DJAA0139- CR825

Publication animée

N°139 SEPTEMBRE/ OCTOBRE 2019 3,90€

NOUVELLE FORMULE

N°1 de la presse jardin

c’est le moment! Tous les gestes de saison P.13

Après la chaleur et la sécheresse 15 coups de pouce et le jardin refleurit

Express Je plante une haie originale et qui pousse vite P.62

99% DE RÉUSSITE Divisez facilement vos vivaces avec nos conseils P.56

Tulipes Comment acheter les meilleurs bulbes pour le printemps P.48

BEL/LUX : 4,50 € - D : 5,90€ - ESP : 4,90€ - CAN : 7,70 $ CAD - DOM/S : 4,70 € - ITA : 5,20 € - - MAR : 45,00 MAD - TOM S : 660 CFP - PORT CONT : 5,20 € - SUI : 8,60 CHF - TUN : 7,00 TND 3’:HIKPLD=[UX^UV:?a@b@n@j@k"; M 05136 - 139 - F: 3,90 E - RD

é d i t o

Frites ou brocolis? Nous nous soucions de la préservation des ressources. Et c’est une bonne chose. Mais s’il est un autre bien, fragile, que nous gâchons, c’est l’instant présent. La fragmentation de notre attention, due à l’excès de sollicitations en tous genres, et surtout l’abus d’écrans et de contenus souvent insignifiants, nous polluent. Ces derniers, en particulier, sont au réel ce que les frites sont aux brocolis : plus séduisants, plus attirants, mais plus toxiques. Ils nous piègent et nous amènent à ignorer l’ici et le maintenant, cet instant présent seul capable de nous faire sentir que nous sommes vivants. Face à cette addiction qui ne dit pas son nom, le jardin est une alternative salvatrice. Il nous permet de savourer le moment, d’exercer nos sens, il nous lave l’esprit, il nous remet dans le réel. « Je cherche l’or du temps », disait André Breton. Il ne serait pas au jardin? Courons-y! Ça tombe bien, il y a tant à y faire en septembre ! Catherine Delvaux

© GAP Photos//Victoria Firmston

detentejardin.com

6 Coups d’œil Une plante trois saisons, Actea pachypoda , une vivace de sol frais et d’ombre, aux curieuses baies de porcelaine • Déclinez tous les pourpres de fin d’été. 13 C’est lemoment Fleurs et arbustes • Bouturez le ciste • Faites refleurir vos nérines • Découvrez le fuchsia des Alpes, résistant à -15 °C • Potager • Ressemez des radis • Plantez de la mâche • Découvrez le plantain cornu • Fruitiers • Plantez des fraises des bois • Adoptez une pomme pourpre sombre. • Les noix, coque en bois et chair d’ivoire Tout savoir sur ce fruit sec capable d’enchanter nos desserts et salades d’automne. 24 Découverte Le yacón, alias poire de terre, un légume aux rendements impressionnants. 28 Rencontre Un jardin où l’eau est omniprésente et où la jardinière a dû se transformer en dompteuse d’eau Dans ce jardin des Yvelines, on a l’impression que tout pousse à foison et sans effort! Mais il a fallu un patient travail de compréhension et de maîtrise de cet élément liquide et de ses caprices, pour faire sortir ce petit paradis du marécage originel. 36 Une envie, une solution Je veux de la couleur à l’ombre À l’ombre, le blanc n’est pas forcément la panacée. Il existe une belle gamme de plantes à feuillage coloré et aux fleurs à tons vifs, pour satisfaire nos envies de couleurs. 40 Gros plan Et c’est reparti ! 15 coups de pouce au jardin pour lui faire retrouver fraîcheur et gaieté Un petit nettoyage, une tonte, quelques plantes à feuillage décoratif et des vivaces fleuries en automne… voilà le jardin reparti pour trois bons mois ! 22 Du potager à l’assiette

P. 28 © Greenfortwo Media, GAP Photos//Friedrich Strauss, GAP Photos//Dave Zubraski et AdobeStock (X3) sommaire septembre-octobre 2019 N° 139

4 • Détente Jardin - N° 139 septembre/octobre 2019

48 La plante en questions Achetez les meilleurs bulbes de tulipe Sachez vous y reconnaître dans tout ce que l’on vous propose à l’automne en matière de bulbes de tulipe. 52 Objectif… zéro gaspi Enrichissez votre terre gratuitement «Rien ne se perd, tout se transforme»…adoptez les bons gestes pour ne pas perdre une miette de fertilité. 56 Les doigts verts… au jardin Divisez facilement vos vivaces. Produire de nouvelles plantes, régénérer les plus anciennes, éviter de perdre les plus fragiles… autant de bonnes raisons d’apprendre à diviser ses vivaces. 62 Projet Une haie originale et qui pousse vite Voici quelques espèces qui changent de l’ordinaire et qui pousseront raisonnablement vite, suffisamment pour vous cacher des voisins dans trois ans. 66 Inspirations Un jardin fait pour recevoir Un jardin où il fait bon inviter famille et amis, mais où tout ce qui est peu esthétique est invisible, vous trouvez que c’est la quadrature du cercle? Pas dans ce petit jardin londonien, un modèle du genre. Sacrés Anglais ! 72 Biodiversité Pas folles les guêpes ! Les guêpes sont à la fois mal aimées et méconnues. Réhabilitation de ces précieux auxiliaires de vie au jardin. 74 Jardinoscope • On en parle • On surfe • On partage 81 Fiche pratique Les farfugiums

P. 56 P. 62

Photos de couverture : © GAP Photos// Tomek Ciesielski - Landscape Architecture: Malgorzata Helman

Une partie de cette édition comprend pour les abonnés, une lettre de bienvenue avec carte « Allô Conseils Détente Jardin » et une lettre nouvelle formule. Pour le kiosque, un encart jeté Jacques Briant et un supplément qui ne peut être vendu séparément. Les abonnés peuvent l’obtenir gratuitement dans la limite des stocks disponibles en écrivant au service abonnements en indiquant leurs coordonnées complètes et leur numéro d’abonné.

