Journal C'est à dire 264 - Juillet/Août 2020

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

On en sait un peu plus sur les travailleurs frontaliers Étude

Une étude de l’étude récemment rendue publique par l’I.N.S.E.E. Bourgogne-Franche-Comté nous apprend notamment que désormais un travailleur sur trois habitant sur la zone frontalière travaille de l’autre côté de la frontière.

C haque jour, plus de 35 000 actifs de la région vont travailler en Suisse. Pour la Bourgogne-Franche-Comté, ce pays voisin constitue un pôle d’emploi externe très important puisqu’il arrive loin devant l’Île- de-France et la régionAuvergne- Rhône- Alpes, deux des autres régions bordant la nôtre. Ces dernières accueillent respecti- vement 18 000 et 12 000 actifs de Bourgogne-Franche-Comté. Sur les 35 000 actifs frontaliers de la région, 28 300 frontaliers, soit près de 80 % d’entre eux résident dans la “bande fronta- lière”. Sur cette zone s’étalant de l’agglomération de Montbé- liard au Haut-Jura en passant par Maîche, Morteau, Villers- le-Lac et Pontarlier, “36 % de la population active travaille en Suisse. Et au total, 44 % des 171 000 habitants sont concernés

par le travail frontalier, c’est-à- dire qu’ils appartiennent à un ménage comptant au moins un actif frontalier ”, faisant de cette bande frontalière, un vrai “ter- ritoire atypique non seulement au sein de la région Bourgogne- Franche-Comté mais aussi de l’Hexagone.” Les 28 300 travailleurs fronta- liers de la bande frontalière se rendent principalement dans trois communes suisses proches de la frontière : La Chaux-de- Fonds et Le Locle dans le canton de Neuchâtel ainsi que Le Che- nit dans le canton de Vaud (vallée de Joux). Dans ces communes très indus- trielles sont localisés de nom- breux établissements du secteur de l’horlogerie relevant d’entre- prises appartenant à des groupes multinationaux comme Tissot, Cartier, Rolex ou Swatch. De fait, près de la moitié des

Revers de la médaille : l’attractivité résidentielle de la bande frontalière se traduit aussi par une artifi- cialisation croissante du territoire.

frontaliers, principalement des ouvriers qualifiés, travaillent dans l’horlogerie où ils bénéfi- cient de salaires plus élevés que ceux auxquels ils pourraient

prétendre en France. D’autres se rendent dans des pôles plus diversifiés et plus éloignés comme ceux de Nyon ou de Lau- sanne au bord du lac Léman, où “ils travaillent dans les hôpi- taux et la restauration à parts égales avec l’horlogerie” précise l’I.N.S.E.E. dans cette dernière étude rendue publique en juin. Autre enseignement de cette étude, dans la bande frontalière, “près de la moitié des couples comptant au moins un actif sont concernés par le travail fronta- lier, soit 16 000 couples. Un quart d’entre eux (4 200) sont des cou- ples de frontaliers, c’est-à-dire que l’un et l’autre des conjoints travaillent en Suisse. Pour les autres couples où un seul conjoint est frontalier, il s’agit de l’homme dans 73 % des cas. L’autre conjoint travaille dans deux tiers des cas. Dans ce type de couple, lorsque la femme tra- vaille en France, elle exerce alors une activité principalement dans l’accueil de jeunes enfants, l’ad- ministration ou les activités hos- pitalières” développe l’institut de statistiques. L’organisation du travail fron- talier au sein des couples répond à plusieurs exigences selon l’en- quête de l’I.N.S.E.E. : la recherche d’un salaire plus élevé en Suisse mais aussi le souci de garder une couverture sociale française et de concilier travail et vie de famille. Logiquement et ce n’est pas une surprise, les trajets pour tra- vailler en Suisse sont plus longs que les trajets des non fronta- liers : 79 km aller et retour contre 4 km en moyenne. “Le différentiel est probablement plus important si l’on considère les embouteillages sur les routes qui traversent la frontière et qui touchent même ceux qui habitent tout près de leur lieu de travail suisse. Dans ce contexte, occuper deux emplois frontaliers au sein

