Journal C'est à Dire 137 - Novembre 2008

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P L A T E A U D E M A Î C H E

Il faut sauver les tourbières du Mémont Le Mémont La petite commune entourée de zones humides lance un ambitieux programme de sauvegarde et de réhabilitation de ses tourbières.

Zoom Une construction attaquée en justice La Commission de Protection des Eaux a attaqué au tribunal admi- nistratif un permis de construire délivré au Mémont pour la construc- tion d’une cabane au beau milieu des tourbières.

L e bec-croisé des sapins, le cra- paud cuivrédesmarais,lelézard vivipare, la grande libellule à tête noire, le triton des Alpes. Il ne faut pas voyager bien loin pour voir rassemblées ces créatures qui vivent toutesenunmêmemilieu:lestourbières. Maisc’estaussipourleurfloreétonnante (sphaigne,plantes carnivores…) et peut- êtreetsurtoutpourleurfonctionde réser-

voir natureld’eauquelestourbièressont précieuses. Au Mémont, on a pris la mesure du problème et décidé d’agir avant que ce milieu naturel ait totalement disparu. Sous l’impulsion d’un de ses adjoints, Jean-François Lallement, la commu- ne du Mémont (48 habitants) vient de valider un ambitieux plan de sauve- garde de ses tourbières. Les tourbières,

autrefois entretenues par les paysans qui en tiraient la tourbe pour se chauf- fer, sont désormais abandonnées. Si bien qu’en France, 50 % des tourbières autrefois entretenues ont disparu. Et par conséquent, c’est tout un bio- tope qui disparaît lui aussi. Au Mémont, on veut agir avant qu’il ne soit trop tard. Et pour éviter que comme dans d’autres tourbières (Noël-

Cerneux par exemple), chacun y aille de sa cabane,de son étang et ainsi dété- riore définitivement cet espace natu- rel. “On ne veut pas non plus qu’il y ait de la construction sauvage, nous vou- Parallèlement,la C.P.E. apprend qu’un permis de construire un bâtiment de 28 m 2 avait été autorisé en ces lieux sensibles. Le permis a été délivré le E n juin 2008, la C.P.E. (Com- mission de Protection des Eaux) a découvert, courant juin 2008, qu’une grande plateforme avait été réa- lisée sur pilotis,dans cette zone humi- de en bordure d’un étang.Aucun pan- neau d’autorisation de travaux n’étant présent sur le site,étonnée,l’association aentamédesdémarchespourconnaître l’origine et la consistance des amé- nagements à l’intérieur même de la tourbière. L’association a fini par découvrir que le plan d’eau a été illégalement et considérablement agrandi en dehors de toute procédure réglementaire au titre de la législation sur l’eau. L’association a porté plainte et une procédure administrative est en cours à la police des eaux du Doubs.

la municipalité. Ce plan de gestion et de préservation validé avant l’été sera suivi d’un cahier des charges précis établi dès le prin- temps prochain en lien avec les“Espaces La tourbière du Mémont est inté- gralement répertoriée en Z.N.I.E.F.F. (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique floristique et faunistique) de type 1, c’est-à-dire un secteur de très gran- de richesse patrimoniale (milieux rares ou très représentatifs, espèces protégées…). 14 mai 2008, pour construire “un bâti- ment à usage de laboratoire nécessaire à la mise en valeur des ressources naturelles.” Curieuse appellation pour “un petit chalet destiné à faire des bar- becues le dimanche” résume Cédric Guillaume, membre de la C.P.E. L’association a donc immédiatement contesté devant le Juge administra- tif ce permis qui a été délivré au détri- ment d’une zone humide de tourbières située en zone de montagne. Le ver- dict du tribunal administratif n’est pas attendu avant le printemps pro- chain.

naturels comtois” et les ser- vices du Conseil général du Doubs. “Ce genre de dossiers peut paraître anodin mais quand on y regarde de plus près, ces préoccupations seront

lons engager une protection glo- bale de nos tourbières. Cela ne vaut pas dire qu’on veut en fai- re un sanctuaire mais nous sou- haitons établir un plan de ges- tion précis qui donnera des prio-

Éviter que chacun y aille de sa cabane.

rités sur les travaux d’entretien à enga- ger” commente Jean-François Lalle- ment. Remettre en activité les tourbières du Mémont en défrichant les végétaux parasites, en recréant les clairières, c’est l’objectif poursuivi par

quasiment vitales dans le futur. Le mon- de ne mourra jamais par manques de merveilles mais uniquement par manque d’émerveillement” illustre Jean-Fran- çois Lallement. J.-F.H.

Les tourbières du Mémont vont faire l’objet d’un programme de gestion et de préservation.

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