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et GAP Photos// Friedrich Strauss

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c o ups d’ œ il

La terre dans ses bras

MERCI ! Chaque fin d’été, on devrait serrer la terre dans ses bras pour la remercier de ce qu’elle nous offre : les figues mûres pour l’énergie, les légumes frais pour les vitamines, les autres que depuis des millénaires nous stockons pour les mois nus. Et les fleurs, pour rien, pour le plaisir, pour la beauté. Catherine Delvaux

6 • Détente Jardin - mars/avril 2019 N° 139 septembre/octobre 2019

Pommes, prunes et dahlias composent une nature morte aux couleurs de l’automne.

© GAP Photos//Mark Bolton

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1 FLEUR 3 SAISONS Actaea pachypoda

L’actée à gros pédicelles est une vivace rustique des sous-bois, originale avec ses grappes de fruits blancs aux pédicelles rouges et son feuillage bleuté. DÈS LA FIN DE L’HIVER Les feuilles sortent. La plante aime un sol frais à sec, riche en humus. Elle demande plusieurs années pour atteindre une taille décente, mais sa longévité compense ce handicap. AU PRINTEMPS En mai-juin, les tiges portent une profusion de petites fleurs étoilées et la plante offre un beau feuillage bleuté. À LA FIN DE L’ÉTÉ Les petites grappes de fleurs laissent place à des baies blanches à gros pédicelles rouges. Attention, elles sont toxiques pour l’homme, en revanche, elles font le régal de nombreux oiseaux. Il existe une forme, A. pachypoda f. rubrocarpa , aux jolies baies rose foncé très décoratives.

Carte d’identité Nom latin : Actea pachypoda. Nom courant : actée à gros pédicelles ou cierge d’argent. Famille : Ranunculacées. Catégorie : vivaces

caduques. Sol : frais. Exposition : mi-ombre à ombre. Rusticité : -15 °C. Densité : 4 ou 5 pieds par m 2 .

0,60 m

0,40 m

© guliveris - stock.adobe.com

Mois plantation floraison taille

jan fév mars avr mai juin juil août sept oct nov dec

mars

© GAP Photos//Fiona McLeod

© GAP Photos//John Glover

8 • Détente Jardin - N° 139 septembre/octobre 2019

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© GAP Photos//Richard Bloom

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1 COULEUR 5 PLANTES Couleur fin d’été Ces teintes sourdes que sont le prune, le parme, l’indigo, le pourpre ou le zinzolin sont propres à la fin de l’été. On les retrouve chez les choux, les aubergines, les prunes, les figues, le raisin, les mûres, les myrtilles. Des couleurs d’évêque, pour une bénédiction : celle des généreuses récoltes de mère Nature.

GOURMANDISE Figuier Ficus carica Pas d’été sans figues, même au nord de la Loire. • Dimensions : 3 m x 4 m. • Sol : calcaire et bien drainé. • Exposition : sud, sud- ouest.

10 • Détente Jardin - mars/avril 2019 N° 139 septembre/octobre 2019

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© GAP Photos//Jonathan Buckley

© GAP Photos//Jonathan Buckley

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© GAP Photos//Jacqui Dracup

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ÉTOILE ROUGE Dahlia ‘Tahoma Moonshot’ Ce dahlia rappelle les moulins à vent hollandais, avec ses pétales séparés. Dimensions : 1 m x 0,80 m. Sol : ordinaire, humifère, sableux, fertile, bien drainé. Exposition : soleil.

VOLUBILE Dolique d’Égypte Lablab purpureus ‘Ruby Moon’

UN BIJOU

BEAU ET BON

Tillandsia Tillandsia ionantha C’est l’une des broméliacées les plus faciles à faire fleurir.

Haricot d’Espagne Phaseolus ‘Whisley Magic’ Ce superbe haricot d’Espagne est à la fois grimpant, ornemental et gourmand. Dimensions : jusqu’à 3 m. Sol : humifère, drainant. Exposition : soleil.

La dolique d’Égypte pousse vite et cache des regards. • Dimensions : 8-9 x 1 m. • Sol : tout type, même pauvre. • Exposition : sud.

Dimensions : 10 cm x 5 cm. Sol : pas de sol, air humide. Exposition : mi-ombre lumineuse.

© GAP Photos//Richard Bloom

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À faire… c’ e st l e m o m e nt

au potager Récoltez les courges comme le potimarron et les potirons, dès que le pédoncule devient liégeux.

au verger Récoltez les pommes les plus précoces, comme ‘Reine des Reinettes’, puis les autres, au fur et à mesure.

au jardin Poursuivez le nettoyage des fleurs fanées pour encourager la suite des floraisons. Rabattez les plantes saisonnières comme les hélichrysums qui ont pris trop d’ampleur.

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c’ e st l e m o m e nt

l’essentiel

multiplication minutieux en 30min

Marcottez le faux-jasmin Courbez un rameau de morelle faux-jasmin ( Solanum jasminoides) pour l’amener au niveau du sol ou d’un pot posé au pied du sujet (et rempli à ras bord de bon terreau dans ce cas). Plaquez la tige contre la terre ou le substrat, afin que 5 à 10 cm soient en contact. Mieux, enterrez sous 1 à 2 cm de profondeur. Calez dans cette position avec une pierre plate ou des cavaliers, et laissez en place jusqu’au printemps. À ce moment-là, sevrez la marcotte en coupant la tige à ras en amont de la partie enracinée et replantez en place. Vous aurez gagné un an par rapport à une bouture et le plant fleurira dès la première année.

Taillez le buddléia Raccourcissez l’arbre à papillon afin d’encourager la formation de nouvelles hampes florales. Retirez non seulement les épis fanés mais aussi quelques feuilles avec, comme vous le feriez pour le lilas. Vous pouvez couper plus bas pour forcer le bois à percer, mais procédez avant la mi-septembre. La floraison sera finie pour l’année.

Récoltez les graines Faites provision de semences de fleurs en coupant les hampes montées à graines. Placez-les dans un sachet où les graines se libéreront, à l’abri de la lumière, ou triturez-les à la main pour les libérer, puis gardez dans un sachet en papier. Les caryopses des herbes décoratives devront quant à eux être gardés entiers, même s’ils sont volumineux.

