Journal C'est à Dire 259 - Novembre 2019

D O S S I E R

De la curiosité à la passion horlogère Morteau Originaire de la région bordelaise, Alain Lacotte a pas mal roulé sa bosse avant d’opter pour une reconversion professionnelle dans l’horlogerie axée sur les montres mécaniques.

S’ il a toujours apprécié les belles tocantes sans connaître forcé- ment leurs subtilités

d’abord dans l’armée de Terre au poste de sous-officier d’ordi- naire.Après six ans sous les dra- peaux, il suit une formation de

mécaniques, Alain Lacotte a d’abord exercé autour des arts de la table. De formation tech- nico-commerciale, il s’engage

Toujours soucieux de transmission, Alain Lacotte accueille régulièrement des jeunes stagiaires comme ici, Ibri actuellement en formation horlogère à l’A.F.P.A.

serveur en restauration et va travailler quelques années à Paris. “J’étais chef de rang dans un restaurant gastronomique” , explique celui qui au bout de trois ans met le cap sur Londres. Une envie de dépaysement qui s’étalera sur dix ans, le temps de compléter ses acquis dans la restauration en apprenant notamment la cuisine et la bou- langerie. “C’est beaucoup plus facile de changer de voie en Angleterre” dit-il. Arrivé à la quarantaine et aux fameuses questions existen- tielles, il rentre au pays avant dans l’horlogerie. C’est le déclic. “À partir de là, je suis tombé dans la passion” , poursuit celui qui va apprendre le métier pen- dant 11 mois à l’A.F.P.A. de Besançon. Diplôme d’horloger-réparateur en poche, il vient s’installer à Morteau à l’automne 2009 pour travailler au Locle dans une entreprise horlogère. Trois ans plus tard, il intègre le S.A.V. chez Péquignet. Deux expériences très complémentaires. “En Suisse, j’ai beaucoup appris sur les mouvements alors que chez Péquinet, je m’occupais davan- tage de l’habillage de la mon- tre. ” L’heure de l’installation va bien- tôt sonner pour le futur artisan. En décembre 2018, il quitte Péquignet pour mettre en place sa propre société non sans avoir profité d’une formation axée sur la création d’entreprise à la C.C.I. duDoubs.Un passage nécessaire pour mieux appréhender les principes de gestion d’entreprise quand on s’installe à son compte, comme le fait Alain Lacotte en avril 2019 en créant la société Montres Ouvrage. Il se posi- tionne initialement sur une acti- vité d’achat-restauration demon- tres vintage qu’il revend ensuite sur sa boutique en ligne, le tout assorti d’une garantie d’un an. Sauf que très vite, il se retrouve l’envie de se prouver à lui-même qu’il est capable de prendre en main son destin professionnel. Après mûre réflexion, il décide de se reconvertir

assailli de demandes de réno- vation de montres anciennes. Il saisit cette opportunité qui l’oblige à passer d’un statut de commerçant à artisan-commer- çant habilité à réparer des mon- tres pour les autres. Capable de remettre à l’heure toutes sortes de mouvements de montres mécaniques, automa- tiques, quartz, il ne se risque pas sur le marché des montres à haute complication qui néces- sitent un savoir-faire et dumaté- riel trop spécifique. Oméga, Lon- gines, Tissot et autre Zénith côtoient sur dans sa boutique Les débuts de Montres Ouvrage sont prometteurs et après six mois d’activité, Alain Lacotte tire déjà son épingle du jeu avec des résultats économiques pro- bants. Pour lui, pas question d’exercer ailleurs que sur le pla- teau horloger où subsiste encore tout une mémoire horlogère, sans parler de stocks de pièces ou de montres anciennes qui dorment encore dans les pla- cards. Et ne demandent qu’à renaître au grand jour. Sa réus- site passe par une grande visi- bilité médiatique et numérique. Il n’oublie pas non plus ce qu’il doit à l’A.F.P.A. où il est main- tenant jury. “Je suis très attentif à la transmission” , poursuit celui qui prend régulièrement des futurs horlogers en cours de for- mation.Tout comme il a conservé d’excellentes relations avec les jeunes qu’il a eu le bonheur de former quand il était chez Péqui- gnet. “Ils sont devenus de vrais amis. Ils m’ont bien accompagné quand il fut question de me fami- liariser avec les outils de com- munication numériques. Aujourd’hui, je suis complète- ment autonome.” À plus oumoins long terme, l’ar- tisan horloger mortuacien de 51 ans espère ouvrir un point de vente physique doublé d’un ate- lier de réparation. n F.C. des marques plus modestes comme Lov, M.O.D., Herma, Yema… Comme au bon vieux temps de la splendeur du Haut-Doubs horloger.

Il a créé la société Montres Ouvrage.

Montres ouvrage : montres-ouvrage.com

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