bien là. Pendant cinq ans, Marie-Clai-

Les raisons de la colère des infirmières Si les infirmières libérales ont manifesté leur vif mécontentement, le 17 avril dernier, ce n’est pas sans arguments. Elles demandent avant tout une reconnaissance des pouvoirs publics. “Nous sommes les petites mains du monde de la santé explique Marie-Claire Binétruy. Et si les médecins nous respectent, ce n’est pas le cas plus haut.” En clair, il s’agit d’abord de revaloriser la formation. Avec 3 ans et demi d’études et de nombreux stages, les infirmières ont pourtant un niveau Bac + 2, sans équivalent dans d’autres pays. Cherchez l’erreur. Ensuite, et c’est le plus gros point noir, il s’agit d’honoraires. Payées 2,90 l’acte de base, avec une indemnité de déplacement forfaitai- re de 2 euros et kilométrique de 0,45 centime, les infirmières libé- rales restent loin d’être bien rémunérées. Surtout lorsque l’on sait que ces tarifs restent inchangés depuis près de 5 ans. Un petit calcul rapide comme preuve. Si l’on veut se faire vacciner chez un médecin : 21 euros la consultation, plus éventuellement 10 euros pour faire déplacer le praticien jusqu’à chez soi. Pour une infirmière libérale : 2,90 euros, plus 2 euros de déplacement, plus 0,45 centime par kilomètre parcouru. Total : environ 7 euros. Auquel il faudra enlever à peu près 45 % de cotisations obligatoires. Heureusement, les infirmières ont été entendues. Le tarif des actes de base a été augmenté de 10 centimes, et l’indemnité for- faitaire de 30 centimes. Pour le carburant, rien. Dans les syndi- cats, on estime que “c’est un début, selon Michelle Charles, admi- nistratrice nationale S.N.I.I.L. Mais il y a une possibilité réelle d’augmenter les tarifs par la suite.” Pour Marie-Claire Binétruy, en tout cas, ça ne change pas grand- chose. Il y a toujours aussi peu d’infirmières pour la remplacer, toujours pas de week-end de 5 jours dans le sud et toujours plus de 50 heures de travail dans la semaine.

À 54 ans, Marie-Claire Binétruy a déjà 25 années de bons et loyaux services auprès de ses patients à Villers-le-Lac. Et toujours avec un sourire.

re Binétruy a travaillé près de 50 heures par semaine, sans prendre aucun congé. “Je ne trou- vais personne pour me rempla-

continue. “Parfois, je me dis que lorsque mon fils aura terminé ses études, dans un an, je deviendrai remplaçante avoue-t-elle. Mais je me dis que je ne pas envie de laisser tomber mes patients. Qu’est ce qu’ils feront sans infirmière libérale ?” Et parce que Marie-Claire aime ce métier, ses malades, les ren- contres, la richesse de cœur des autres, elle continue. Toujours. J.C.

plaçantes de temps en temps.” Mais cela ne fait pas tout. Car, ce matin-là, un simple coup de fil a averti l’infirmière que son

cer regrette-elle. Les jeunes diplômés préfé- raient se jeter en Suis- se.” Et si elle a tenu bon, c’était avant tout pour l’argent, pour ses enfants. Heureusement en

week-end prolongé dans le sud tomberait à l’eau. Pas de remplaçante. Pas de repos. 50 heures de travail hebdomadaire et plus d’une dizaine d’heures le nez plongé dans les

Je ne pas envie de laisser tomber mes patients.”

2004, les choses ont commen- cé à s’améliorer. “Il y a des rem-

papiers de l’administration. Et pourtant Marie-Claire Binétruy

Y aurait-il un racisme anti-frontaliers ? Le conseil communal du Locle s’est récemment ému d’une “certaine intoléran- ce” de la population locale à l’égard des frontaliers. Ils sont plus de 2 000 au Locle. Emploi

Un grossiste à Morteau … DI.COM est installé depuis 1994 en tant que grossiste, au 45 rue de la Louhière à Morteau.