Plantez des lis en pot Prenez un pot de 30 à 40 cm de profondeur et remplissez-le à moitié de terreau standard mélangé à 25 % de terre de jardin. Posez les bulbes sur cette couche, en les espaçant de 7 cm environ, puis remplissez jusqu’à 3 cm sous le rebord. Laissez-les pousser à leur guise, dehors, sans craindre les mulots. Arrosez par temps sec prolongé, même en hiver.

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15 MINUTES POUR…

pas à pas Bouturez le ciste Préparées maintenant, les boutures de ciste s’enracineront durant les prochaines semaines.

Planter des bulbes de perce-neige

ça marche aussi pour : • La viorne-tin et les autres viornes à feuilles persistantes. • Le romarin et les plantes aromatiques arbustives comme la sauge. • Le buddléia, en étêtant la bouture si elle est tendre à son extrémité.

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Enrichissez la floraison des potées en plantant des bulbes de perce- neige dans les places libres, à 10 cm de profondeur. En petits groupes de 10 bulbes espacés de 2 cm, vous verrez surgir un bouquet à partir de la mi-février. Placez-les près du bord du pot, là où leur feuillage pourra prendre la lumière. ça marche aussi pour : • Les muscaris, pour les potées ensoleillées. • Les narcisses nains, comme ‘Tête-à-Tête’. • Les iphéions, loin des escargots. • Les anémones blanda, sous un feuillage caduc.

Plantez les boutures Enterrez les boutures jusqu’à la partie encore feuillée, dans un substrat drainant, sableux. Tassez du bout des doigts et arrosez en pluie. Faites enraciner à la mi-ombre, puis tenez à l’abri des fortes gelées.

Dopez la reprise Trempez la base des tiges dans la poudre d’hormone, qui en augmente sensiblement les chances de reprise tout en diminuant la durée d’enracinement.

Prélevez des pousses Sélectionnez des extrémités de pousses bien feuillées, à la tige encore verte ou marron clair, avec ou sans talon. Ôtez les feuilles sur les 3/4, en les coupant. Retaillez les autres pour en réduire la surface de moitié.

Tapotez pour faire tomber tout excès.

Lexique • Caryopse : fruit des graminées (ou Poacées) où la graine et ses enveloppes sont fusionnées. • Percer : apparition de bourgeons et donc de nouvelles pousses sur les rameaux âgés de plusieurs années. • Talon : morceau de tige accompagnant un rameau et sur lequel on l’a prélevé. Parfois appelé crossette ou languette.

Le fuchsia du froid En climat froid, peu de fuchsias tiennent leurs promesses et, à la fin de l’hiver, la déception est de mise. Avec Fuchsia alpestris , le fuchsia des Alpes (australes), le genre peut s’installer durablement au jardin. Il résiste jusqu’à -15 °C. Ce mini-fuchsia ne vous envahira pas : il se cantonne à 60 cm de hauteur, en terrain jamais trop sec. Et avec ça, il fleurit jusqu’à la Toussaint…

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c’ e st l e m o m e nt

La sélection 4 fleurs tardives insensibles aux gelées La première gelée blanche signe l’arrêt de bien des floraisons estivales, mais ces fleurs n’en ont cure et persisteront pendant plusieurs semaines.

Mémo • Plantez les bulbes à fleurs de printemps dès qu’ils sont disponibles dans le commerce, afin de maintenir tout leur potentiel florifère. • Coupez à ras les hampes flétries d’achillées : vous profiterez de leur feuillage plumeux tout l’hiver. • Pulvérisez un extrait de prêle dilué sur le feuillage des dahlias qui montrent les premiers signes d’oïdium. • Améliorez le drainage au pied des clématites, en sol humide, pour limiter le risque de dépérissement soudain (phoma). • Tuteurez les asters dont les tiges sont trop souples, par un arceau qui les retient plutôt que par une ficelle, moins esthétique.

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8,23 C’est la hauteur, en mètres, du plus haut tournesol jamais cultivé. C’est un amateur qui l’a obtenu dans son jardin (en Allemagne).

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Comment… FAIRE REFLEURIR UNE NÉRINE

3. Verveines : laissez-les en pleine terre s’étaler et prendre le soleil, en terre bien drainée. C’est une excellente façon de recycler les plantes tirées d’une potée suspendue que l’on démonte en fin de saison. 4. Faux plumbago : Ceratostigma, de son vrai nom, fleurit tant que dure son feuillage, soit jusqu’à la mi-novembre environ. À la mi-ombre, il a tendance à fleurir plus tard, ce qui est un avantage d’arrière-saison.

1. Rose ‘Jacqueline du Pré’ : cette grosse églantine fleurit sans relâche jusqu’au cœur de l’automne, moyennant toutefois un nettoyage régulier des fleurs fanées et un apport de compost mûr pour relancer la floraison, en fin d’été. 2. Soucis : semez-les en place dès maintenant, en couvrant la semence

Les nérines demandent parfois près de 5 ans pour donner tout leur potentiel. Seule Nerine x bowdenii résiste au froid, jusqu’à -12 °C, les autres devant être cultivées en pot. Il faut une terre riche, même calcaire, tout comme le plein soleil. Un talus chaud en été, sera parfait.

de 3 mm de terre fine. Arrosez régulièrement et laissez faire la

nature. Si l’hiver est doux, les formes simples fleuriront jusqu’au printemps.

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c’ e st l e m o m e nt

l’essentiel plantation facile

en 30min

Plantez la mâche Ruez-vous sur les plants de mâche déjà prêts car ils ne sont pas disponibles longtemps. Prévoyez un espacement de 25 cm en tous sens entre les pieds. Enterrez la motte de ces plants dans une terre que vous aurez nettoyée et émiettée, puis arrosez copieusement. En tenant la terre humide (mais pas détrempée non plus…), la mâche est inratable. Elle préfère les terres sableuses et, en sol lourd, il vaudra mieux la planter sur une butte de 10 cm de haut, ou carrément en pot. Vous pouvez aussi en tenter le semis, en place, en couvrant les graines de 5 mm de terre. La levée peut être capricieuse, sauf avec des graines fraîches.