Comté “et même de l’Hexagone” précise l’I.N.S.E.E. où le niveau de vie est le plus élevé. C’est aussi un des territoires les moins concernés par la pauvreté : seu- lement 7,4 % de sa population vit sous le seuil de pauvreté, contre 13 % pour l’ensemble de la population régionale. Entre 2016 et 2019, plus de 6 500 personnes sont venues s’installer dans la bande fron- talière. Près de la moitié sont concernés par le travail fronta- lier. Lorsqu’ils ne sont pas fron- taliers, les actifs qui s’installent ici vien- nent pour l’essentiel du reste du départe- ment du Doubs, atti- rés par les opportu- nités d’emplois locaux “d’un territoire en plein développement.” Avec un gain de 1 300 habitants chaque année entre 2012 et 2017, soit un taux de crois- sance de 0,8 % de la population, la bande frontalière fait figure d’exception dans une région Bourgogne-Franche-Comté qui perd des habitants au rythme de 1 % par an durant la même période. La jeunesse de la population de la bande frontalière contribue aussi à sa croissance démogra- phique. “Ici, les naissances l’em- portent largement sur les décès, la bande frontalière est un ter- ritoire où les familles et les jeunes actifs sont très présents. Ainsi, les frontaliers sont plus jeunes et vivent davantage en famille que les autres actifs” observe l’I.N.S.E.E. Revers de la médaille, cette attractivité résidentielle se tra- duit aussi par une artificialisa- tion croissante du territoire, d’autant que la maison indivi- duelle est ici l’habitat le plus fréquent dans ce territoire rural et peu dense. n J.-F.H.

de la même famille est parfois difficile. D’autant que les deux tiers des couples de frontaliers ne travaillent pas dans la même commune suisse, ce qui nécessite deux moyens de transport dif- férents, souvent deux voitures, sans parler de la gestion éven- tuelle des enfants” ajoute l’I.N.S.E.E. Les salaires suisses, très élevés, assurent aux ménages fronta- liers des revenus disponibles (après redistribution) “très supé- rieurs à ceux des autres ménages 36 500 euros (soit 3 000 euros mensuels) contre 20 600 euros pour l’ensemble des ménages de la région (1 700 euros men- suels). Pour un couple avec deux enfants, cela correspond à 6 300 euros par mois dans le cas d’une “famille frontalière” et à 3 500 euros pour une famille dans l’ensemble de la région. À noter que 90 % des ménages frontaliers perçoivent plus que le revenu médian de la région : 1 900 euros mensuels contre 1 700 euros. Ces écarts de revenus entre les ménages frontaliers et les autres ne s’expliquent pas seulement par des écarts de salaires, mais aussi par des écarts dans les types de revenus perçus. Par définition, les ménages fronta- liers sont actifs et tirent l’es- sentiel de leur revenu d’un salaire contrairement aux ménages “ordinaires” de la région, plus âgés dont les reve- nus proviennent pour un quart des pensions de retraite. Par conséquent, de par la forte présence de frontaliers, la bande frontalière fait partie des ter- ritoires de Bourgogne-Franche- de la région” notent les statisticiens régio- naux. Ainsi le revenu médian annuel par unité de consomma- tion des ménages frontaliers s’élève à

Une salle “cathédrale” de 40 mètres de hauteur, des stalactites et des stalagmites spectaculaires, une collection de minéraux exceptionnelle…, les Grottes de Vallorbe méritent le détour à plus d’un titre. Découvrez le monde merveilleux des Grottes de Vallorbe

6 300 euros par mois dans le cas d’une “famille frontalière”.

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“Un son et lumière permanent.”

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