L e nombre de tra- vailleurs frontaliers n’a jamais été aussi impor- tant dans les entre- prises situées au Locle. Au 1 er septembre 2006, ils étaient précisément 2 089. Du jamais vu. Un an auparavant, le

qualifications requises par les entreprises locloises qui, faute de trouver sur place des sala- riés qualifiés, recrutent des tra- vailleurs français. Comment ce “racisme” anti-fron- taliers se manifeste-t-il ? “Il n’y a rien de visible, tempère Charles Häsler. Ce sont des petites remarques qu’on nous rapporte.” Parfois, ça peut aller un peu plus loin. Comme à l’époque de la dernière Coupe du Monde de football où quelques voitures immatricu- lées “25” ont vu leurs portières sérieusement rayées… J.-F.H.

et il ne faut pas généraliser com- mente prudemment Charles Häs- ler, membre du conseil commu- nal du Locle. Mais il faut recon- naître que, dans la population, on entend parfois des gens qui estiment que les frontaliers pren- nent la place des Suisses. Il est

Vous êtes de plus en plus nombreux à nous connaître ! Vous le savez, nous pratiquons sur l'électro- ménager, télé, écran plat, son, hi-fi … des tarifs préférentiels grossiste. C'est-à-dire des prix plus avantageux que la grande distribution ou même Internet. Aujourd'hui, vous êtes de Morteau, Maîche, Pontarlier, Besançon voire même de Strasbourg et de Suisse, à être intéressés par nos tarifs spécifiques. Néanmoins, notre priorité est la livraison de notre matériel sur la France et l’Europe … Si vous êtes intéressés par l'achat d'articles en électroménager, son, image … à tarif gros- siste , vous pouvez venir nous rendre visite de 16h15 à 18h00 du lundi au jeudi et de 16h15 à 17h30 le vendredi , afin de ne pas gêner notre travail et nos expéditions. En vous remerciant de votre compréhension. L’équipe DI.COM reste à votre entière dispo- sition dans les horaires précités. Cordialement Ch. Cassagne Un petit mot du gérant : M. CASSAGNE Christophe

nombre de frontaliers loclois était de 1 668. Ce bond spectaculaire est dû naturellement à une économie helvé- tique qui se porte com- me un charme, et à

vrai qu’un tiers de fron- taliers, c’est énorme. Mais il se trouve que côté suisse, il n’y a pas assez de travailleurs qui ont les bonnes qualifi- cations.” La ville du

“Il est vrai qu’un tiers de frontaliers, c’est énorme.”

d’autres facteurs comme le rapa- triement d’une entreprise com- me Comadur, des Brenets au Locle. Le taux de chômage dans le district du Locle est descen- du à 3,8 %. Et globalement, Le Locle comp- te, toutes entreprises confon- dues, à peine plus de 6 000 emplois. Ce qui signifie donc que 33 %, soit le tiers des emplois, sont occupés par des Français. Une fois encore, un seuil jamais atteint. La ville du Locle ne s’en plaindra certai- nement pas, elle qui a perçu en 2006 un impôt frontalier (ver- sé par la France à la Suisse) de 3,5 millions de francs suisses (contre 3,2 en 2005). Sauf que… Le conseil communal du Locle a mis en garde ce mois-ci contre un phénomène - peut-être enco- re marginal mais suffisamment clair pour débattre de ce sujet : ce que les élus loclois appellent “une certaine tolérance de la population vis-à-vis des tra- vailleurs frontaliers.” De quoi s’agit-il ? “C’est assez subjectif

Locle compte, selon les mois, entre 200 et 300 demandeurs d’emplois. Mais ce taux paraît peu compressible au regard des

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Sur les milliers de frontaliers qui passent la frontière chaque jour, un peu plus de 2 000 vont travailler au Locle. (photo archive Càd).

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