Semez des radis Relancez ces crudités en effectuant un semis tous les 10 jours. Semez un rang de 50 cm de long à la fois, en disposant les graines au fond d’un sillon large de 5 cm et profond de 3 cm. Couvrez à peine de terre fine et arrosez bien. Préférez les variétés à racines rondes, plus adaptées à l’arrière-saison et moins rapide à se creuser.

Récoltez le fenouil Arrachez le fenouil de Florence, ou fenouil potager même si les pommes ne sont pas aussi dodues qu’espéré. Il ne grossira pas plus et attendre ne fera qu’augmenter les risques de montaison. Semez des radis ou repiquez des salades d’hiver à la place. En région douce, vous pourrez planter d’autres fenouils, pour l’hiver.

Traitez les tomates Défendez les plants contre les attaques de mildiou. Il sévit dès que les températures descendent en dessous de 12 °C. Appliquez un purin de prêle dilué à 10 % ou du lait entier dilué dans 5 fois son volume d’eau. Ajoutez un peu d’argile verte comme adjuvant. Abriter les tomates de la pluie reste toutefois le remède le plus efficace.

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entretien Le geste clé Hâtez-vous d’attendre la patate Les patates douces forment tard leurs racines, rarement avant début septembre. Laissez-leur le temps de faire des réserves, en les dorlotant. facile en 30min

Mémo • Retirez les tomates en cours de formation à partir du 15 septembre car elles ne donneraient rien. Les autres en profiteront. • Couvrez les parties inutilisées avec le paillis qui vous tombe sous la main : foin, feuilles mortes, tontes… • Semez du mesclun ou de la salade à couper, à récolter dans quelques semaines. Disposez en rang pour repérer plus facilement les mauvaises herbes. • Arrachez les cultures d’été qui ont fini leur temps comme les haricots. Étalez sur place en paillage. • Retirez les feuilles jaunes ou abîmées sur les choux. Elles abritent des maladies et de toute façon ne servent plus.

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Le principal soin à leur apporter est un arrosage régulier afin de ne jamais laisser la terre sécher en profondeur. Un seul coup de chaud passager peut mettre toute la récolte en danger car cela interrompt subitement la croissance du plant. Couvrez de P17 si le temps est frais. Attendez que le feuillage flétrisse de lui-même, tard en saison et délogez les racines à la fourche. Bien nourri, un plant peut vous donner 5 kg.

200 jours C’est le temps que tiendront les poireaux plantés maintenant, sauf grand froid. De quoi faire de copieuses provisions pour l’hiver !

Plantain cornu, salade goûtue Pour des récoltes de crudités cet hiver, misez sur le plantain corne-de-cerf ( Plantago coronopus ) , qui tire son nom de ses feuilles divisées. Elles se consomment telles quelles, assaisonnées d’une vinaigrette ou encore poêlées au wok. Semez ce plantain directement en place, par exemple sur un rang large de 20 cm et long de 50, en espaçant les graines de 2 cm en tous sens. Arrosez copieusement. Récoltez en coupant à ras, lorsque le feuillage atteint 10 cm de haut. Pour un bon résultat, faites vos semis avant la fin septembre. Sinon, couvrez d’un châssis- cloche (châssis emboîtable) ou d’un voile de forçage.

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Lexique • Adjuvant : composé renforçant l’action d’un produit, mais sans action lui-même. Un adjuvant • Montaison : passage de l’état de rosette à celui de tige florale, pour tout ce qui pousse à ras du sol avant de fleurir. • P17 : surnom du voile de forçage en polyéthylène de 17 microns d’épaisseur. aide un traitement à mieux coller aux parties traitées, par exemple.

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c’ e st l e m o m e nt

Cueillez les poires à point Elles ne mûrissent pas sur l’arbre, mais en cave. Le plus difficile, avec les poires, ce n’est pas tant d’avoir de beaux fruits que d’arriver à les faire mûrir parfaitement pour déguster cette chair fondante et parfumée. Pour y parvenir, cueillez les poires lorsqu’elles sont encore dures, mais qu’elles se détachent sans forcer, en les basculant sur leur pédoncule (la queue du fruit). Gardez-les au frais, à 10 °C environ, ou au frigo. Selon les variétés, elles devront y rester entre 1 et 3 mois, les plus tardives étant ‘Passe-Crassane’ et ‘Doyenné du Comice’. Sortez-les 1 ou 2 jours avant de les consommer, en les laissant finir leur maturation à température ambiante. l’essentiel récolte superfacile en 10min

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Roulez les forficules Posez dans les dahlias des pièges à forficules, faits d’un morceau de carton ondulé et enroulé sur lui-même. Deux jours après, détachez-les et fixez-les aux pommiers. Ces animaux, affamés, se mettront en quête d’insectes piqueurs dont ils vous débarrasseront. On employait déjà cette méthode en Allemagne il y a plus d’un siècle…

Halte à la moniliose ! Cueillez tous les fruits atteints de moniliose. Enterrez-les au pied d’une haie de feuillus, à 10 cm de profondeur. Là, le germe de la maladie ne causera aucun risque. Si vous laissiez les fruits momifiés sur les branches, vous seriez sûr en revanche d’avoir des problèmes dès le printemps, car la moniliose tue aussi les bourgeons.

Plantez les fraises des bois Mettez en place ‘Reine des Vallées’, une forme améliorée. Elle refleurit tout au long de la saison et parfois jusqu’à la Toussaint. Installez les plants à la mi-ombre. Garnissez-en le pied des groseilliers et des framboisiers pour un verger digne des écoles de permaculture. Comptez tout de même au moins 10 pieds au m 2 .

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La sélection Les bonnes feuilles Pour les jardiniers de tous bords, du rêve, de l’info, du pratique…

Mémo • Taillez les framboisiers en coupant à ras les tiges de l’an dernier et qui ont donné au printemps. • Arrachez le liseron qui s’est développé à l’ombre des groseilliers et autres petits fruits, en retirant le plus possible de racines. • Arrosez les cerisiers souffrant de la sécheresse, en leur apportant 100 l d’eau tous les 15 jours. • Préparez les trous de plantation des arbres fruitiers pour plus tard, en amendant la terre en profondeur, puis laissez reposer.

155 grammes C’est le poids moyen d’une grenade chez les bonnes variétés comme ‘Wonderful’, à maturité maintenant, mais à planter au printemps.

