Journal C'est à Dire 113 - Août 2006

D O S S I E R

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À la rencontre de la communauté turque du Haut-Doubs

Arrivés il y a plusieurs décennies en France, les Turcs représentent aujourd’hui la première communauté étrangère du Haut-Doubs, loin devant les Portugais, les Algériens ou les Tunisiens. Particulièrement dans le Val de Morteau où leur présence remonte au début des années soixante-dix. Arrivés à la retraite, la plupart des Turcs de la première génération d’immigrants ont décidé de rester dans leur pays d’accueil. Leurs enfants et petits-enfants, nés dans le Haut-Doubs, ont souvent la double nationalité franco-turque. Discrets, travailleurs et d’apparence peu bavards, les ressortissants turcs ont entretenu depuis leur arri- vée en France, une belle solidarité communautaire. Le journal C’est à dire a décidé d’aller à la rencontre de ces citoyens venus du bout de l’Europe, de leur donner la parole pour mieux comprendre leur vie à 3 000 km de la terre de leurs ancêtres.

Communauté

L’immigration turque dans le Val de Morteau est relativement récente, elle date du début des années soixante-dix. Leur intégration à la vie du Haut-Doubs s’est opérée en douceur. Les per- sonnes d’origine turque représentent aujour- d’hui près de 10 % de la population locale. Les Turcs du Val de Morteau : 35 ans d’histoire

À Morteau, la popula- tion ne compte aucun ressortissant turc en 1970. C’est l’année suivante, en 1971, que les trois premiers Turcs arrivent dans la capitale horlogère. En 1977, ils sont une centaine sur Mor- teau, puis 204 l’année suivan- te. Le flux migratoire entre la

sol français. Selon un repré- sentant de la communauté turque de Morteau, 60 % des Turcs installés sur le Val auraient obtenu la double natio- nalité franco-turque. Au total, la population turque ou d’ori- gine turque est donc estimée “entre 1 500 et 1 800 personnes” sur l’ensemble du Val de Mor-

Turquie et la Fran- ce se poursuit dans les années quatre- vingt. On dénombre 294 Turcs en 1982, puis 352 en 1985. “À partir de là, le mou-

teau qui compte 18 000 habitants. Turcs et Français d’origine turque atteignent donc près de 10 % de la population globale du Val. Ils sont, et de loin,

L’intégration réussie de la communauté turque.

la communauté d’origine étran- gère la plus représentée dans cette partie du Haut-Doubs (voir tableau ci-contre). L’arrivée progressive de tra- vailleurs turcs s’explique bien sûr par la demande des entre- prises, essentiellement dans les métiers du bâtiment et de la mécanique, comme chez Fabi Automobile par exemple. “Dans les années soixante-dix, seule l’horlogerie était un métier valo- risant. Certaines mauvaises langues disaient que travailler à la Fabi n’était pas un bou- lot de chrétien !” se souvient cet ancien cadre de la Fabi. Puis les travailleurs turcs ont éga- lement été embauchés dans d’autres industries du Val, l’agroalimentaire notamment avec la fromagerie Rième, la chocolaterie Klaus ou Morteau Saucisse par exemple. Ou enco- re ont créé leur propre entre-

vement se stabilise. En 2004, Morteau comptait 345 personnes de nationalité turque, puis 319 en 2005, ce qui représente 5 % de la population mortuacien- ne” note Annie Genevard, mai- re de Morteau. C’est en 1982 que Morteau a compté le plus d’étrangers, 812, dont près de 400 Turcs. Dans les années quatre-vingt-dix, “on a assisté à une diffusion de la présence des personnes d’origine turque dans toutes les communes du Val, notamment Villers-le-Lac, Montlebon et Les Fins.” À Vil- lers-le-Lac par exemple, deuxiè- me commune du Val par son importance, “on compte envi- ron à l’heure actuelle 180 per- sonnes, enfants et parents, de nationalité turque. Sans comp- ter ceux qui ont été naturalisés” estime Bruno Kohler, l’élu char- gé des questions de population. Car parallèlement se renforce le mouvement de naturalisa- tion des Turcs installés sur le

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