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Une pomme presque noire ’Arkansas Black’ est d’un rouge si foncé que le fruit en paraît presque noir. La chair est blanche, croquante. Cette

© DR (X4)

Ecologie Ce livre très original s’appuie sur une fresque ancienne pour nous équiper d’une feuille de route en 24 chantiers – de la préservation des écosystèmes en passant par l’agriculture – pour être acteur de la transition écologique. Renaissance écologique, Julien Dossier, 175 espèces sont décrites. Un petit guide facile à consulter quand on se promène. En haut de page vous trouverez les champignons comestibles et en bas de page ceux qui leur ressemblent et dont il faut se méfier. Il est bon ce champignon ?, Laux Gminder, Larousse, 192 pages, 14,90 €. Actes Sud, 256 pages, 21,50 €. Champignons

Insectes Découvrez le monde des

fourmis, des abeilles sauvages ou d’espèces insoupçonnées qui vivent discrètement autour de nous. Un étonnant coup de loupe sur les plus petits de nos voisins de planète. Les insectes en bord de chemin, Delachaux et Niestlé , 256 pages, 24,90 €. Jardin durable Choisir les bonnes plantes, économiser l’eau, pratiquer une taille douce, composter, prévenir les maladies… Retrouvez dans ce guide illustré très pratique, les gestes et les méthodes clairement expliqués pour jardiner au naturel, au potager comme au jardin. Guide Truffaut du jardin éco-responsable, Larousse, 192 pages, 14,95 €.

vieille variété n’est pas des

plus vigoureuses et doit se tailler court pour rester en cordon ou en fuseau, mais ajoutera une touche

d’originalité au verger du curieux…

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Texte et photos : Christian Clairon sauf mentions contraires

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du p o t a g e r à l’ a ss i ett e

Les noix, coque en bois et chair d’ivoire Majestueux, le noyer a besoin d’espace pour grandir et de quelques années pour fructifier. Chaque année alors, en octobre, vous n’aurez plus qu’à ramasser une généreuse récolte de noix à consommer fraîches ou à faire sécher pour les conserver tout l’hiver.

La récolte des noix

L a prestance du noyer nécessite un grand jardin, d’autant qu’il a besoin souvent du voisinage d’un de ses pairs pour une bonne pollinisation. Adulte, son houppier atteint 10 m de hauteur : petits jardins s’abstenir. Cer- taines variétés mettent près de 10 ans pour fructifier, telle ‘Franquette’, alors que ‘Lara’, à fruits ronds, n’a besoin que 5 ans. L’idéal est de planter deux arbres à au moins 6 m l’un de l’autre. Creusez une fosse de plantation de deux fois le volume de la motte. Comblez le fond

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d’un mélange de terre fine et de com- post. Installez le plant et couvrez les racines. Arrosez abondamment pour plaquer la terre fine contre les radi- celles et favoriser ainsi la reprise. Laissez-le prendre sa place Les deux premiers étés, arrosez régu- lièrement l’arbrisseau et paillez abon- damment. Les jeunes noyers n’aiment pas la concurrence des herbes. Le noyer ne se taille pas. Il prend l’espace dont il a besoin.

À l’automne, le brou devient brun, se fend et laisse tomber naturellement la noix au sol. Elle est mûre… Vous pouvez secouer les branches pour accélérer le processus. Pour une bonne conservation, faites sécher vos coques sur des clayettes à l’air libre.

Ses origines Le noyer cultivé, Juglans regia, est probablement originaire des contreforts de l’Himalaya entre le Cachemire et le Kirghizstan. Cro-Magnon a certainement mangé des noix, il y a 17 000 ans, dans le Périgord. Les noyers ont survécu à la dernière glaciation au sud de l’Europe, pour, au gré des migrations humaines, se diffuser de nouveau dans le monde.

Le geste du jardinier Les noix récoltées ne

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ressemblent pas à celles du commerce, qui sont blanchies (à l’anhydride sulfureux ou par trempage dans une solution d’eau de Javel, ce qui fait qu’elles peuvent alors sentir le chlore). Pour rendre vos noix plus présentables, brossez-les, et éventuellement, lavez-les à grande eau. Faites-les ensuite bien sécher à l’air libre. Attention aux rongeurs, premiers clients de vos noix !

Les bonnes associations La noix et son huile sont très aromatiques. Le goût est suffisamment puissant pour s’associer au chocolat, atténuer l’amertume de la

scarole « pain de sucre » et de l’endive, ou relever un fromage frais. L’amertume de la noix très fraîche s’équilibre sur une tartine beurrée.

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22 • Détente Jardin - N° 139 septembre/octobre 2019

Recette Clafoutis aux noix et aux pommes Difficulté : très facile Coût : bon marché Préparation : 25 min Cuisson : 35 min

Laissez-vous séduire par notre clafoutis aux pommes et aux noix. Eh oui, ce dessert originaire du Limousin n’est pas toujours composé de cerises ! En une petite heure et avec quelques ingrédients simples à trouver, réalisez facilement cette recette de clafoutis.

Cuisson ou pas ? Les cerneaux de noix se dégustent crus et pilés grossièrement pour agrémenter une salade. La noix supporte la cuisson (pour la tarte ou le gâteau aux noix). Mais l’huile de noix est à savourer à froid : elle est fragile du fait de sa forte proportion d’acides gras insaturés. Au-dessus de 160 °C, l’huile de noix non raffinée se met à fumer et se dégrade. Elle produit alors des composés toxiques et cancérigènes, comme le benzopyrène (qu’on retrouve notamment dans les fumées des barbecues) ou l’acroléine.

1 noyer Vous comblerez votre famille et vos voisins avec un seul arbre adulte.

© Simone van den Berg/Getty Images/iStockphoto

Ingrédients pour 6 personnes : • 3 grosses pommes • 100 g de cerneaux de noix • 1 citron • 25 cl de lait entier • 100 g de crème fraîche • 3 œufs • 150 g de sucre • 25 g de beurre • 50 g de farine • 1 : et que ça saute ! Pelez les pommes, épépinez, coupez en cubes. Faites revenir avec le beurre et un filet de jus de citron 10 min en mélangeant. Poudrez de 50 g de sucre en poudre et faites légèrement caraméliser. Retirez du feu. Préchauffez le four à 170 °C (th. 5/6). 2 : touille, touille… Battez les œufs en omelette avec le reste de sucre en poudre et la farine. Délayez avec la crème et le lait. 3 : encore un effort Répartissez pommes caramélisées et cerneaux dans 6 ramequins à feu beurrés, nappez de la préparation aux œufs. Enfournez pendant 25 min.

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Le geste du cuisinier La peau des cerneaux frais est amère. Mais elle se

retire assez facilement après fait bouillir les cerneaux 3 minutes

dans l’eau. Égouttez-les et rincez à grande eau pour

éliminer les bouts de peau décollés. Une autre astuce consiste à les faire griller dans un four chaud une dizaine de minutes.

4 : attends, tu vas te brûler ! Laissez refroidir les clafoutis aux pommes hors du four avant de servir. Yummm !

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Janvier Février Mars Avril

Mai

Juin Juillet

Août

Sept.

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Nov.

Déc.

Récolte Plantation Mois

Texte : Éric Prédine

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Le yacón, choucou des permaculteurs

Le yacón, ou poire de terre, est vraiment un légume à découvrir. En automne, c’est le moment de le récolter. Mais si vous n’en avez pas cultivé cette année, vous pourrez en mettre en place au printemps prochain. En attendant, c’est le moment de découvrir toutes ses vertus et de le déguster!

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8 bonnes raisons de l’adopter • Il est vivace : une même souche peut durer pendant des années et des années. • Il est autonome : peu d’entretien après plantation, à part l’arrosage (si besoin). • Il ne craint pas la concurrence et n’est pas envahissant comme le topinambour. • Il est décoratif par ses feuilles et par ses fleurs, si l’automne est très doux. • Il est tolérant à la nature du sol (calcaire ou pas) et à l’ensoleillement. • Il ne craint pas les maladies. L’oïdium s’y montre parfois, sans dégâts. • Il est productif : une seule souche peut produire jusqu’à 5 kg. 2 à 3 kg le plus souvent. • Il est polyvalent en cuisine : cru, cuit et même mijoté, mais pas trop longtemps. il est Gélif Le yacón est un frileux car il disparaît dès le premier gel. S’il peut attendre des semaines en terre, on ne le plante qu’au printemps, lorsque tout risque de gel est écarté. Dégustez les racines du yacón non pas directement après la récolte, mais quelques semaines après, le temps qu’elles arrivent à maturité. La chair du yacón est croquante, légèrement sucrée. Une vraie poire, en effet! Y acón, quèsaco? C’est une plante potagère cousine du topinambour, qui a davantage la configuration d’un dahlia et, surtout, meilleur goût ! Ses racines charnues et allon- gées se forment au pied d’une souche d’où par- tant plusieurs tiges. Celles-ci portent des feuilles décoratives, en forme de hallebarde.

Carte d’identité Nom latin : Smallanthus sonchifolius . Nom courant : yacón, poire de terre. Famille : composées, tribu des polymniées. Origine : Amérique du Sud (Andes). Variété : blanc ou violet. Plantation : à partir de la mi-mai. Récolte : à partir de la fin octobre. Consommation : de la mi-novembre à fin février. Sol : meuble, humifère, frais. Exposition : mi-ombre dans l’idéal.

Arrosage : régulier au début, en cas de sécheresse ensuite. Résistance : 0 °C pour les feuilles, -5 °C pour la souche. Problèmes : les rongeurs peuvent grignoter les racines. Rendement : de 5 à 10 kg/m² (2 plants). Très variable. Ne pas confondre : avec la patate douce, l’hélianthi, le jicama…

© smallanthus sonchifolius on white background

Pas d’abus de yacón • Comme toutes les plantes potagères de la famille des composées (Asteracées), le yacón contient de l’inuline. Bon pour les intestins, moins facile en société si on en mange trop…

Il fournit aussi un sirop pour diabétiques et, avec ses feuilles, un thé.

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10 minutes Je plante

10 minutes Je récolte Tant que le gel n’est pas arrivé, il ne sert à rien de se presser. Laissez le yacón se développer aussi longtemps que possible, car il forme ses réserves tardivement.

La plantation du yacón se fait en un clin d’œil. Mais avant tout, il faut le démarrer.

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1 Faites germer En mars-avril, placez les racines la cicatrice vers le haut, à 20 °C. Laissez dépasser.

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2. Rabattez Coupez les tiges non pas à ras mais à 25 cm de haut, un peu comme pour des dahlias en fin de saison. La récolte du yacón et la mise à l’abri des dahlias ont d’ailleurs beaucoup en commun. Normal, ils ont la même origine et le même cycle.

1. Laissez mûrir Encouragez le yacón à rester en végétation aussi tard que possible, quitte à le protéger d’un voile de forçage le soir, afin de lui épargner les petites gelées matinales. Lorsque toute la plante a grillé, son développement s’arrête et il faut récolter.

4 minutes Je multiplie Partez de racines, comme ici, en mars. Mais, en saison, on bouture aussi les tiges. C’est plus long car il faut pouponner pendant un an.

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2. Laissez grossir Rempotez en pot individuel après l’apparition des premières feuilles et tenez moite.

1. Faites le tri Récupérez des bouts de racines non consommés, sains et portant de petits bourgeons. 2. Pouponnez Replantez chaque éclat en pot individuel, à 20 °C et à la lumière. Arrosez dès que la terre sèche en surface. Laissez grossir avant la plantation.

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3. C’est prêt! Lorsque les plants font 20 cm, vous pouvez les planter, comme avec les aubergines.

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5. Recyclez les tiges Mettez le tout au compost, coupé en petits bouts, ou broyez et étalez sur place, comme les permaculteurs. Avec les feuilles propres séchées à la maison, vous ferez un thé riche en composés prébiotiques et hypocholesterolémiants.

4. Rincez Au jet, débarrassez les racines de la terre, surtout si elle est du genre collante et argileuse. Laissez le tout sécher à l’air libre le temps nécessaire, sans l’exposer au gel. Entreposez en cave, et commencez à consommer 15 jours après, il est meilleur.

3. Arrachez Soulevez la souche à la fourche, avec précaution. Les racines du yacón sont cassantes et elles se détachent facilement. Or la récolte dure plus longtemps si la souche est conservée entière. Mais si elles se cassent, rien de grave ni de perdu!

L’idée en plus Je le mange comment?

Cru : après épluchage des racines, la chair croquante et sucrée du yacón se déguste une fois coupée en cubes ou en tranches, en salade par exemple. On peut aussi le râper (gros). Cuit : surtout frit en chips (ci-dessous) ou cuit dans sa peau pour le manger à la cuillère (pour les gourmets). Également en purée ou en gratin (pas trop cuit). Et aussi : en sirop (tranches de

racines dégorgeant dans le sucre), en infusion (séché), mi-cuit et servi tiède, etc.

GAP Photos//Visions Premium

La fleur surgit juste avant les gelées. © GAP Photos//Jason Ingram

Texte : Christian Clairon Photos : GAP Photos//FhF Greenmedia (sauf mentions contraires)

> Carnet d’adresses p. 82

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Un jardin de voyage DANS SON JARDIN JAPONISANT DE LA GRENOUILLÈRE, DANS LES YVELINES, FRANÇOISE LACAZE UTILISE UNE TECHNIQUE D’ART MARTIAL : ACCOMPAGNER PLUTÔT QUE COMBATTRE. C’EST CE QU’ELLE A FAIT AVEC L’EAU, QUI A FINI PAR DEVENIR UNE PRÉCIEUSE ALLIÉE.

A ujourd’hui, tout pousse – et ô combien! – dans le jardin de Françoise Lacaze. Pour cela, il a fallu de longues années d’un patient travail de compréhension et de maîtrise de l’élément liquide et ses caprices. Rencontre avec une dompteuse d’eau. Vous avez ici un problème que beaucoup de jardiniers aimeraient connaître : de l’eau tout le temps ! C’est la faute de l’Yvette! Ses sources ne sont pas loin et elle traverse le terrain d’ouest en est. Dit comme ça, c’est très bucolique mais ici, ça a longtemps été un véritable marécage. Il y a évi- demment un gros point positif : je n’ai pas besoin d’arroser. Mais, même si l’eau ne gèle jamais (elle reste toujours à 14 °C), à chaque fois que les températures sont très basses, beau- coup d’arbres disparaissent car le terrain argi-

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1. Dans cette scène végétale exubérante, remarquons, à droite, un petit Physocarpus ‘Little Devil’ au feuillage pourpre presque noir et qui tolère très bien le plein soleil. Au fond, le miscanthus ‘Silberfeder’ structure toute l’année un espace où les persistants sont rares. 2. Un ponton s’avance sur le bassin et permet de le contempler. 3. La présence de hérons empêche l’élevage des carpes koï dans le bassin. Françoise a trouvé la parade avec cette sculpture en terre cuite!

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leux retient totalement l’humidité et la combi- naison avec le froid n’est pas bonne pour eux. À l’inverse, comme mes plantes sont habituées à boire tout le temps, elles n’aiment pas non plus le gros coup de chaud. Pour résumer, l’eau, c’est très bien à condition qu’elle ne soit pas une ennemie. Au départ, ce fut beaucoup de travail, principa- lement de gros œuvre. Nous avons élargi et aménagé la rivière – même si elle est encore toute petite –, creusé les deux grosses pièces d’eau dans la glaise, ce qui a eu comme effet d’assainir le sol. Il a fallu drainer énormément en creusant des fossés ouverts et créer de véri- tables îles sur lesquelles il serait ensuite pos- sible de planter des végétaux. Mais avant Comment donc passe-t-on d’un marécage à un jardin aussi beau et luxuriant ?

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Je vis dans mon jardin, à l’extérieur pour le bien de ma vie intérieure

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d’arriver là, nous avons dû d’abord stabiliser le sol pour pouvoir dessiner les allées et préparer la circulation dans le futur jardin. C’est là que vous avez fait appel à une paysagiste, Sonja Gauron? Oui, nous avons conçu le jardin ensemble et j’ai respecté ses préconisations. Tous les végétaux (il y en avait près de 1000) ont été choisis en fonction de leur adaptabilité à la nature du sol et au climat, mais aussi de la cohérence des volumes, des tailles, des périodes et des cou- leurs des floraisons. L’idée étant que le jardin devait être beau en toute saison. Ce ne fut pas toujours facile, parfois un véritable parcours du combattant un peu partout en France, auprès de spécialistes des différentes plantes.

1. Évocation en bois d’un col-vert. Une espèce qui, elle, vient vraiment profiter du jardin! 2. En prenant ce petit pont au-dessus de l’Yvette, on remonte doucement vers la maison qui surplombe le jardin. 3. Pour l’équilibre du jardin et du regard, en face du ponton rectangulaire, le kiosque adopte des formes arrondies.

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La plantation a dû également représenter un beau chantier ! En effet, car le sol a dû être amendé spécifique- ment quasiment pour chaque plante. Mais ce n’était pas fini. Nous avons observé l’évolution des plantes et nous avons déplacé certaines pour qu’elles s’épanouissent mieux que dans l’endroit initialement prévu. Par exemple, à l’en- droit où était le verger, on trouve aujourd’hui les rhododendrons et azalées qui poussent sans jamais être arrosés! Pour tout terminer, il m’a fallu six ou sept ans. Je suis véritablement amoureuse de l’Asie, où j’ai beaucoup voyagé. C’était logique, pour moi qui vis littéralement dans mon jardin du levant au couchant, que j’y recrée une ambiance que j’aime et qui, à mes yeux, symbolise la vie. Donc, on y trouve des mises en scène, des aménage- ments et des matériaux qui évoquent le Japon ou la Chine. L’aspect japonisant était-il prévu depuis le début ?

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Un jardin d’eau n’est pas un jardin dans l’eau!

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L’HISTOIRE DU JARDIN DE

FRANÇOISE « Un marécage, un sapin et trois

pruniers. » Voilà le terrain que Françoise Lacaze et son mari ont acheté en 1988. Il faut dire qu’un sous-affluent de la Seine, l’Yvette, s’y épand – un peu trop – dans la partie la plus basse. Pendant dix ans, ils vont donc remuer des tonnes d’eau et d’argile, creuser, drainer, canaliser. Par deux fois, Françoise manquera même de se noyer, piégée par des sables mouvants au cours d’opérations de nettoyage qu’elle a eu l’imprudence d’entreprendre seule. Ils font ensuite appel à la paysagiste Sonja Gauron. Mais, deux ans plus tard, le mari de Françoise décède. Le jardin sera la thérapie de Françoise. Aujourd’hui, il est devenu une magnifique façon de célébrer la vie, en hommage à celui qui n’est plus là, mais dont la présence se ressent au détour de chaque plante et de chaque scène.

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1. L’eau est l’élément principal du jardin de la Grenouillère. Ici, on remarque les hampes florales plumeuses des astilbes (1) , vivaces qui aiment les sols lourds et toujours humides. En remerciement pour cet emplacement privilégié, leur fleurissement dure tout l’été, suivi d’un beau feuillage en automne. Dans l’eau, des nénuphars derrière des Stratiotes aloides (2) , ou ananas d’eau, qui fournissent l’oxygène indispensable au bon équilibre de la vie d’un bassin. Le lierre rampant (3) , quant à lui, dissimule les planches du pourtour du bassin tout en contrebalançant la couleur vert anis du feuillage des astilbes. 2. Vue sur « la mer » – qu’on contemple, sans jamais y entrer – depuis la berge. Le gravier est ratissé de façon à figurer les vagues (4) . Les rochers sont des îles. Et le minéral évoque ainsi l’élément liquide par ailleurs très présent dans le reste du jardin ! Les feuillages d’un physocarpus ‘Diabolo’ (5) et d’une amaranthe MON REGARD DE JARDINIÈRE

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pourpre (6) viennent en contrepoint des différentes nuances de vert, comme celle d’un cèdre de l’Himalaya ( Cedrus deodora ) ‘Lime Glow’ (7) . Ce jardin est une manière de célébrer la vie.

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MES PLANTES VEDETTES

d’Or’ en habit d’automne : ses feuilles prennent à cette saison une couleur cuivrée, ce qui le rend immanquable sur ce fond vert anis. 3. Le plantain pourpre adore l’eau et à la Grenouillère, il est servi ! La combinaison avec une exposition ensoleillée fait croître cette plante, en taille comme en beauté.

1. Les feuilles d’un beau vert et marquées par un « V » brun de Persicaria virginiana var. filiformis contrastent avec le rouge framboise de ses fleurs. En outre, sa floraison toute en transparence et en discrétion a le bon goût de ne pas faire de l’ombre aux voisines ! 2. Le Physocarpus opulifolius ‘Diable

À l’automne, son association avec le saxifrage fait merveille. 4. Les graminées dans un jardin, c’est l’assurance d’une structure pérenne. Imperata ‘Red Baron’ ne fait pas exception, mais son feuillage caduc vert olive qui se teinte de rouge sang, puis de pourpre, offre en outre une flamboyance appréciable.

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MES BONNES IDÉES D’AMÉNAGEMENT

Ma porte style Sukiya

Ma fontaine et ses galets

J’aménage une entrée vers la maison de thé

J’installe un Shishi-odoshi

Le bruit sec de son culbuteur en bambou retombant en rythme sur la partie en pierre de cette fontaine japonaise, permet d’éloigner les animaux qui pourraient venir souiller l’eau en buvant ou piétiner les plantes. On la surnomme parfois « chasse-cerfs » (traduction littérale de shishi-odoshi).

Elle annonce un « jardin dans le jardin ». Ce premier portail donne sur le roji, chemin végétal mais moins exubérant. Puis un portique, sur la gauche, donne accès au jardin zen Karesansui.

TOUTES LES INFOS SUR LE JARDIN DE LA GRE- NOUILLÈRE

Lieu : Les Essarts-le-Roi, dans les Yvelines. Climat : océanique. Exposition : sud-est. Sol : argileux, un peu acide. Surface : 2 500 m 2 . Entretien : il faut maîtriser en permanence leur exubérance en les taillant. Il faut aussi désherber, ôter les fleurs fanées et nettoyer les bassins et l’Yvette !

Visites : ouverture sur demande toute l’année pour les groupes. Visites guidées

pour des groupes (10 à 25 personnes, 8 € par

personne. Ouverture en juin, septembre et octobre de 14 à 18 heures, 5 € par personne. Rens. : jardin-lagrenouillere.fr, rubrique “contact” Gare la plus proche : Les Essarts-le-Roi (ligne N).

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Mon petit pont

Mon coin repos

Je peux passer à pieds secs

J’allège la structure

En cachant les poteaux qui la soutiennent, la bordure en rondins de châtaigner donne l’impression que la plateforme est simplement posée sur l’eau. L’ensemble est devenu pour moi un coin de repos et de méditation tout en douceur et légèreté.

Ce petit pont enjambe l’eau qui se déverse du premier bassin vers le second, en contrebas. Les demi-bambous retournés recouvrant les garde-corps ajoutent de la rondeur à celle des rondins. Une ligne de galets pris dans le ciment borde le pont.

MES 3 BONNES ADRESSES DE JARDIN À VISITER

1 Les Jardins de Sonja Voici presque 30 ans que la paysagiste Sonja Gauron consacre son temps à sa passion des plantes et à son jardin. Un jardin à maturité, mais qui évolue encore, au gré des saisons. Sensoriel et inspirant. Les Jardins de Sonja, Le Perray-en- Yvelines. www.jardinsdesonja.fr

2 Les Jardins de l’abbaye Notre-Dame de l’Eau

3 La Grande Bercherie Jardin aussi humble qu’intéressant d’une ancienne fleuriste à Chartres, passionnée et passionnante ! Une belle collection d’arbres, d’arbustes, de vivaces et de grimpantes. Jardin de la Grande Bercherie, Gasville-Oisème (28). 02 37 31 99 03.

Sur une ancienne abbaye cistercienne de femmes du xiii e siècle, ce domaine de 8 ha est divisé en dix-huit scènes thématiques très variées. Jardins de l’abbaye Notre-Dame de l’Eau, Ver-lès-Chartres (28). 02 37 35 49 54.

Texte et photos : Greenfortwo Media

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